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Critique de Stockard


Malcolm X assassiné et Marcus Garvey exilé, il ne reste plus grand chose à quoi s'accrocher pour ceux qui trouvent que Martin Luther King, avec sa philosophie de désobéissance civile non-violente, a atteint ses limites. Parmi ceux-là, Huey P. Newton et Bobby Seale qui écument des organisations comme l'Afro American Association ou des groupes nationalistes noirs mais n'y trouvent jamais leur compte : trop de théorie, pas assez d'action car les Africains-Américains de Los Angeles, pendant ce temps, continuent à subir violence et arrestations arbitraires de la part du LAPD, police dont la réputation raciste n'est plus à démontrer au mitan des années 60. Alors que faire ? Eh bien, si le mouvement dont tu rêves n'existe pas, crée-le ! Et c'est ainsi que Newton & Seale posent les premiers jalons du bientôt célèbre Black Panther Party for Self-Defense. Entendons bien tout ce que contient ce "self-defense" : plus question de se laisser faire, d'accepter les abus au nom de gouvernements et de polices injustes... "Si tu me tires dessus, je te tire dessus". Tout est dit.
D'un programme en 10 points clair et lisible par tous, s'inspirant des théories de Frantz Fanon, de Malcolm X et de Mao, ils exposent les revendications d'un parti qui ne tardera pas à s'étendre nationalement, au grand dam de la bourgeoisie affolée.

En parallèle de sa campagne d'auto-défense, le Black Panther Party met en place un programme social aspirant à soutenir et aider la communauté noire (et souvent sans ressource) grâce à la distribution de petits-déjeuners pour les enfants, la prise en charge des personnes âgées et surtout la création d'une école visant à enseigner l'histoire afro-américaine trop souvent diffamée et galvaudée.
Bien que ce projet social ait été la ligne directrice du Parti, de celui-ci on ne retiendra que "une bande de jeunes Noirs armés et entraînés à la guérilla urbaine". Propagande négative largement véhiculée par un Edgar Hoover fumasse qui décide de reprendre le programme COINTELPRO (crée à la base pour enquêter sur le parti communiste) consistant à traquer, harceler, parasiter, faire naître la suspicion et parfois même (pourquoi se gêner ?) abattre certains membres trop menaçants avec pour malheureuse conclusion la dissolution du Parti des Panthères Noires en 1973.

Bien peu de littérature sur le sujet dans l'Hexagone, mais le livre de Tom van Eersel, heureusement, s'avère être un must. Précis, fouillé et parfaitement documenté, il nous donne à voir et comprendre les motivations de ces Panthères noires dont la plupart sont encore aujourd'hui soit exilés (Assata Shakur), soit emprisonnés (Mumia Abu-Jamal) soit morts (liste trop longue, disons juste qu'hormis Bobby Seale, il ne reste plus un seul des membres fondateurs du BPP) et, sans chercher à gommer les imperfections et mauvaises décisions dont il a pu faire preuve, nous livre la vérité sur ce qu'a été le Black Panther Party, le danger révolutionnaire qu'il a représenté, à en empêcher Nixon et Hoover de dormir (et déjà, rien que pour ça, respect !) et malheureusement la victoire de ses derniers dans le bras de fer entamé contre tous ces groupes de gauche, de pauvres ou de minorités (pour les plus connus : les Young Lords, les Young Patriots ou le Weather Underground) qui auraient bien pu faire éternuer le système mais les meurtres étant autorisés d'un côté et pas de l'autre, l'issue s'est avérée à chaque fois fatale.

A compléter avec l'excellent documentaire d'Agnès Varda pour approfondir ses connaissances sur ce mouvement bien trop souvent réduit à un groupe violent et raciste quand – et même s'ils prônaient l'auto-défense par les armes – les mots d'ordre furent avant tout : protéger, soigner et éduquer.
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