Tout ce que nous n'avons pas fait

Critique de Fagesvalerie :
ÉNORME coup de ❤️ pour moi, « Tout ce que nous n'avons pas fait » vient de paraître aux Éditions du Toucan. États-Unis, 70's. Un jeune Français, venu passer l'été à Gallina, est hébergé dans la chambre d'un jeune homme, mort au Vietnam. Tous les souvenirs sont là, dans cette chambre, intacts. Roman sur la jeunesse, cet âge de tous les possibles, roman sur le Vietnam, roman sur les choix que nous faisons et dont dépend toute notre vie.... Ce livre m'a bouleversée...Lisez-le, il est sublime.
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Salut, regarde cet article de Nice-Matin: "Séjournant chez son correspondant américain dans les années 1970, Bruno Veyrès est présenté à la mère d'un jeune appelé, mort au Vietnam. C'est ce destin brisé que le médecin niçois ressuscite dans son premier roman, "Tout ce que nous n'avons pas fait". - https://www.nicematin.com/a/414379"
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Merci à Babelio pour ce livre offert, et pour les heures pleines d'émotion passées à le lire.
Bruno Veyrès a attendu d'avoir environ l'âge de la retraite pour nous livrer son premier roman. Je suppose qu'il n'en pouvait plus de garder pour lui ce souvenir poignant datant d'un séjour aux USA : invité chez la mère de Clive Barnes, il put voir la chambre-mausolée qu'occupait jadis son fils, mort à 20 ans au Vietnam. Il y rencontra sans doute son fantôme, et cette image ne le quitta plus jamais.
L'auteur nous conte sobrement ce que fut la courte vie de Clive, passant d'un épisode à l'autre sans s'attarder inutilement, donnant la parole aux personnages principaux pour mieux le cerner. On y rencontre entre autres son père, mort tragiquement dans l'incendie de l'usine où il travaillait, Tom Cork, le dirigeant de cette usine qui avait des ambitions politiques. On s'émeut devant l'amitié qui lie Clive à Simon, le fils de Cork, devant l'amour qu'il éprouve pour Rose, la soeur de Simon. Cette amitié est sans doute plus rare que cet amour, car quel adolescent n'a-t-il pas écrit le mot Amour avec une majuscule ?
Clive va rentrer à l'université et éviter ainsi l'armée et l'envoi éventuel au Vietnam. C'est qu'il a un bon piston en la personne de Cork. Mais celui-ci se dérobe et Clive refuse un service de planqué qui allongerait son absence loin de Rose. On devine la suite, d'autant plus que Clive n'est qu'un bouseux, un paysan anonyme de l'Idaho.
Le récit que fait Clive de son calvaire au Vietnam constitue bien sûr une violente critique de cette guerre absurde, stupide, décidée par des gens bien au chaud dans leur bureau. Le contraste est d'ailleurs saisissant entre les lettres envoyées par Clive, qui raconte son quotidien, et celles qu'il reçoit, qui parlent de la vie universitaire, de la contestation de ces jeunes aux cheveux longs qui manifestent dans la rue.
Je n'ai trouvé qu'un seul défaut à ce roman : une vision un peu trop optimiste, voire naïve de la nature humaine : tout le monde est beau, tout le monde est gentil. L'amitié entre Clive et Simon est trop pure pour être vraisemblable. Même les « méchants » regrettent ce qu'ils n'ont pas fait de bien. Ainsi Cork, à la mort de Clive, démissionne de son mandat politique et avoue sur son lit de mort qu'il se sent responsable de la mort et du père et du fils.
Un dernier mot pour dénoncer, une fois de plus, les approximations de la quatrième de couverture. Non, cet adolescent français n'a pas été hébergé par une mère qui lui aurait « prêté » la chambre de son fils. Il a simplement vu cette chambre mais ce fut bien suffisant pour encaisser le coup, ce qui nous vaut aujourd'hui cet excellent roman.