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EAN : 9782080646637
217 pages
Flammarion (08/01/1992)
4.23/5   81 notes
Résumé :
Dans la forêt qui vit et change suivant les saisons, la harde jouit d'un bonheur précaire.
Les vieux mâles poursuivis sont habiles à dépister les chasseurs, et, lorsqu'ils se sentent traqués, à déharder un daguet qui sera la victime. Cependant, un à un, ils disparaissent....
Pour le Rouge aussi, bête magnifique, dix-cors roi de la forêt - dont nous suivons avec émotion la vie au cours de ce livre - le tragique hallali sonnera-t-il ? Et les biches demeu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un huis clos !

C'est ainsi que je qualifierais ce magnifique roman de Maurice Genevoix qui prend pour décor la forêt, et pour sujet la chasse.

L'histoire d'un Cerf majestueux, le Rouge, qui devient le chef de la harde, et l'étrange fascination qu'il exerce sur un autre solitaire de la forêt, le piqueux, La Futaie, dans un face à face d'amour et de mort. Cette fascination réciproque est présente, du début à la fin d'une vie, du début à la fin de ce roman..
Leur histoire est faîte de rencontres successives, dès le début de ce roman, regards qui se croisent, souvenir fixé, désir qui progressivement s'installe, des regards qui se cherchent et " des caresses lentement appuyées " lors de la captivité de " le Rouge ". Puis l'attente des rencontres et ce désir toujours repoussé l'affrontement final lors de la chasse à courre. le tout alimenté d'attentes, de rencontres calculées, de jalousie, de dérobades. Curieux sentiment qui fait de l'homme davantage un homme, du cerf d'avantage un cerf : " et petit à petit on dit des choses qui sont au fond de soi, des choses profondes et vraies que l'on dirait pas aux hommes " mais que l'on peut dire à un grand cerf comme " le Rouge ".
N'oublions pas la forêt qui est le premier et le dernier personnage de cette histoire.

Afin de pouvoir prendre le plus de plaisir possible, " La Dernière Harde " est à consommer avec modération lors de sa lecture, de façon à savourer toutes les sonorités, les images, sans oublier toutes les idées évoquées.

Qualifier ce roman de " Roman régionaliste " est pour moi faire preuve d'un grand manque de discernement.
Nous sommes en présence d'un roman d'une grande profondeur humaine.

" La Dernière Harde " est " le " roman de Maurice Genevoix à lire en premier pour découvrir ce grand auteur.


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Est-ce un roman ou une poésie? le doute est permis tant l'écriture est magnifique. D'ailleurs est-ce encore de l'écriture? Les mots se confondent avec les sons, les humeurs, les couleurs, les impressions. On se laisse bercer par la fraicheur des nuits d'été, la rudesse des hivers. On vit la forêt comme si nous en pénétrions le coeur, mieux, les secrets les plus intimes. Il y a ce cerf, le Rouge, et tous les autres aussi, que la connerie humaine fait disparaître peu à peu jusqu'au dernier! Si ce livre est d'une grande beauté, il est aussi un drame, celui de l'obsession de la possession qui pousse jusqu'à tuer le dernier Cerf de la harde. La chasse est menée jusqu'à sa plus absurde logique, jusqu'à la déraison le plus insane. Moi même chasseur il y a encore quelque années, je n'ai jamais compris l'acharnement à traquer et tuer jusqu'au dernier animal. Il y a un équilibre à conserver, une sagesse à préserver le capital cynégétique, mais ce bon sens est hélas absent de trop nombreux pratiquants, c'est ce qui m'a fait renoncer à cette pratique. Ce livre est l'exemple même de cet excès, de cette folie. la Foret devient muette, entre les faons pillés par le braconnier et le dernier mâle tué, il n'y a plus la place que pour le silence... et la désolation...
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Voici la belle histoire d'un cerf rouge. le Rouge. Ce daguet orphelin né dans l'enceinte des Orfosses Mouillées est devenu un splendide dix cors, où il passe pour « l'esprit des bois » et fascine ses habitants, hommes et bêtes.

Au coeur de cette histoire Genevoix nous décrit la relation entre le Rouge et la Futaie, le piqueux d'un équipage de chasse à courre, pour qui le dix cors est devenu une obsession ; l'animal ultime, celui qu'on ne chasse qu'une fois dans sa vie. Une quête d'absolu.

