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EAN : 9782253937135
Le Livre de Poche (25/10/2023)
3.99/5   71 notes
Résumé :
Voleurs, les compositeurs et les meurtriers... Peuplé de saints vivants, d'écrivains fous, de calmars géants intelligents ou d'étranges créatures furtives semblables à des champignons, ce livre-univers rabelaisien, grotesque, tragique et parfois déchirant dessine un des plus beaux portraits de ville de la littérature moderne.
Entre nouvelles fantastiques, horrifiques et/ou poétiques, expérimentations narratives, traités, glossaires et autres annexes surréalis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Dans la métropole d'Ambregris se croisent le meilleur et le pire de l'humanité. le missionnaire Dradin, encore souffrant des fièvres de la jungle, s'éprend éperdument d'une femme dont il a simplement aperçu l'image à la fenêtre. « Désormais, il était en vérité un missionnaire, qui se convertissait lui-même à la cause de l'amour, et il ne pouvait pas s'arrêter. » (p. 44) On découvre l'histoire de Jean Mazikert, fondateur d'Ambregris, de ses descendants et des mystères légendaires de la cité. « Comment réagir, à notre époque moderne, lorsqu'on nous affirme que 25 000 personnes ont tout simplement disparu, sans laisser la moindre trace de lutte ? Arrive-t-on simplement à le croire ? » (p. 156) Découvrez Martin Lac, peintre estropié, dont l'oeuvre la plus connue traduit son obsession pour la décapitation à laquelle il a assisté. « Parfois, Martin, une personne fortunée a une vilaine petite idée dans un vilain petit coin de sa tête... Une vilaine petite idée qui consiste à faire réaliser par un peintre une oeuvre pornographique à son goût. » (p. 201) Enfin, vous ferez la connaissance de X, patient d'un hôpital psychiatrique de Chicago, interrogé sur sa curieuse névrose. Et là, c'est l'activité même d'imagination qui devient une maladie, une infirmité, presque une déviance mentale. « Je crois maintenant fermement qu'Ambregris, et tout ce qui lui est associé, est un produit de mon imagination. Je ne crois plus qu'Ambregris existe. » (p. 256)

Suit un nombre impressionnant d'annexes, d'archives inventées, de ressources créées de toutes pièces pour donner vie au monde étrange d'Ambregris. Cela va du rapport médical à une monographie sur le calmar royal en passant par des publicités et un récit biographique de la famille Hoegbotton. Chaque texte a des liens avec les autres et tous composent une carte géographique et temporelle d'Ambregris, cité de sinistre réputation. Certains textes m'ont rappelé les contes d'Hoffmann et évidemment les histoires d'Edgar Allan Poe, le tout richement illustré de gravures épatantes ! Ce qui est vraiment stupéfiant dans ce recueil, c'est que Jeff Vandermeer se fait personnage de son oeuvre, qu'il se transforme en matière créative de son propre livre, allant jusqu'à donner son patronyme à un personnage. D'autres avant lui l'ont fait, mais Jeff Vandermeer apporte un je-ne-sais-quoi plus frappant, plus efficace. Et en fin d'ouvrage, il fantasme sa biographie d'écrivain. Ce n'est certainement pas de l'autofiction, mais plutôt une métafiction si j'ose inventer le terme. Sous la plume de l'auteur, tout devient sujet à la création et à la transformation en fiction.

