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Critique de LiliGalipette


Dans la métropole d'Ambregris se croisent le meilleur et le pire de l'humanité. le missionnaire Dradin, encore souffrant des fièvres de la jungle, s'éprend éperdument d'une femme dont il a simplement aperçu l'image à la fenêtre. « Désormais, il était en vérité un missionnaire, qui se convertissait lui-même à la cause de l'amour, et il ne pouvait pas s'arrêter. » (p. 44) On découvre l'histoire de Jean Mazikert, fondateur d'Ambregris, de ses descendants et des mystères légendaires de la cité. « Comment réagir, à notre époque moderne, lorsqu'on nous affirme que 25 000 personnes ont tout simplement disparu, sans laisser la moindre trace de lutte ? Arrive-t-on simplement à le croire ? » (p. 156) Découvrez Martin Lac, peintre estropié, dont l'oeuvre la plus connue traduit son obsession pour la décapitation à laquelle il a assisté. « Parfois, Martin, une personne fortunée a une vilaine petite idée dans un vilain petit coin de sa tête... Une vilaine petite idée qui consiste à faire réaliser par un peintre une oeuvre pornographique à son goût. » (p. 201) Enfin, vous ferez la connaissance de X, patient d'un hôpital psychiatrique de Chicago, interrogé sur sa curieuse névrose. Et là, c'est l'activité même d'imagination qui devient une maladie, une infirmité, presque une déviance mentale. « Je crois maintenant fermement qu'Ambregris, et tout ce qui lui est associé, est un produit de mon imagination. Je ne crois plus qu'Ambregris existe. » (p. 256)

Suit un nombre impressionnant d'annexes, d'archives inventées, de ressources créées de toutes pièces pour donner vie au monde étrange d'Ambregris. Cela va du rapport médical à une monographie sur le calmar royal en passant par des publicités et un récit biographique de la famille Hoegbotton. Chaque texte a des liens avec les autres et tous composent une carte géographique et temporelle d'Ambregris, cité de sinistre réputation. Certains textes m'ont rappelé les contes d'Hoffmann et évidemment les histoires d'Edgar Allan Poe, le tout richement illustré de gravures épatantes ! Ce qui est vraiment stupéfiant dans ce recueil, c'est que Jeff Vandermeer se fait personnage de son oeuvre, qu'il se transforme en matière créative de son propre livre, allant jusqu'à donner son patronyme à un personnage. D'autres avant lui l'ont fait, mais Jeff Vandermeer apporte un je-ne-sais-quoi plus frappant, plus efficace. Et en fin d'ouvrage, il fantasme sa biographie d'écrivain. Ce n'est certainement pas de l'autofiction, mais plutôt une métafiction si j'ose inventer le terme. Sous la plume de l'auteur, tout devient sujet à la création et à la transformation en fiction.

Du même auteur, je vous recommande évidemment La trilogie du rempart Sud : Annihilation, autorité et Acceptation, et Borne.
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