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Critique de Laureneb


Lisant dans le désordre, j'ai lu Parallèlement, un recueil que j'ai beaucoup aimé, avant Sagesse, pourtant écrit avant. Parallèlement m'a beaucoup plu, pour ce qu'il dit des souffrances de Verlaine liées à sa vie de bohème et à sa relation avec Rimbaud, mais qui sont pourtant évoquées avec une certaine nostalgie, qui exprime un vent de liberté, de non-conformisme ; comme on le voit d'ailleurs avec les poèmes érotiques sur le plaisir féminin, et sur l'homosexualité masculine.
Sagesse, écrit avant donc, n'a pas du tout la même thématique. C'est le retour à la foi, au mariage légitime, à un soutien pour le prétendant légitimiste - avec un hymne au drapeau blanc. J'ai donc d'abord été déconcertée, ne reconnaissant pas le poète que j'admirais ailleurs. Ici, plus de "fêtes", plus de "romances", plus de "galanteries" non plus. La chair est triste, si Verlaine pense à une femme, c'est sa femme légitime, mais pour une union chaste et vierge. Même la ville moderne, célébrée pourtant ailleurs, est ici grise, sale.
Je ne peux adhérer à ses idées politique sur "un peuple animal", sa condamnation de 1789 - moi qui connais "Nox" des Châtiments par coeur, où "le Titan quatre-vingt-treize" est célébré, quoi qu'il ait coûté : "Toi qui par la Terreur sauva la liberté". Ne partageant pas non plus les croyances de ce Verlaine, j'ai même trouvé long le dialogue entre le poète et Dieu du centre du recueil, où l'amour divin permet l'apaisement.
Mais cependant, j'ai retrouvé le magicien et le musicien de la langue hors pair, même sur certains poèmes qui me plaisent moins pour leur thématique, j'ai été époustouflée par la mélodie des vers. Dès le début de la lecture, j'ai été frappée par les rimes avec le "sagesse" du titre : ce son se retrouve dans "faiblesse, tristesse, cesse, blesse", soit toute cette vie passée qu'il faut expier, mais aussi dans "promesse, redresse, et messe", comme un espoir, une espérance et une rédemption plutôt pour rester dans le champ lexical du catholicisme.
Et que certains poèmes sont beaux ! "Le ciel est par-dessus le toit", "écoutez la chanson bien douce", "je ne sais pourquoi / Mon esprit amer". Et celui que j'ai préféré sur les Voix - voix de l'orgueil, voix de la haine, voix de la chair, voix d'autrui, qui semble d'abord être une réfutation de la poésie :
"Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes,
Sentences, mots en vain, métaphores mal faites,
Toute la rhétorique en fuite des péchés,
Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes !"
La poésie devrait se taire face à l'amour divin. Mais l'écriture elle-même est musique et est poésie.
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