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Critique de karmax211


Tout le monde connaît cette fable allégorique de Schopenhauer sur les porcs-épics comme symbole du "c'est bon de vivre ensemble... mais à distance..."
Je la copie-colle pour celles et ceux qui l'auraient oubliée ou n'en auraient jamais entendu parler.

« Par une froide journée d'hiver un troupeau de porcs-épics s'était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s'écarter les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu'ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu'à ce qu'ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur vie intérieure, pousse les hommes les uns vers les autres; mais leurs nombreuses manières d'être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu'ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c'est la politesse et les belles manières. En Angleterre on crie à celui qui ne se tient pas à cette distance : Keep your distance ! Par ce moyen le besoin de se réchauffer n'est, à la vérité, satisfait qu'à moitié, mais, en revanche, on ne ressent pas la blessure des piquants. Cependant celui qui possède assez de chaleur intérieure propre préfère rester en dehors de la société pour ne pas éprouver de désagréments, ni en causer »
(Schopenhauer)

Ainsi donc en va-t-il de la vie en société et ce qu'on a pu inventer de pire pour la traduire : le voisinage.

L'humour, l'art en général et la littérature, le théâtre et le cinéma en particulier se sont allègrement emparés de ce thème à nul autre comparable.
Il y a longtemps Marc Aurèle s'exprimait sur ces "êtres" qu'on appelle les voisins, je suppose qu'il en était de même au temps des rois fainéants ou à la cour de Louis XIV. En tout cas, Voltaire, Rousseau,Flaubert, Austen, Hugo et tant d'autres ne s'en sont pas privés.

Parmi les meilleurs mots sur les voisins, j'aime ceux de Paul Valéry :
“L'existence des voisins est la seule défense des nations contre une perpétuelle guerre civile.”
J'aime ceux d'Alphonse Karr :
“N'ayez pas de voisins si vous voulez vivre en paix avec eux.”
Ou plus solennels et sentencieux de Dostoïevski :
“Il existe une loi politique et peut-être naturelle qui exige que deux voisins forts et proches, quelle que soit leur mutuelle amitié au début, finissent toujours par en venir à un désir d'extermination réciproque.”

En tapant ces quelques mots, je pense à tous mes voisins avec lesquels je suis fâché ou qui sont tous fâchés avec moi et comble de l'ironie, qui sont tous fâchés les uns avec les autres.

En me baladant ce matin parmi les rayonnages de ma bibliothèque, je suis tombé sur cette BD ( qui doit y séjourner depuis des lustres ) et l'envie m'est venue de l'ouvrir.

Je n'avais jamais entendu parler de VDM ( Vie de Merde ), une collection sur différents thèmes traités par un collectif de dessinateurs et de scénaristes.
Et fait exprès (?), l'album et le numéro que j'avais entre les mains avait pour titre - VDM les voisins -.

Un passage en revue de diverses situations de voisinage que chacun a possiblement vécues, vivra probablement ou appartiennent à la panoplie de nos connaissances qui nous les ont racontées.
C'est drôle, ça détend.
Le graphisme est top.
Les dialogues sont l'émanation du coin du bon sens, précis et pleins d'esprit.
Ça ne se prend pas au sérieux...c'est juste fait pour faire du bien et ça le fait !

Il y a quelques planches désopilantes et le tandem Pierre Waltch pour le dessin et Curt Ridel pour l'écriture est parfaitement complémentaire.
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