Du même auteur, je vous recommande évidemment La trilogie du rempart Sud : Annihilation, autorité et Acceptation, et Borne.
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La Cité des Saints et des Fous c'est Ambregris. Ambregris c'est une ville tentaculaire où la folie peut se trouver au coin de n'importe quelle sordide ruelle. On y croise toutes sortes de créatures : des nains, des champigniens, des calmars, des hommes et des femmes aussi. Et chacun d'eux peut sombrer dans la démence ou le meurtre à n'importe quel moment. Ambregris c'est aussi La Cité des Saints et des Fous de Jeff VanderMeer, oeuvre aussi folle que son sujet le laisse présager.
La Cité des Saints et des Fous est avant tout un recueil de nouvelles. Dradin, amoureux est une romantique histoire d'amour qui se transforme en cauchemar lors du festival du calmar d'eau douce. Dans le Guide Hoegbotton de l'Ambregris des Premiers Temps, un historien écrit l'Histoire d'Ambregris avec moultes détails comme "ce qu'il se passe lorsqu'une armée dotée d'une puissante cavalerie se bat contre une force avant tout navale : rien". La transformation de Martin Lac nous montre comment un artiste sans talent devient subitement l'un des peintres les plus en vogue d'Ambregris. Dans L'étrange cas de X, un psychiatre interviewe l'auteur de… La Cité des Saints et des Fous, afin de déterminer s'il faut le libérer ou le maintenir à l'hôpital.
Une fois lues ces quatre nouvelles, qui occupent à peine la moitié du volume, nous arrivons alors aux annexes. Celles-ci sont divers textes retrouvés dans les effets personnels de X après sa disparition de l'hôpital psychiatrique, et sur lesquels les psychiatres s'arrachent les cheveux. L'ouvrage s'achève alors sur une note à propos des polices de caractères où l'on apprend que le célèbre "Times New Roman mêle l'atmosphère grossière d'un bifteck coriace à la structure d'une pomme de terre, son bouquet minéral se combinant à une texture moelleuse". Enfin l'éditeur, Calmann-Lévy, présente l'auteur sous la forme d'un avis de recherche.
Le tout est abondamment illustré et très joliment mis en page. En outre, la folie du propos n'empêche pas X d'utiliser un vocabulaire riche, de soigner la moindre petite phrase et de montrer un sens de la structure impressionnant. de ce point de vue il montre les mêmes qualités que l'un de ses illustres modèles, Vladimir Nabokov, auquel les références plus ou moins explicites sont nombreuses.
La Cité des Saints et des Fous est donc une grande réussite, une tragi-comédie qui ne peut laisser indifférent, dans n'importe quel sens du terme. Pour ma part, c'est dans le bon.
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Ce livre est l'un des plus étonnants que je n'ai jamais lu. C'est un ovni littéraire, une oeuvre à nulle autre pareil. En effet, l'histoire de ce livre n'est pas du tout celle que vous attendez. Ce livre de fantasy est un guide touristique présentant la ville de Ambregris. Une ville qui n'existe pas, mais qui semble ô combien ! réelle !

Ce livre est une compilation de documents divers, allant de la nouvelle au fascicule sur le calamar, ou encore des documents d'un fou échappé de l'asile. Un beau méli-mélo dont l'auteur joue habilement pour nous faire ressentir la ville, son ambiance et ses habitants, son histoire et ses spécificités. La lecture est déroutante à plus d'un titre et navigue entre plusieurs genres, ce qui ne rend pas forcément son rendu très claire. Ici rien n'est donné, il faut comprendre et lire entre les lignes pour tout ce qui est dit.

L'ensemble est hétéroclite, et nécessite une lecture attentive et détaillé, quoi que tout ne soit pas forcément indispensable en terme de lecture (comme la partie codée). Par contre, c'est toujours intéressant de voir le mélange des genres et la façon dont l'auteur décrit cette ville.
Car disons-le, l'intérêt de ce livre est la découverte d'Ambregris, bien plus intéressant que chacune des petites histoires racontées dans le volume. Cette cité ancienne, bâtie sur du sang des anciens habitants et contenant force de mystère et d'étrangeté, fascine tout au long de la lecture. C'est prenant de se sentir comme un chercheur qui déniche des textes et tente de comprendre la réalité au travers du prisme des documents.

Cette lecture est probablement la plus surprenante que je n'ai jamais faite, dans le sens où la surprise est avant-tout sur le récit et la façon dont il est construit, et le sujet de l'histoire. Je n'avais jamais lu, auparavant, la construction d'une ville par des documents épars, et l'idée est tout simplement génial de le combiner à de la fantasy. Une lecture innovante, surprenante et diablement intéressante, qui m'a beaucoup plu. Si vous trouvez à nouveau ce livre, jetez-vous dessus !
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Ce livre a été lu dans le cadre d'un service presse. Merci aux éditions Au Diable Vauvert ainsi qu'à Babelio pour leur confiance !

