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Critique de elitiatopia


J'aime beaucoup Maurice Genevoix pour des romans comme La Dernière harde ou Raboliot, ou encore la série Ceux de 14. Il a un style puissant, nourri d'observation de la nature, qui n'a pas vieilli. J'ai lu avec le plus grand plaisir cette broderie autour des écrits disparates du Roman de Renart médiéval.

L'auteur a fait le choix judicieux de réorganiser les épisodes du Roman en trois parties : les enfances de Renard - Les gabets de Maître Renard - le plaid Renard. Dans la première, Renard, jeune goupil mais déjà papa, déploie ses efforts pour nourrir sa famille, mais doit souvent repartir bredouille, trompé, moqué par des ennemis plus forts que lui, ou dont il n'a pas encore éventé la ruse. Dans le second, il se venge, rend dent pour dent, et gabe ses ennemis - c'est-à-dire moquer, railler, en langage médiéval. Renard fraye aussi bien avec Ysengrin le loup, Tybert le chat sauvage, que les hommes, le fermier ou vilain Constant Desnoix, ou encore Lanfroi le forestier (un homme bon, qui apprécie le goupil à sa juste valeur). A tous il joue des tours pendables, et souvent leur fait perdre une partie de leur personne, comme leur queue. Ce faisant, il prend de l'assurance jusqu'à une certaine forme de démesure, exaspérant contre lui la faune des forêts. Dans la troisième partie, Renard doit se défendre (plaider) devant le roi Noble (le lion, bien sûr), puis affronter Ysengrin en combat singulier. Cet ordre du récit donne une unité et un sens aux actions de Renard : c'est un roman d'apprentissage en bonne et due forme, dans lequel ce petit animal vif et intelligent apprend, grandit et mûrit, pour découvrir l'espace de sa propre liberté, au sein de la forêt qu'il aime, et de son domaine, Maupertuis.

Les aventures sont racontées d'une manière saisissante de vérité, de vie naturelle : Genevoix est un auteur qui choisira toujours le nom juste pour les créatures des bois, leurs couleurs, leurs cris - pas de longues descriptions, mais des notations visuelles, auditives ou olfactives qui transportent le lecteur dans un univers sensible, où des drames se jouent, mais aussi des moments plaisants. Nous y voyons également se dérouler la vie paysanne d'autrefois, en des lieux différents mais très bien typés. Des scènes fortes ponctuent le roman, scènes de chasse où Renard échappe de peu aux dents de la meute, grande scène d'inondation de printemps, scène du procès digne du Roi Lion, et bien sûr du combat à mort entre le loup et le goupil.

Le tout est évoqué dans une langue d'apparence médiévale, facile à lire toutefois, et parfaite quant au style. Je regrette seulement que Genevoix n'ait pas joué le jeu jusqu'au bout, et qu'il ait introduit la modernité à partir des toutes dernières scènes, alors que tout semblait jusque-là se dérouler au Moyen Age.

Un livre à recommander aux amoureux de la nature et de la vie sauvage.
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