Incursion poétique ce mois-ci chez
un poète fin de siècle, au ton résolument réaliste quant au choix d'évoquer, comme
Baudelaire, ou encore
Rimbaud, avant lui - pour ne citer que quelques exemples -, la ville ou la campagne dans son quotidien le plus prosaïque.
C'est là que réside, comme chez les poètes précités, à mon sens, le talent d'
Emile Verhaeren : il parvient, en effet, par une grande musicalité, souvent audacieuse - les schémas strophiques, rimiques et syllabiques respectent davantage la sémantique et la syntaxe que des structures canoniques, modernité poétique oblige -, et par un grand lyrisme qui frôle parfois l'épique - que de personnifications, d'allégories ou métaphores magistrales, même si pas toujours originales - à transcender ces deux lieux emblématiques du progrès économique, technique, industriel... du XIXème siècle qui fait se vider les campagnes au profit des villes, engraissant à vue d'oeil, s'étalant sans crier gare.
Et ces deux lieux emblématiques, tout autant fascinants qu'inquiétants, quant à ce qu'ils racontent, justement, de ce progrès en marche forcée depuis les années 1850, sont perçus avec acuité par un regard poétique, lui aussi fascinant et inquiétant, que j'ai plus qu'apprécié.