Quand je me lance dans un roman de Jeff VanderMeer, je me doute que le voyage sera placé sous le signe du bizarre. Depuis sa Trilogie du Rempart Sud, où j'ai découvert le genre new weird qu'il affectionne et a contribué à créer, j'ai pu explorer quelques autres de ses oeuvres. Mais malgré cela, je n'étais pas du tout prête à l'expérience que fut La Cité des Saints et des Fous !

La cité du titre, c'est Ambregris. Pour nous la faire visiter, Jeff VanderMeer nous égrène, au fil de nouvelles, les aventures de Dradin, amoureux. Une première nouvelle qui donne à voir la folie amoureuse d'un missionnaire revenu de la jungle, mais sa folie semble trouver un pendant dans les us et coutumes des habitants de la ville. Où l'on découvre, un peu étonné, un univers aussi étrange que grotesque, parfois obscène. Et puis, les choses se corsent ensuite : le Guide Hoegbotton de l'Ambregris des Premiers Temps nous offre l'extrait d'un livre d'Histoire fictif, qui permet de découvrir les origines d'Ambregris comme de ses autochtones, les champigniens (des êtres mi-champignons, mi-humanoïdes), accompagné de notes de page de l'historien des plus caustiques pour ses confrères ! La forme rend la lecture intéressante, surtout avec les notes.

Vient ensuite mon texte préféré du recueil, La transformation de Martin Lac. le texte marie cette fois plusieurs formes, alternant la nouvelle classique avec des extraits d'une biographie critique de l'artiste, rédigée par une critique littéraire. le parallèle entre les deux est des plus passionnants, car il permet de voir tout le fossé entre la réalité de ce qu'à vécu Martin, artiste peintre, et l'interprétation donnée à ses oeuvres, parfois à côté de la plaque ! Cela m'a rappelé tous ces cours où l'on disséquait des oeuvres littéraires, et où je me demandais, parfois, si l'auteur avait vraiment mis tout cela derrière ses mots, où s'il s'agissait de simples hypothèses de ma professeure.

On termine la partie « recueil classique » (vous comprendrez plus tard pourquoi je la décris ainsi) avec L'étrange cas de X, où cette fois on plonge plus loin encore dans le délire : l'auteur met en scène un double de lui-même, qui se serait perdu dans sa propre création, Ambregris. J'avoue avoir été un peu dérangée par ce texte. Quand on crée ses propres univers, comme je le fais (je suis autrice), l'idée de pénétrer pour de vrai dans ses mondes peut paraître alléchante sur le papier, mais est en réalité terrifiante, et ce texte rend bien cette ambivalence que l'on peut ressentir, en tant que créateur, face à ses oeuvres.

On arrive ensuite à la seconde partie, nettement plus expérimentale : notes, lettres, textes courts, reproductions d'un texte fictif illustré de gravures et orné de commentaires de textes, bibliographie fictive (!) pour conclure un essai tout aussi fictif, Jeff VanderMeer a décidé de nous montrer son laboratoire littéraire. Tout tourne toujours autour d'Ambregris, sa ville fictive, et l'on explorer ainsi un peu plus cette Cité qui, en effet, comporte autant de Saints (vulgaires et obscènes) que de Fous (criminels ou artistes).

J'avoue avoir eu du mal avec ce livre. Sa forme, certes remarquable par son originalité et la diversité de ses aspects, rendait la lecture fatiguante. Par ailleurs, Ambregris m'a déplu. Trop grouillante, trop mortelle, trop grotesque, trop obscène, trop inhumaine. J'ai été plutôt soulagée de tourner la dernière page et de quitter Ambregris, qui m'a mise très mal à l'aise.

