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Citations sur L'hôtel (24)

Il est malvenu qu"un adulte accompli soit malheureux. Se plaindre trop souvent n'est pas permis. Bien entendu, les grandes tragédies de la vie... donnent le droit de se montrer faible, de s'effondrer pour un temps. D'abandonner son travail, de cesser de se regarder dans une glace et de sortir de chez soi. De pleurer dans les bras de ses amis ou de repousser leurs attentions opiniâtres. Il convient toutefois de ne pas oublier que même une douleur aiguë à une date de péremption qu'il est impoli de dépasser.

Quant à importuner les autres avec des échecs ordinaires, c'est tout à fait impardonnable. Le point auquel tu te trouves au milieu de ta vie relève de ton propre choix. À cet âge-là, ton malheur n'a plus d'excuses. De toute évidence, tu es juste faible, méchant stupide. Tu l'as mérité ou tu l'as cherché. D'une manière ou d'une autre, tu es une cigale sans cervelle ayant chanté tout l'été. Bonne pour le rébus, superflue. Les fourmis prospères ne auraient te prendre trop longtemps en pitié : elles n'en ont pas le temps.
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En cette heure matinale, neuf personnes... vaincu[e]s par le sommeil, gisent immobiles dans leur lit...Ils sont paisibles. Tous aussi innocents les uns que les autres, du moins jusqu'à ce qu'ils se réveillent, car tant que nous dormons, ne reste plus sur la terre que notre corps déserté, lequel est en soi innocent. Neuf êtres blancs comme neige, et un dixième corps, lui aussi abandonné, mais pour toujours celui-là, sur des rochers noirs et glacés. Brisé, perforé, figé, ce corps est plus tranquille que les autres. Il n'a pas besoin de respirer, de faire pulser son sang épais à travers ses veines, de sentir le froid ou la chaleur, de changer de position ; il ne lui reste qu' un ultime problème à résoudre : attendre qu'on le trouve. Mais il est patient... Les âmes des dormeurs amorcent leur retour...
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Personne ne vous aime. Vous ne le méritez pas. J'ai vécu chez vous, poursuit-il. J'ai vu comment vous vivez. Vous êtes négligents, vous ne prenez soin de rien. Vous êtes des barbares. Vous avez détruit votre pays et failli venir à bout du nôtre, mais nous avons repris à temps les choses en main. Nous ne vous appartenons plus: encore cinquante ans et nous finirons par vous oublier. Il ne restera bientôt plus personne qui ait appris votre langue à l'école. Plus personne qui ait enduré votre occupation. Vous ne serez plus pour nous que des touristes grossiers et désagréables. Des Chinois. L'Europe est bien plus ancienne que vous. Elle vous survivra, ce n'est pas plus compliqué que ça. C'est déjà fait, de toute façon.
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L'amitié ne présuppose aucun aveuglément, au contraire. Son essence, son sens même resident dans le fait que, parmi une multitude de gens très différents, nous en choisissons quelques-uns. Peu nombreux. Très souvent de façon aléatoire.

Après quoi nous commençons à les aimer et à les accepter les yeux ouverts, sans nous faire d'illusions, juste en échange du fait qu'il nous connaissent et pardonnent nos faiblesses et nos imperfections. Nos bizarreries et nos péchés.

Si nous ne soumettons pas l'amitié à des épreuves inutiles, si nous n'en exigeons pas d'éclatants sacrifices, si nous ne chargeons pas trop la mule, n'attendons pas trop, ne poussons pas le bouchon trop loin, et ne cherchons pas la petite bête, si nous louons sans être jaloux et ne faisons pas preuve d'ingérence dans les affaires de nos amis sans qu'ils nous l'aient demandé, si nous avons de la chance et qu'aucune catastrophe ne se produit, alors nous pouvons voguer pendant des années dans la même direction, côte à côte, au gré des flots, nous approchant ou nous éloignant, mais sans jamais nous quitter longtemps. En éprouvant de la tendresse, une parenté d'âme, une filiation et allez savoir quoi encore...
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L'Hôtel, massif, imposant, est allongé sur le flanc tel un poisson somnolent, ses fenêtres tournées vers le ciel. Si on découpait son toit, on pourrait voir dans les chambres du premier étage, comme à l'intérieur des alvéoles d'une ruche, tous ceux qui vont y passer la nuit.
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Contrairement à d'habitude, la chaleur mordorée de Lisa, l'énergique méchanceté de Tania, la tendresse sentimentale de Macha et même le charisme despotique et invincible de Sonia s'éparpillaient dans tous les sens, dépourvus de leur effet magique. Lora avait eu bien tort, en novice qu'elle était, de continuer à les considérer comme un tout, un morceau d'ambre impénétrable, sous prétexte qu'ils se réunissaient pour la millième fois, - aujourd'hui, ça n'était pas vrai. Une méchante fissure était apparue, entaillant et brisant le lien clair et familier qui les réunissait depuis vingt ans.
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Vous venez ici comme si vous étiez chez vous. Vous vous comportez comme si nous étions toujours votre misérable colonie. Vous êtes sûrs que nous comprenons votre langue, mais vous vous moquez de nous sans baisser la voix. Vous déambulez dans nos rues, vous vivez dans nos hôtels, vous vous achetez des maisons ici et vous salopez tout, vous faites du boucan et vous buvez. Tout ce que vous touchez se dégrade. Il n'y a qu'à voir ce que vous avez fait de cette villa, poursuit-il. Comment vous l'avez transformée, en quelques jours seulement. Vous avez laissé traîner de la vaisselle sale dans le pavillon. Vous avez fumé dans toutes les pièces, alors que le règlement stipule qu'il est interdit de fumer. Vous avez abîmé le tapis de la salle à manger et brûlé la nappe.
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Solliciter ou mériter le génie est impossible. L'obtenir est exclu. le génie frappe au hasard depuis le ciel, sans viser. il contamine avec aussi peu de discernement qu'un virus. Le contact du doigt divin laisse un endroit humide à la place de l'homme ordinaire, vain et mortel.

Seuls les vases tordus dès le départ et insuffisamment cuits sont capables de vivre longtemps avec un talent inhumain et, ce faisant, de ne pas devenir sourds, fous ou de mourir prématurément. Pour se déployer comme il faut à l'intérieur du corps humain si imparfait, il a besoin de vide. D'un endroit inoccupé. Comme tout parasite, le génie qui colonise un humain poursuit un but simple et nettement défini - survivre et se multiplier, sans tuer son hôte si possible.

Aussi se met-il à lui dicter ses volontés. À libérer de l'espace. Pas d'amour, de réflexion ou de honte, le génie exige de son hôte qu'il serve sa grande mission de manière inconditionnelle. Il ne supporte tout simplement pas la moindre distraction de sa part.

Par conséquent, s'il atteint l'âge mûr, un homme possédé par le génie est toujours un monstre. Un sociopathe.
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Seuls les mâles sont capables de tuer leur petit de sang-froid. Les femelles sont fortement entravées par leurs instincts.. Un mâle sauvage attrape la tête de son petit entre ses dents, la secoue et lui brise le cou.

Dans la société civilisée, pour tuer son petit, un mâle peut se borner à faire ceci : il chuchote l'oreille de sa mère qu'elle ne doit pas compter sur lui. Ensuite, tout dépend bien sûr de la femme...
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L’hôtel s’est animé pour un temps, tel un patient à l’agonie après une piqure d’adrénaline – mais cette vie est condamnée et vouée à une mort imminente.
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