Au moment de sa publication, en mai dernier, j'avais été très touchée que Cristine Verlédène me sollicite pour lire et publier une chronique sur son roman, L'Écho de ta mémoire… Je le découvre quelques mois après sa sortie.
Le postulat de départ est tout simple : une fillette antillaise se prend d'un intérêt particulier pour la Sicile en visionnant en famille le célèbre film, le Clan des siciliens… Quand elle visite enfin cette ile, des années plus tard, elle y rencontre l'amour. de la fin des années 1960 à aujourd'hui, la narratrice qui porte le même prénom que l'auteure, nous raconte cette histoire et la manière dont sa relation avec la Sicile et Santo a bouleversé sa vie. Tel quel, cela ressemble à une romance sur fond d'insularité…
Mais ce livre est beaucoup plus complexe.
Cristine Verlédène nous parle d'un amour déraisonnable, d'une sorte de folie passionnelle sur fond de destinée et de fatalité dans une réelle dimension lyrique et tragique, dans les sens presque classiques de ces deux tonalités.
Elle analyse une obsession, écrit une variation sur le hasard et les concours de circonstances, interroge et dissèque une étrange relation amoureuse bâtie à la manière de « je t'aime, moi non plus »… Son récit est une sorte d'effeuillage de la marguerite dans un éternel flottement entre désespoir et espoir déçu. le tout est mâtiné d'une once de mystère autour de Santo, de cet amour toxique…
Peu à peu, l'histoire perd de sa consistance, au fur et a mesure que l'amour de Cristine devient « monacal », que son lyrisme évolue dans une forme platonique et mystique. Cet amour n'est pas partagé, mais réverbéré, répercuté d'écho en écho, comme un système d'ondes infinies.
Le dénouement maintient l'ensemble dans une boucle narrative cohérente, à la fois annoncée et surprenante, selon les ressentis de chacun(e).
J'ai été frappée par la beauté de l'écriture, le langage recherché, les digressions lyriques, le ton un peu suranné de certains passages… L'auteure fait preuve d'érudition et de proximité, mêle habilement intertextualité et expressions antillaises…
Le style semble pêcher par une profusion de détails, une abondance d'adjectifs. C'est un peu long et répétitif parfois. Mais Cristine Verlédène a su pallier cet inconvénient par un chapitrage très court qui donne une réelle dynamique à la narration et par un ancrage dans la réalité autour d'évènements précisément datés.
J'ai relevé l'importance de la thématique des lieux, le rapport complémentaire et opposé à la fois entre l'ile natale, berceau familial, et l'ile de l'amour et de la haine autour du village de Santo et de Palerme.
Voilà un bien étrange roman qui aurait pu être écrit pendant la grande période romantique mais qui apparaît pourtant comme très actuel. Et j'aime son côté universel, la manière dont l'auteure revisite un style autour de la destinée, de la fatalité et de la métaphore d'un battement d'aile de papillon au nom prédestiné d' « échiquier »…
C'est un livre que l'on sent inspiré d'un vécu, d'une fragilité déterminée. Il peut ne pas plaire, laisser perplexe…
Un OLNI, comme disent certain(e)s.
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