Autant j'avais apprécié mes autres lectures de cet auteur, autant celle-ci m'a laissée de côté. Je pense que ce livre est à réserver aux aficionados de l'auteur, aux amateurs de littérature expérimentale ou à ceux qui ont envie de visiter un cité fictive complètement barrée (et mortelle).
Lien : https://lullastories.wordpre..
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Je remercie sincèrement Babelio et les éditions Livre de poche pour l'envoi de ce livre totalement aux antipodes de mes lectures habituelles. J'avais envie de m'évader dans un univers fantastique totalement extravagant et c'est chose faite. J'avoue volontiers que les premières pages m'ont quelque peu désarçonnée. Il faut dire que je suis peu habituée à lire une prose aussi ampoulée, cette litanie et cette surabondance de description m'ont donc quelque peu submergée. Si cela n'avait pas été une masse critique,je pense que j'aurais probablement abandonné ce livre sans regret.
Je ne savais pas que ce roman était composé de différentes "nouvelles" qui se passent dans le même univers. Aussi ai-je été un peu rassérénée. Et j'ai bien fait de continuer car les histoires suivantes ont réussi à me faire oublier momentanément la plume de l'auteur. L'univers présenté foisonne d'inventivité comme l'un des personnages on se demande parfois si certains faits ne sont pas réels. Tant le travail de fond pour construire un background historique à la ville d'Ambregris est fascinant, on a presque l'impression de lire un livre d'anthropologie sur un lointain peuple isolé. Les notes de bas de pages qui peuvent sembler effrayantes allègent le tout d'une bonne dose de cynisme avec les nombreuses apparitions d'un auteur fictif. Je trouve d'ailleurs que les pensées des personnages sont très drôles tout cet humour noir et cette ambiance particulière font de certains récits un voyage des plus plaisants. Je me répète mais le seul point négatif c'est vraiment l'écriture surtout dans les derniers récits que j'ai peu appréciée.
Je dirais qu'un seul tome c'est trop peu pour mettre en action convenablement tout cet univers si riche. Aussi ne puis-je donc pas considérer ce livre comme un coup de coeur mais il m'a globalement fait passée un bon moment.Au point de vouloir lire d'autres livres de l'auteur.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
21 octobre 2021
Disgressions, pistes sinueuses, biographie fantasmée, chaque nouvelle ou segment nous entraînent un peu plus loin en Ambregris. Trop loin ? Nul doute que certains n’apprécieront pas ce qu’ils qualifieront de longueurs, à travers par exemple des pages et des pages de fausse bibliographie…) Le tout porté par une plume alerte et joueuse, soutenue par une traduction qui rend honneur au texte originel. Du premier au dernier mot, tout semble particulièrement étudié, soigné, orienté.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Dradin, amoureux, sous la fenêtre de son amour, les yeux levés vers elle tandis que la foule grouillante déferle autour de lui, multitude rouge vif aux vêtements rugueux qui le bouscule et le meurtrit sans même qu’il s’en aperçoive. Car Dradin la regarde ELLE, qui prend la dictée d’une MACHINE, un impénétrable bloc gris duquel sortent les écouteurs enserrant sa délicate tête ovale. Dradin reste abasourdi, stupéfait par ces yeux d’un bleu séraphin, ces longs cheveux d’un noir de jais cascadant sur les épaules, ce mélancolique visage pâle que masque, sur la vitre, le reflet du ciel de plus en plus gris. Elle se trouve trois étages plus haut, sertie dans la brique et le mortier, presque un monument, assise près de la fenêtre juste au-dessus de l’enseigne "Hoegbotton & Fils, distributeurs". Hoegbotton & Fils, la plus grande affaire d’import-export de toute l’anarchique Ambregris, la plus ancienne des cités, à laquelle on avait donné le nom de la partie la plus précieuse et la plus secrète de la baleine. Hoegbotton & Fils : des caisses et des caisses de perversités expédiées pour l’amusement des décadents depuis la très lointaine Surphasie et les régions inférieures de l’Occident, ces endroits qui en un rien de temps se mouillent, mûrissent et pourrissent. Et pourtant, conjecture Dradin à propos de son amour, elle semble d’extraction plus satisfaisante, non pas casanière, mais mal à l’aise à l’étranger, à moins de voyager au bras de son amant. A-t-elle un amant ? Un mari ? Ses parents sont-ils toujours en vie ? Aime-t-elle l’opéra ou les pièces de théâtre paillardes données près des quais, où des ouvriers chargent de leurs membres grinçants les caisses de Hoegbotton & Fils sur des chalands tout près de se mesurer au puissant fleuve Moss qui s’écoule, léthargique et limoneux, jusque dans le tourbillon rapide de la mer ? Si elle aime le théâtre, je peux au moins lui offrir cela, pense Dradin, bouche bée et les yeux levés vers elle, sans se soucier de ses cheveux longs qui lui tombent sur le visage. À une telle distance du fleuve, la chaleur le flétrit, mais il ignore la sueur lui enserrant le cou.
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"Que peut-on dire d'Ambregris qui n'ait été déjà dit ? Le moindre quartier de la ville, si superflu qu'il paraisse, a un rôle complexe, voire équivoque, à jouer dans la vie de la communauté. Et j'ai beau me promener très souvent sur le boulevard Albumuth, l'incomparable splendeur de la cité ne cesse de se rappeler à moi, avec son amour des rituels, sa passion pour la musique, son inépuisable et magnifique cruauté."
Voss Bender, Mémoire d'un compositeur,
volume 1, page 558,
Ministère de la Presse Fantasque.

