Bien sûr, il y a le film de
David Lynch, avec ses images expressionnistes, d'un autre temps, avec un incroyable John Hurt, une inoubliable
Anne Bancroft. Ensuite, j'ai lu en anglais la biographie de cet homme. À l'époque, prétendait la presse people,
Michael Jackson voulait acquérir son squelette qui n'était plus présenté au public. Aujourd'hui, en 2013, cette bande dessinée, clairement séparée en deux parties : le chapitre noir (enfance, adolescence et vie parmi les forains) ; le chapitre blanc (les dernières années).
À la lecture de ce livre merveilleusement construit, structuré par un découpage puissant et un dessin expressif, il m'est encore venu à l'esprit : « Qui est un monstre ? » Nous avons tous à l'esprit ce qui est hors normes, ce qui est différent et qui nous semble particulièrement insoutenable. Mais nous oublions trop facilement les simples d'esprit exilés, les enfants bossus abandonnés sur les parvis d'église, les vieilles femmes brulées vives, les noirs enchaînés, les homosexuels lapidés, les fous lobotomisés… le monstre n'est donc pas nécessairement celui qu'on pense. Sont probablement monstrueux ceux qui érigent en modèle leur propre vision (ou fantasme) d'un monde parfait. Ainsi Joseph Merrick avait une sensibilité, une intelligence et une curiosité intellectuelle, il avait une âme, diraient certains. Ce qui me fait penser à ce procès de la Controverse de Valladolid : les Indiens avaient-ils une âme ou non ? Pourquoi avons-nous cette tendance au rejet de ce qui est différent ? Je répondrais que, sans être paranoïaque, il faut seulement repousser les gens qui vous rejettent, ces personnes toxiques, celles qui se lèvent en censeurs, en moralisateurs, en chevaliers blancs. le chemin du bonheur en dépend…