Citations sur Le football au Brésil : Onze histoires d'une passion (4)
W.est mourant.Je n'avais jamais imaginé un jour le voir peau,os et désespoir.A dix ans,la mort est pour les autres,une chose distante ,intouchable.La veillée funèbre improvisée chez le voisin n'est qu'une occasion de s'amuser,de courir avec les autres enfants,de regarder les jambes des filles,et d'être indifférent à la tristesse des adultes.A dix ans la mort ne nous appartient presque jamais.(Le fils noir de Dieu,Rogério Pereira)
Je mentais, pourtant : je consacrais mes nuis à essayer d'attraper les mots, mais ceux-ci, moqueurs, se cachaient sous la fente de la porte, sous le lit, entre les chemises affectueusement pliées dans ma commode, pendaient comme des toiles d'araignée au plafond, coulaient comme le moisi sur les murs. Au réveil, les feuilles, blanches, sur la table de nuit. J'étais prêt à abandonner, persuadé que la tâche outrepassait mes capacités lorsque, en un petit matin tourmenté, réveillé par la lumière d'un éclair, la foudre fit trembler mon corps ; effrayé, j'allumai la lumière et saisis un nid tordu de mots que mes doigts pressés transformèrent rapidement en rythmes et en rimes. (Luiz Ruffato dans Bonheur suprême)
Moi, j'ai terminé ma croissance. Bientôt, je me rabougrirai aussi. Nos corps se tassent pour être plus près de la terre qui nous accueillera prochainement. (Rogério Pereira dans Le Fils noir de Dieu)
Je viens d'avoir quarante-cinq ans, Hugo et Arthur également. Nous sommes nés dans le même quartier, avons étudié dans la même école, avons joué au foot ensemble. Nous habitons aujourd'hui de l'autre côté de la ville, là où nos souvenirs d'enfance sont considérés comme exotiques. Nos femmes ne veulent pas les entendre, elles préfèrent nous poser des questions sur notre carrière, notre salaire, nos perspectives d'avenir... Je ne sais pas si c'est pareil pour tous les célibataires sans enfants. En tout cas, le futur est un putain de cercueil. (Mario Feijo dans Liberté, égalité, fraternité)