Maurice Genevoix n'est pas encore secrétaire perpétuel de l'Académie Française quand il publie La dernière harde (1938). Mais il est déjà connu pour ses écrits sur la guerre (cinq livres qui seront regroupés en 1950 sous le titre Ceux de 14) et pour Raboliot qui lui apportera le prix Goncourt en 1925.

C'est de la belle écriture. Une poésie constante mais qui ne fait aucune concession à l'âpreté de la nature. Sa beauté paisible, celle des écharpes de brouillard sur l'étang à l'aube, quand l'écorce des arbres grincent sous la froidure hivernale. Une beauté qui ne permet aucunement d'oublier la loi féroce de la prédation.

Maurice Genevoix décrit avec acuité et précision les multiples dangers que la harde de biches et de cerfs traversent à travers le cycle des années : les luttes de territoire avec les chevreuils ; les voisins brutaux que sont les sangliers ; les pièges sournois du Tueur, ce braconnier qui restera marqué à vie par une lutte avec le Pigache, un sanglier redoutable ; les chasses à courre qui déciment les mâles de la harde.

Quand retentit la trompe, les cerfs déploient pour survivre des stratégies où l'innocent a peu de chance d'en réchapper. Malheur à celui qui sera trop lent à comprendre, trop docile ou trop faible. La nature est belle, mais elle a ses lois. Et elles sont impitoyables.

A lire comme un poème en prose. Mais aussi comme un roman d'action dont l'écriture est très moderne.

Un lexique de la chasse et de la vénerie complète en fin d'ouvrage fort utilement ce livre.

La dernière harde est à mettre en toute les mains : celles des amateurs de nature comme celles des urbains qui ne connaissent pas les halètements des chiens, le brame dans la nuit ou « le cri rouillé du coq faisan ». L'aventure est proche, elle a l'odeur de l'humus et de l'herbe foulée.

T. Sandorf
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Esthétisme cynégétique.
Quels fourmillements dans les mains, les jambes, dans l'esprit, que la lecture de ce livre épique.
L'esthétisme des phrases, où s'entremêlent les mots plus savoureux les uns que les autres : hallali, volcelest, rembucher et tant d'autres. On suit les fuites en avant du gibier, les sangliers, les cerfs, la harde en déroute, les branches basses cinglent nos jambes. le souffle court par la déroute face à la meute déchaînée de chiens que les meneurs excitent et incitent à la capture. La beauté de la forêt, la cathédrale végétale ou évoluent la harde, et l'animal royal le cerf rouge, sacré& par l'homme, dont les aventures passionent le lecteur. Son enfance, sa captivité, sa chasse avec l'héroisme et l'intelligence de son être sauvage. Un livre païen dans son ode à la forêt gauloise, les hommes-chasseurs vivent à l'orée, les seuls humains qui travaillent la terre sont relégués au delà de la frontière de ronces et d'humus, ils cultivent le blé dans la plaine, se sont des hommes civilisés. Les chasseurs vivent à même la paille, s'éclairent à la bougie, vivent pour la chasse, en symbiose, amoureusement mêlés avec leurs chiens. Roman de chasse, mais où le sang est absent, pas de carnage sanguinolant, sauf à deux ou trois reprises, le but n'est pas là. L'ultime moment, se passe dans le regard que la bête et l'homme échangent. Il me revient, toute proportion gardée cette chanson de Michel Delpech, " le Chasseur" et cette phrase " Avec mon fusil à la main, au fond de moi je me sentais un peu coupable ".


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Un des plus beaux textes de la langue française que j'ai lu de toute ma vie. Un émerveillement pour les sens et aussi un étonnement devant le fait que cet auteur soit "passé de mode". Peut-être est-ce du au fait qu'il s'agisse de ce que l'on pourrait appeler un "roman lent", c'est-à-dire un ouvrage qu'il faut prendre le temps de lire, sans hâte, et dont il faut savourer les sonorités, les images, et les idées évoquées.

