Chronique qui pique…
Ce qui va suivre a mûri tout au long de ma lecture. Je n'avais pas retenu ce roman dans ma sélection. Dès les dix premières pages, je savais que nous n'étions pas fait pour nous entendre et cet avis s'est confirmé au cours d'une semaine de lecture laborieuse.
Le sujet traité m'intéressait, fervente défenderesse du mariage pour tous, j'étais curieuse de voir comment Laurine allait insérer son message dans son intrigue. le hic, et c'est ce qui a consommé mon divorce avec ce livre, c'est que Laurine qui voulait faire preuve de réalisme, tout en écrivant une fiction, a fait d'énormes incohérences policières. Alors je sais, vous allez me dire c'est de l'imaginaire, que je suis chiante avec ce genre de choses sauf que, en postface l'auteur mentionne sa volonté de réalisme mais aussi, dans sa bio, qu'elle a travaillé en commissariat. Alors oui, j'ai été chiante parce que je pense qu'ayant travaillé au sein de nos institutions, ces erreurs, qui ne sont pas des détails, n'auraient pas dû exister.
Alors les détails, parlons-en. Pour s'insérer dans cette réalité souhaitée, Laurine nous en donne beaucoup… trop… et ils sont souvent faux: jamais un élève gardien de la paix taperait dans le dos un officier en le tutoyant, ils ne passent pas des mois de stage dans le même service et surtout pas en PJ, la gendarmerie n'est pas compétente à Joinville-le-Pont, en flag c'est le proc qui dirige l'enquête, on ne fait pas de menace à un Préfet de Police etc… etc… Ayant travaillé chez nous, je regrette que l'auteur ne se soit pas tourné vers des collègues pour s'assurer de ces aspects techniques. Si on les enlève tous, le livre est réduit d'un tiers, et l'histoire se tient quand même, et ce sans difficultés. Elle gagnerait même en intensité. La foultitude d'éléments casse le rythme et j'avoue que je n'ai jamais pu entrer pleinement dans l'histoire.
Autre point qui m'a fait bondir, j'ai eu le sentiment que la majorité des policiers étaient des fachos homophobes. Je sais bien que ce sentiment est sans doute lié à la manière dont j'ai lu le roman, avec mon regard policier, mais ça m'a blessé. Les homophobes chez nous existent oui, comme partout, mais ils se font discrets. Il existe dans notre institution une association, Flag, qui passe dans les écoles de police pour sensibiliser les futurs policiers. Si nous avons eu nos heures sombres, notre métier a beaucoup changé et les mentalités aussi.
Comme je le dis souvent, l'imaginaire n'a pas de comptes à rendre au réel, toutefois, Laurine a affiché cette volonté de réalité mais elle est passée à côté.
Connaissant l'auteur, je vous assure qu'écrire cette chronique m'est difficile, mais je me suis engagée en tant que jury du PAI, j'avais le devoir de lire le roman en entier et de donner un avis objectif.
De part les écueils cités supra, je suis totalement passée à côté de l'intrigue. Pour autant, Laurine a un vrai potentiel d'écriture. La plume est belle, soutenue (parfois trop au regard de l'histoire et du milieu choisi). Pas de faute de langage, syntaxe ou autre, bien au contraire.
Je pense que c'est un roman qui mériterait vraiment d'être retravaillé sur les aspects que j'ai évoqué, il gagnerait en puissance et aurait ce côté réaliste recherché par l'auteur.
Même si mon avis sur ce roman est dur, j'espère lire à nouveau Laurine, parce que vu son jeune âge et la qualité de plume, je pense qu'elle a un potentiel qui ne demande qu'à se révéler.
Si comme moi, vous êtes très pointilleux sur les aspects policier et le réel, vous risquez d'être déçus. A contrario, si cela ne vous dérange pas, pourquoi pas…
Pour rappel, ce roman de Laurine Valenher, publié le 17 mai 2019, a été lu dans le cadre du PAI 2019.
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