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Citations sur Consolée (82)

Quand on émigre, les visages changent, les paysages sont remplacés par d'autres, les goûts se transforment mais on oublie souvent de dire combien les sons aussi nous perdent, nous devons fermer le rideau ondulant des voyelles et apprendre à grimper sur un mur de consonnes gutturales et, en passant de l'un à l'autre, nous nous trouvons affublées d'un boitement disgracieux qui s'incrustera durablement dans notre prononciation d'exilées.
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Laisse les Blancs se battre entre eux, nous serons toujours des intrus à leurs yeux. Aujourd'hui le frère riche écrase le frère pauvre mais sache que si demain un étranger rentre dans la danse, les anciens ennemis sauront s'unir contre lui. Le colon a su semer la zizanie entre nous pendant des siècles, exploitant avec succès les vieilles velléités entre les Peuls, les Wolofs et les Sérères mais jamais il ne laissera un Noir participer à ses propres disputes familiales.
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La rosée.
C'est l'élégance de l'amant qui part sans bruit, effleurant d'une caresse le front de l'endormie, ce que l'ombre laisse au jour naissant. Une promesse de retour.
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Elle aurait voulu elle aussi pouvoir changer de couleur, prendre la teinte des autres membres de la famille, elle aurait voulu y plonger ses cheveux de paille trop clairs que les enfants de la colline tiraient avec malice quand elle tombait entre leurs mains curieuses. Elle rêvait d'indifférence.
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Les portions qu’on leur donne sont trop petites, la direction a réduit le budget des cuisines ces derniers mois pour faire des économies. Les pauvres vieux-là n’ont plus d’autre plaisir que celui de la nourriture et même ça on le leur retire. On dit aux familles que leurs parents ont perdu l’appétit et on leur fait prescrire des compléments nutritionnels remboursés par la Sécu. Les familles voient un joli menu varié toutes les semaines mais n’ont pas idée de la quantité dans les assiettes.
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La rosée.

C'est l'élégance de l'amant qui part sans bruit, effleurant d'une caresse le front de l'endormie, ce que l'ombre laisse au jour naissant. Une promesse de retour.
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Comment est-ce possible de parler aveuglément une langue sans la questionner, sans la libérer des démons du passé ?
Comment est-ce possible que le mot "colonial" soit toujours autant prisé dans notre pays, qu'une entreprise vende des meubles sous le sigle de "Maison Coloniale", qu'il existe une marque de thés qui s'appelle "Compagnie Coloniale" ?
Je lui raconte la fois où sa tante Maguette m'en avait acheté à l'aéroport et me l'avait offerte en riant ; Vous vivez encore dans une certaine nostalgue ici on dirait !" Avant de préciser : "J'ai hésité entre une thé noir et un thé blanc..." ménageant son suspense pendant que je déballais la boîte... Elle avait choisi un thé vert. Tu sais ce qu'elle m'avait expliqué : "C'est le thé de l'avenir, chérie, Mars et les Martiens vont bientôt venir vous couvrir des bienfaits de leur civilisation, dèh !"
(pp.352-353)
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Sakabaka viendra te rendre visite pour moi, il reviendra tous les ans et même si tu pars plus loin que Save, si un jour tu prends le bateau pour le pays des Blancs, tu sais bien qu'il va jusque là-bas pour y faire ses enfants tous les ans. Il sera mon messager.
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Et la beauté ?
Consolée rouvre les yeux, pupilles rétractées, cils immobiles.
Elle égrène les visions comme d’autres des perles de prière et le vieux traduit dans sa tête alourdie par la sagesse des ans :

La brume du matin.
Des voiles blancs qui flottent encore au-delà de la haie, s’accrochant parfois aux branches des arbres les plus hauts. C’est un drap si léger qu’elle s’imagine pouvoir le déchiqueter d’un souffle.

Les fleurs près de la porte.
Il y en a de trois sortes mais un seul mot pour les désigner.
Les rouges à jupe froufrou au duvet soyeux, les jaunes regorgeant d’un pistil farineux, tiges si frêles que la moindre brise les fait ployer, les blanches et
mauves aux pétales irréguliers, dents-ivoire cariées sans raison à moins qu’elles n’émettent spontanément un sucre incolore, ce qui expliquerait le ballet incessant des abeilles sur leurs têtes.
Les fleurs sont à cet âge-là une source permanente d’éblouissement.
Éclosion de sourires.

La rosée.
C’est l’élégance de l’amant qui part sans bruit, effleurant d’une caresse le front de l’endormie, ce que l’ombre laisse au jour naissant.
Une promesse de retour.
Le père de Consolée a-t-il laissé autre chose qu’une goutte d’enfant dans le ventre de la mère ? Il n’est jamais revenu.
Un citronnier pousse au milieu de la cour.
Ses feuilles vertes, comme les ailes d’un scarabée, brillent de mille reflets mordorés. Les perles de rosée s’évaporeront bien trop vite, fraîcheur envolée comme un anneau de fiançailles rompues.
Mais à cet instant, cette humidité scintillante dit tous les petits matins, tous les songes qui survivent à la nuit.

Le vieux imagine le spectacle que sa petite-fille et lui-même offrent en ce jour d’été : nous sommes le beau et le bon, deux âmes qui se consolent mutuellement d’être déjà ou encore là.
À l’aube et au crépuscule de la vie, la même fragilité irisée.
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Je dis qu’il y a celles qui partent au combat comme ma fille et celles qui doivent accueillir les rêves brisés.
Une armée muette de parents qui ont tout sacrifié pour la génération suivante, et qui la voit sombrer sous ses yeux.

Ce que l’exil a fait d’eux.
Le médecin devenu aide-soignant, le mathématicien conduisant un taxi, le mécanicien faisant la plonge, et le silence devenait la loi
Sauf au bar-pays où on buvait sa chiche paye le samedi en refaisant la révolution pour une capitale où on ne retournerait sans doute jamais même si on se l’était promis, à la retraite on irait.
En attendant ici profil bas les enfants iront à l’école de Lafrance, on les voyait peu, le travail pour les gens comme eux c’était trop tôt ou trop tard, et à force de labeur, envoyer aussi de l’argent au pays, le temps passait, les enfants avaient grandi, le corps était
fourbu, les rêves enterrés.
Pour la nouvelle génération, ça n’était plus le contremaître mais le flic qui faisait trembler et trop souvent au bout se trouvait la prison. Une honte qui n’avait pas de nom.
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