La Brume attaque, corrompt, grignote tout sur son passage. Qui sait ce qui se passerait si nous commencions à en libérer encore davantage dans l'atmosphère ?
Quand l'obscurité vient, les monstres ne sont jamais loin !
Une beauté gâchée, avilie, souillée par la Brume et son appétit sans fin. J’ai la sensation d’un immense gâchis, d’une perte que rien ne pourra jamais combler.
Mais il faut que je l’écrive. Que je me sente vivant pour une fois depuis tout ce qui c’est passé. Je l’écris pour moi-même. Je n’ai plus personne à qui l’envoyer.
Ce que la Brume prend, elle ne le rend jamais.
Toute magie engendre la Brume. C’est une loi immuable de Mitar. Dans les premiers temps personne ne se souciait vraiment de ce déchet évanescent, rejeté aussitôt dans l’air une fois l’opération magique terminée. Mais, après des années de ce régime, certains prêtres constatèrent des altérations dans la trame de l’univers. Ils décidèrent alors que la Brume devait être contenue et créèrent les premiers réservoirs.
Soudain, quelque chose semble émerger de cet agglomérat.
Je m’approche avec prudence, plissant les yeux.
Une main se tend soudain vers moi.
Je pousse un cri – qui demeure mort-né dans ma gorge.
Qu’est-ce que… ?
Et soudain, je les vois.
Des mains.
Des doigts.
Des visages d’hommes, de femmes, d’enfants.
Bouches ouvertes, dents aiguisées, langues avides.
Et cette faim qui brille dans leurs regards.
L’espace d’un instant, je suis certaine que ces êtres, quels qu’ils soient, vont se précipiter sur moi pour me dévorer. Mais non – ils semblent tous être prisonniers de cette masse destructrice.
Je recule avec précipitation.
Je sais déjà que cette vision va hanter mes nuits. Qui sont ces créatures ? Si ce ne sont pas des fantômes, il ne peut rester qu’une possibilité – des vivants capturés, emprisonnés dans cette Brume. Transformés en monstres.
Je ne peux détacher mon regard d’eux, de leurs mâchoires claquant dans le vide, de la faim qui crispe leurs faces.