Incipit du roman
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2. Une note de bas de page sur le but de ces notes de bas de page : le présent texte en regorge afin d’éviter de vous infliger, touriste nonchalant, un volume de connaissances qui risquerait de vous peser et de vous empêcher d’apprécier les charmes de la ville avec votre habituelle désinvolture insouciante. Afin de contrecarrer vos prévisibles efforts – une fois découvert un sujet intéressant dans le présent récit – de sauter des passages, j’ai extirpé tous les renvois à d’autres publications Hoegbotton polluant telle une invasion de fongus les autres brochures de cette collection.
3. Il me faut ajouter à la note 2 que les informations les plus intéressantes seront uniquement incluses en notes de bas de page, que je m’efforcerai de multiplier au maximum. De plus, les informations évoquées en note seront plus tard développées dans le texte principal, ce qui plongera dans la confusion ceux d’entre vous ayant décidé de ne pas lire les notes de bas de page. Voilà ce qu’il en coûte de tirer un vieil historien du bureau d’enseignant derrière lequel il sommeillait pour le forcer à collaborer à une collection de guides de voyage populaires.
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Mon travail consiste à créer des phrases parfaites pour une clientèle variée. Il ne s'agit pas là de simple journalisme, car le journalisme nécessite une transparence de verre, sans réflexion de lumière, sans même un reflet. Je ne suis, il est vrai, qu'une des nombreuses personnes à travailler là. Certaines ne sont pas des artistes mais des techniciens qui se gargarisent avec des cailloux pour améliorer la diction imparfaite de leurs phrases parfaites, ou les pêchent nonchalamment, en tirant sur leurs lignes de loin en loin dans l'espoir que les phrases feront surface toutes entières, achevées, épaisses de sens. D'autres encore fument, boivent ou absorbent des substances illicites pour persuader les mots de venir sur la page
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Derrière les arbres de plus en plus clairsemés, on voyait des bâtiments décorés d'un bout à l'autre d'étoiles dorées, comme la voûte du paradis, mais alors que le paradis n'a d'étoiles que par intervalles, ici les surfaces étaient intégralement recouvertes d'or, sortant du centre en un flot sans fin. On trouvait autour du bâtiment principal d'autres constructions, plus modestes, elles-mêmes entièrement ou en partie entourées de galeries à colonnes. Des structures d'une complexité impressionnante s'étendaient à perte de vue. Puis venait un deuxième cercle de bâtiments, plus grand que le premier, aux pelouses couvertes de champignons de toutes tailles et de toutes couleurs - allant de monstres aussi gros que des oliphants à de délicats nodules vitreux pas plus grands que des ongles d'enfant. Ces champignons - à chapeaux rouges et bleus, la face inférieure saupoudrée de traînées argent, émeraude ou obsidienne - lâchaient des spores aux fragrances des plus variées et des plus remarquables, tandis que les chapeaux gris s'en occupaient, en la circonstance, avec une délicatesse admirable et un tendre intérêt... Il y avait aussi des fontaines qui alimentaient des vasques en eau; des jardins, certains suspendus, emplis de mousses, lichens et fougères exotiques, d'autres descendant en pente douce jusqu'au niveau du sol; et un bain d'or pur à la beauté indescriptible
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