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Critique de Masa


J'ai quitté le confort de « Malevil » pour arpenter « L'autoroute sauvage ». Ce court roman est considéré par toute une génération comme un joyau français. Je cherchais à tort une première édition – la vulgaire édition Fleuve noir de la collection Anticipation –, mais la rareté en font un produit de luxe. C'est tout à fait par hasard que mon chemin à croiser la réédition “METAL“ de la même maison d'édition (1993).
Ce beau livre de poche possède une double couverture. L'illustration Florence Magnin est bien réalisée et présente un Paris martyrisé (… mais Paris libéré – enfin… je m'égare).

Ce présent ouvrage a été publié sous le pseudonyme de Gilles Thomas, un leurre quand on sait qu'il s'agit en fait d'une auteure plus connue sous un autre nom d'emprunt : Julia Verlanger, de son vrai patronyme Éliane Taïeb. Cette duperie allant même jusqu'à rendre très viril et machiste son écriture.

Il s'agit d'un roman post-apocalyptique donc la destruction massive de l'humanité est due à une guerre chimique et bactériologique. Un virus nommé “Peste bleue“ s'est répandue sur la surface de la Terre. Pour ne rien arranger, un exfoliant ultra puissant a rendu certaines landes stériles, ce qui a créé des déserts. Gildas est un solitaire. Il arpente la France dans l'espoir d'arriver dans le sud avant l'hiver. C'est en passant par une autoroute dévastée qu'il va faire la rencontre d'une jeune demoiselle. Elle, par contre, n'aspire qu'à aller à Paris.

Je peux comprendre l'engouement autour de ce livre qui a bercé toute une génération. Pourtant, j'estime que ce récit est bien surévalué. Il est vrai que l'on a tendance à idolâtrer nos souvenirs d'enfance. Moi-même j'aurais pu en faire autant, mais je n'appartiens pas à cette génération. C'est comme avec le film « Mad Max ». À force d'en faire un emblème, j'ai essayé de le regarder pour la première fois récemment. Je n'ai pas réussi à tenir plus d'une demi-heure.

Le récit de Gilles Thomas (qui est donc le pseudonyme ici employé) possède de très bons points. du début jusqu'à la fin, l'histoire est pleine d'action et on ne s'ennuie pas. On ressent même une certaine sympathie pour ce duo. À cela je pourrai rajouter que l'auteure a réussi à rendre son roman plausible et réaliste.


Mais voilà… le plus gros défaut, à mon sens, est cette narration épouvantable. Elle se fait à la première personne et l'auteure à privilégier le langage familier et très machiste. Pour ceux et celles qui ont gueulé sur la place de la femme dans « Malevil » (par exemple) vont encore une fois s'époumoner. Là, elles n'ont pour rôle qu'écarter les cuisses.
J'ai détesté cette écriture grossière qui m'a empêché d'apprécier ce livre. J'ai trouvé très confus certains passages où je me suis senti perdu. Que dire de l'action complètement gâchée par ce procédé archaïque. Mais le pompon revient aux répliques des méchants. Comme je méprise ces mots à moitié écrits du genre : « pov' typ'» ou « j'vais t' le met' », … Ces phrases qui n'ont aucun sens et qui me font buter sur les mots.
Cela dit j'ai apprécié davantage apprécié cette seconde moitié du livre, dès que nos deux personnages se retrouvent aux portes de Paris.

À ces défauts qui m'ont gêné, j'ai détesté ce simplisme manichéen où les méchants sont des anthropophages. C'est simple, pour un bandit, un voyageur ne sera jamais qu'un morceau de gigot, un bon bifteck. Je veux bien croire que l'humanité a disparu, mais la faune a bien dû se développer ?

Je ressors mitigé de ce soi-disant chef-d'oeuvre. Ce roman aurait pu être très bon car il regorge de très bonnes idées, mais sa réalisation trop populaire – j'attendais pas non plus de belles tournures comme celles de Jean Ray – et familière m'ont donné un arrière-goût désagréable. Cela dit, je lirais bien ses suites.
Dommage, car les éléments post-apocalyptique + road movie + survie sont des ingrédients que j'affectionne.
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