"J'aimerais vous quitter en vous rappelant une évidence qu'on a souvent tendance à oublier : la vie est le meilleur caricaturiste qui soit. [...]"
Je suis un dessinateur satirique, une activité qui comporte également ses risques, inutile de vous le préciser. Le risque du dessin, c'est de venir un analgésique social : sous forme de dessins, les choses sont plus compréhensibles, plus assimilables. Il est moins douloureux de les affronter.
Magdalena chuchotait sur un registre de notes graves mais justes qu'elle seule était capable d'émettre, et Mallarino la désira de nouveau ; sans détour, il osa poser les yeux sur ses seins, dont l'image lui revint brièvement en mémoire, et il s'efforça de laisser transparaître ce souvenir dans son regard ; Magdalena fit semblant de ne pas avoir remarqué son trouble, même si ce genre de détail n'échappe pas aux femmes.
"A l'horizon, là où les collines de l'ouest perdaient leur côté verdoyant et se teintaient de bleu, le ciel couvert de nuages gorgés de pluie se paraît de la lumiére des avions comme une vieille putain essayant une paire de boucles d'oreilles."
La mémoire à la merveilleuse apacité de se rappeler l'oubli, son existence, sa manière de se mettre en faction, nous permettant ainsi d'être prêts à nous souvenir ou de tout effacer si on le souhaite. Se libérer, se libérer du passé était son plus cher désir.
Les os sont la seule chose qui compte, conclut-il. Ce sont eux qui, dans la forme du crâne et l'angle du nez, la largeur du front, la force ou la pusillanimité des maxillaires, les creux du menton, ses pentes délicates ou abruptes, ses ombres plus ou moins prononcées, qui déterminent une réputation ou l'image qu'on renvoie de sa personne : donnez-moi un os et je soulèverai le monde.
La mémoire est vraiment bizarre : elle nous permet de nous souvenir de ce qu'on n'a pas vécu.
C'est une pauvre mémoire que celle qui ne fonctionne qu'à reculons.
(citation à plusieurs reprises dans ce roman, d'après une phrase déclarée à Alice par la Reine Blanche de Lewis Carroll dans De l’autre côté du miroir)
Les gens savent ce qu'ils pensent. Ils ont des idées très claires. Ils ont juste besoin que quelqu'un revêtu d'autorité confirme un jugement, même si cette autorité est celle mensongère des journaux. (p78)
Les caricatures, c'est comme le poisson : si on ne les consomme pas tout de suite, elles ne sont plus bonnes le lendemain. (p28)