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Critique de mh17


Je me souvenais de la cruauté de ce court roman tragique mais non pas de sa forme expérimentale. Je l'ai relu avec plaisir et intérêt.

Le roman (1967) raconte l'histoire d'une petite bande de garçons de Miraflores, un quartier résidentiel de Lima depuis leur enfance jusqu'au début de l'âge adulte. Au collège mariste Champagnat, ils accueillent Cuéllar le petit nouveau. Il est fortiche en classe et pas fayot du tout, il les étonne, leur permet de copier, leur donne des friandises. En plus il s'entraine tellement dur l'été qu'il trouve enfin sa place dans leur équipe de foot. Mais, après un match, alors que Lalo et Cuéllar prennent une douche, Judas le chien danois se faufile par la porte du collège et les attaque. Lalo peut s'échapper mais Cuéllar est émasculé. Après une très courte période de compassion silencieuse, Celui-ci se heurte aux railleries des autres qui le surnomment « Petit zizi » ; à la protection intéressée des Frères qui redoutent le père du garçon ; aux interventions maladroites de celui-ci. Et puis très vite aux allusions, aux questions ingénument perfides des petites amies des copains...

L'histoire est racontée d'emblée par une "voix plurielle" selon les propres mots de l'auteur. On passe d'une narration extérieure à une narration intérieure :
« Ils portaient encore culotte courte cette année, nous ne fumions pas encore, de tous les sports ils préféraient le football, nous apprenions à courir les vagues, à plonger du second tremplin du Terrazas, et ils étaient turbulents, imberbes, curieux, intrépides, voraces. Cette année où Cuéllar entra au collège Champagnat. »
Les discours direct et indirect alternent dans une même phrase et on saute allègrement du présent au passé.
C'est assez spécial comme style mais quand même beaucoup plus facile à suivre que du Gadda rassurez-vous ! le récit est très court, clairement composé et le langage est vivant, percutant et épouse l ‘âge des protagonistes. La forme est toujours au service du propos. On comprend comment peu à peu l' individu différent est déchiqueté, broyé, rejeté. Chacun des jeunes devient un élément d' une société machiste, cruelle et finalement indifférente. Nous sommes informés avec de plus en plus de distance des pathétiques et vaines  tentatives de Cuéllar, alias Petit Zizi pour se faire remarquer, pour se faire aimer. Mais Ils l'ont presque oublié et s'ils se souviennent de lui c'est par pure convention sociale.
Le livre est vraiment fort et audacieux.
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