Il faut voir ce livre comme une allégorie de l'homme face à son destin. Il s'agit d'un récit initiatique, de la naissance jusqu'à la mort. A l'inverse du texte "Ceux de 14", l'auteur ne parle ni de tranchée ni de balles de fusil; il évoque plutôt la découverte du danger, puis l'oubli de celui-ci face à la beauté de la nature, les interrogations de chacun devant la mort. Ce qui revient au même en filigrane.

Une oeuvre dont on ne peut sans doute pas percevoir la profondeur à un jeune âge. "La dernière harde" est un chef d'oeuvre, très loin des critiques stupides qui le qualifient de roman régionaliste animalier. Au contraire: c'est un roman universel qui traite de ce qu'il y a de plus humain au fond de nous.
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critiques presse (1)
Actualitte
16 décembre 2019
La lecture de la Dernière Harde de Maurice Genevoix se savoure comme une gourmandise de saison. Nul besoin d’être passionné de chasse ou féru de vénerie pour partager la vie mouvementée et captivante de la harde des Orfosses.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Une abeille, deux abeilles, tout engourdies encore par leur long sommeil hivernal, remuaient doucement leurs ailes sur une branche où elles s'étaient posées. Ces ailes s'irisaient au soleil, vibraient soudain avec un fredon aigrelet, s'étiraient lentement sous la flèche d'un rayon plus chaud et recommençaient à vibrer. Elles disparurent soudain; mais ce bourdonnement allègre, de plus en plus vif et sonore, c'était leur vol qui tournait dans le bleu à la cime chevelue du saule, parmi les chatons fleuris
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Et bientôt, presque instantané, ce fut un silence saisissant, un dernier battement de rémiges, un dernier cri sifflant et doux. Le Rouge ne voyait pas les grands oiseaux couleur de lune ; mais tout le champ palpitait comme une voile, et la chaleur des voyageurs, apportée sur les vagues de lumière, poussait jusqu'à ses pieds de molles ondes inépuisables. Il se remit à frissonner. Et tout à coup, venu du fond de ses entrailles, lentement enflé à travers son corps, montant, irrépressible, de sa poitrine à sa gorge brûlante, son premier brame jaillit dans la nuit.
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Le Rouge s'est arrêté, debout. Il se retrouve, face à ses poursuivants ; il recule de quelques pas encore. Ses jambes flageolent, mais il reste debout, campé sur un rehaut du sol, un tas de mottes et de ramée qui semble une cabane éboulée. Derrière lui quelques grands ormes, sous le passage tranquille de la brise, balancent leurs branches imperceptiblement. Il n'a pas baissé sa ramure comme devant les abois d'une meute. S'il fait front, c'est la tête levée, les bois hauts, les jambes raidies, grand de toute sa taille devant cet homme et devant ce chien.
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Maintenant, toute la forêt vivait. Pour les hommes, c'était seulement le mois de mars, un temps d'éclaircies fugitives que coupaient de hargneuses giboulées. La bure des vieilles feuilles continuait à couvrir le sous-bois de sa grisaille éteinte et froide. Sous les fougères déchiquetées de l'automne, les crosses feutrées des jeunes pousses ne se montraient pas encore. Mais l'herbe des layons reverdissait de place en place, et les premières ficaires de l'année entrouvraient leurs corolles d'or luisant.
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Le brame s'est tu, le vent ne soulève plus les feuilles. Les biches attendent en frissonnant, toutes seules dans la forêt morte. La lune brille juste au-dessus d'elles.
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Videos de Maurice Genevoix (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Genevoix
https://www.laprocure.com/product/1049468/genevoix-maurice-rrou
Maurice Genevoix, illustrations Gérard Dubois rroû Éditions La Table ronde
« On craque pour ce livre illustré de rroû de Maurice Genevoix aux éditions La Table ronde. Une petite merveille illustrée par Gérard Dubois qui est multi-primé en tant que dessinateur pour le Newyorker et le New York Times entre autres. Évidemment, Maurice Genevoix, c'est celui qui a été connu et reconnu pour Ceux de quatorze où il décrivait ses blessures de guerre et la guerre en elle-même, qui est un texte majeur en littérature française, puis qui avait eu le prix Goncourt pour Raboliot. Et ce texte-là, magnifique, n'est pas seulement l'histoire d'un chat, c'est bien plus que ça... » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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