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Critique de Pasoa


Pasoa
09 février 2021
"D'une fleur cueillie à l'autre offerte
l'inexprimable rien"
C'est par ce court et très beau poème ("Toujours") que s'ouvre "La vie d'un homme" (Vita di un uomo), recueil de Giuseppe Ungaretti regroupant des textes parus entre 1914 et 1970.
Fondateur aux côtés d'Eugenio Montale et de Salvatore Quasimodo de l'école hermétique italienne, Ungaretti a toujours promu une poésie qu'il voulait sans rythme ni rime, non conventionnelle. Dans tout son parcours littéraire, il a défendu une écriture intimiste et sensible. Il perdit un enfant, terrible épreuve dont il ne se remis jamais et qui donna à son écriture un ton très douloureux, puis un élan mystique pour aboutir enfin à une phase de résignation. Cette dernière période qui coïncidera avec sa vieillesse donnera de magnifiques poèmes, pleins de maturité. Son écriture fut également inspirée par la vie quotidienne et les vicissitudes de son époque (les deux guerres mondiales, le nationalisme). Malgré cela, il a toujours voulu la tourner vers l'humain et surtout vers l'espoir.

Le poète se définissait souvent lui-même comme un "girovango", un nomade. Sa poésie tend pourtant à une recherche d'attachement, à un sentiment très fort d'unité, à une recherche ininterrompue de sens. Qu'elle soit dépouillée jusqu'à l'extrême (je pense ici aux deux magnifiques vers "M'illumino d'immenso" - Je m'illumine d'infini) ou dans des textes plus longs, sa poésie atteint toujours une vérité, un sentiment de pureté. Elle se déploie, se fait sens puis plénitude absolue, dans un style toujours allusif, tout en retenue, que l'on dirait minimaliste.

"La vie d'un homme" est un chemin que j'aime souvent emprunter. Il y a dans les poèmes de Giuseppe Ungaretti une grâce, une humilité et une ineffable beauté que le temps et mes différentes relectures (ce recueil m'accompagne depuis de très nombreuses années) n'ont jamais altéré.
À signaler la remarquable traduction des textes par Jean Lescure et Philippe Jaccottet.
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