L'écriture des premières pages m'a fait un vrai choc : très poétique, avec une structuration syntaxique hyper travaillée, je me suis dit, "quel bijou !". Mais l'extrême homogénéité de l'ensemble pousse finalement à l'ennui : c'est un long monologue, un huis clos où deux personnages s'affrontent, s'aiment, se détestent, se cherchent, cohabitent dans les fluctuations émotionnelles dûes au passé et à la maladie qui prend de plus en plus de place. La narratrice souffre de carences affectives depuis toujours, sa mère, mariée en hâte avant d'immigrer en France, n'a jamais voulu d'elle. de ses racines italiennes, de cette vie passée, Ariane se sait rien : quelques prénoms peut être, Alba la mystérieuse, Gianni... Elle cherche une reconnaissance pour pouvoir enfin démarrer sa vie, que sa mère la regarde, la prenne dans ses bras, enfin, lui dise qu'elle l'aime. L'état de sa mère se dégrade : Ariane fait au mieux pour la maintenir à domicile, jusqu'au moment où il faut se résoudre à la mettre en ehpad. Mais ce qui s'y passe (vols, maltraitance) la pousse finalement à reprendre sa mère et à partir à la découverte de ce passé enfoui, puisque la maladie d'Alzheimer a le mérite de faire des tranches du passé sans les filtres sociaux que sa mère s'était jusque là imposé. C'est donc l'histoire d'une lente descente aux enfers, pour l'une comme pour l'autre, jusqu'à la fin attendue (mais qui arrive à être poétique elle aussi !). Aparté, c'est la toute première fois que ça m'arrive d'être choquée en lisant un livre, vraiment choquée, devant quelque chose que fait Ariane à sa mère, - et que je ne dirai pas ;-).
Remarque : tous les livres que je lis et qui ont pour thématique alzheimer ne parlent que de femmes atteintes... Par exemple, le dernier, "
La nuit introuvable" de
Gabrielle Tuloup, raconte, même thématique, l'histoire d'un fils qui va partir à la rencontre de sa mère alors qu'elle est au point final de sa maladie (et il est dans la même recherche d'amour qu'Ariane dans celui-ci). Les hommes y échappent-ils, à Alzheimer ???