AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


BazaR
11 février 2024
Première nouvelle : je peux m'ennuyer avec un roman de Jules Verne.

Bon, je ne me suis pas ennuyé tout le temps. L'histoire démarrait bien, avec ce mystérieux objet entraperçu dans les cieux de toutes les nations, qui défiait les savants, narguait les gouvernements et faisait causer dans les tavernes. Et puis la scène burlesque de la séance du club philadelphien de « ballonistes » du Weldon-Institut ne manquait pas de sel, de même que l'intervention de Robur, venu affirmer la suprématie du « plus lourd que l'air » sur les ballons en termes de vol aérien (intervention finissant à coup de revolvers, comme il se doit aux États-Unis).
Il faut également louer la qualité épatante du vaisseau aérien de Robur. L'invention de Jules Verne est incroyable ; « l'Albatros » vaut bien le « Nautilus ». Les connaissances de l'auteur font de ce livre une véritable oeuvre d'anticipation scientifique.

Mais qu'en est-t-il de l'histoire ? Dès que l'Albatros prend son vol, il ne s'agit plus que de survoler le monde. Certes, le lecteur parcourt des pays exotiques mais il ne fait que les survoler, littéralement parlant. Pas le temps de « se poser », d'approfondir. On a seulement droit à quelques ouragans, quelques bombardements de peuplades « sauvages » et à la haine du président et du vice-président du club de ballonnistes, enlevés par Robur.
Qui est Robur ? D'où lui vient cette passion pour les appareils aériens plus lourds que l'air ? On ne connaîtra rien de lui ni de ses motivations. On comprend sa volonté de liberté, assouvie par ce survol du monde qu'aucune nation n'a les moyens d'empêcher. On sent en lui une certaine volonté de réduire les injustices – celles considérées comme telles en son temps – et grâce à son Albatros, une certaine capacité à jouer à Dieu.
On comprend qu'il ait enlevé les directeurs du Weldon-Institut, pour leur prouver par le menu que jamais les ballons ne seront l'avenir du vol aérien. Mais pourquoi le tour du monde entier ? Et Robur ne paraissait pas enclin à les libérer ensuite. Là aussi, il y a un manque dans la motivation. Quand aux deux zozos, ils ont l'esprit fermé comme un coffre-fort, incapable d'admettre ce qu'ils ont sous les pieds, capables seulement de haine et de volonté de s'échapper. Ils sont quelques peu ridicules, et cela était probablement voulu par l'auteur.

Je passe rapidement sur le vrai élément comique du roman, le valet Frycollin, poltron au possible, à mille lieues des Scapin et Figaro. Évidemment, il s'agit d'un Nègre, mot suremployé et qui pourrait un jour valoir un « assainissement » au roman. Jules Verne appartient à une France coloniale persuadée d'apporter la civilisation aux sauvages. Il ne servirait à rien de le vouer aux gémonies. Au reste, je crois savoir qu'il a décrit d'autres valets autrement plus futés. Pas de systématisme, donc.

Robur, un personnage que je souhaitais connaître après l'avoir vu passer dans l'excellent comics La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Sympa, mais je m'attendais à mieux quand même.
Commenter  J’apprécie          293



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}