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Critique de Eric75


Découvert récemment en France, l'auteur de polars australiens Arthur Upfield (1890-1964) est un écrivain de la première moitié du XXème siècle, ce qui le situe dans la génération des Agatha Christie et des Maurice Leblanc plutôt que dans celle d'un Tony Hillermann, auquel il est souvent comparé, en tant que précurseur du « polar ethnologique ». Son héros est un métis d'origine aborigène par sa mère, qui porte le doux nom – assez difficile à porter, mais pas pour lui apparemment – de Napoléon Bonaparte, dit « Bony ».
Il en résulte pour L'empreinte du diable (The Devil's Steps, 1946), et sans doute également pour les autres romans de la série, une ambiance légèrement désuète, quelques situations convenues, une intrigue sans réelle surprise, qu'arrivent cependant à faire oublier l'intervention de personnages originaux et l'exotisme des décors.
Dans ce roman, les gangsters avancent l'arme au poing, afin d'être plus persuasifs, et masqués, afin qu'on ne les reconnaisse pas (l'assassin étant caché parmi les suspects, il lui suffit d'utiliser un déguisement pour passer inaperçu), le relevé des indices est effectué d'un simple coup d'oeil, en observant les traces de pas dans l'herbe et dans la terre, ou en élaborant des moulages en plâtre en guise de portraits-robots (inutile donc, de recourir aux empreintes digitales, le concept de police scientifique semble être plus que balbutiant en Australie dans les années 40).
Bony passe des vacances reposantes au Chalet du Panorama, pension fréquentée par quelques touristes et tenue par la troublante Mlle Jade. Après la découverte d'un crime, Bony se propose d'intervenir à titre officieux (mais était-il vraiment là par hasard ?) pour aider la police locale à résoudre une affaire qui s'avère complexe, mêlant espionnage, meurtre d'un policier et traque d'un ennemi public numéro un.
Un inconnu chaussant du 46 a piétiné ostensiblement la pelouse de Mlle Jade alors que les policiers chargés de l'enquête, eux, piétinent sur place. Bony observe le tout, garde ses réflexions pour lui, et avance à petits pas. Il parviendra à démêler les fils de l'enquête et ne dévoilera sa théorie qu'à la fin, très satisfait de son petit effet, en dénonçant un coupable que rien ne désigne, tel Hercule Poirot abattant ses cartes dans l'explication finale.
L'intrigue révélée est bien plus complexe que ce que les maigres indices avaient pu laisser entrevoir au départ, donnant l'impression d'une certaine paresse dans la construction du roman. Des indications essentielles, délivrées d'un seul tenant et trop tardivement, auraient pu être habilement disséminées tout au long du récit, pour équilibrer le roman et susciter davantage la curiosité du lecteur.
Mais ne jetons pas le Bony avec l'eau du bain. Les aventures de ce Napoléon Bonaparte du bush australien se poursuivant dans une trentaine de romans, d'autres batailles seront à mener pour voir si le style de l'auteur empire (ou pas).
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