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Critique de BlackKat



Je ne connais pas Karen Viggers. Oui, oui, je sais, c'est écrit sur la couv', elle est l'auteur de la mémoire des embruns. Mais il est dans ma PAL, en train de prendre la poussière! Mais c'est quand même grâce à lui que mon intérêt est titillé par la dame!

Trois personnages principaux, trois générations différentes.
Abby, une étudiante doctorante en biologie, se réfugie dans la solitude de l'étude des kangourous dans leur habitat naturel, trop marquée par le décès de sa mère, dix ans auparavant, pour envisager des relations durables avec qui que ce soit. Elle fera tout pour avorter sa relation avec Cameron.

Daphne est une vieille dame déracinée de sa terre par le gouvernement australien. Fille et petite-fille de colons, elle pleure son passé et ses chers disparus, mais aussi une blessure et une culpabilité secrètes.

Et le troisième personnage, et non des moindres, l'Australie.
L'Australie est un pays cher à mon coeur, une partie de ma famille maternelle ayant émigré là-bas dans les années 1960. Et rien ne vaut un auteur australien pour bien parler de sa terre. Car ce roman est un hymne à la terre, aux grands espaces et à la nature, mais surtout l'attachement de l'homme à la terre.

L'Australie, un continent déclaré inoccupé par les colonisateurs britanniques dès le XVIIIème siècle… Bien pratique d'ignorer l'existence des 250 tribus aborigènes quand on souhaite s'approprier la terre d'autrui par tous les moyens, n'est-ce pas? Tiens, cela me rappelle le drame indien en Amérique du Nord… mais bon, je digresse!

Donc l'Australie, magnifique continent qui ne se laisse que difficilement apprivoiser, de part ses contraintes géographiques et climatiques, nous apparaît comme un pays encore sauvage (naaan, je ne parle pas des surfeurs!) et un sanctuaire naturel mais il n'en est rien. L'écologie se heurte à l'économie, au réchauffement climatique, aux problèmes de gestion des populations animales qui, sans prédateurs, pullulent au-delà du raisonnable, comme les lapins ou les kangourous.

L'Australie, pays qui doit, toujours et encore assumer des relations chaotiques avec les aborigènes, peuple autochtone ayant cruellement subi la spoliation de leur territoire, les expulsions, les épidémies, les violences, les massacres, le mépris, le racisme, le parcage dans des réserves, la discrimination, la ségrégation et l'enlèvement des enfants aborigènes métis pour l'assimilation forcée.

Alors si les relations humaines tissées entre Daphne, vieille dame au regard tourné vers ses jeunes années, Abby, jeunne femme paralysée par un drame intime et Cameron, ayant toutes les difficultés à abattre les défenses d'Abby, peuvent se transposer partout ailleurs dans le monde, le charme de ce roman réside bien dans ce personnage essentiel: l'Australie, sujet magnifié par le travail d'Abby, que nous apprenons à connaître, et l'évocation nostalgique des souvenirs de Daphne.

Les personnages sont attachants, chacun portant le deuil: Abby avec sa maman, Daphne avec son époux, son fils et certaines occasions manquées, Cameron avec son éducation sans affection. Les caractères sont bien travaillés et les émotions délicatement retranscrites.

L'auteur nous parle avec pudeur et finesse des relations entres « blancs » et aborigènes, peut-être trop succinctement d'ailleurs. La préoccupation écologique actuelle est aussi abordée mais avec davantage de profondeur et d'investissement.

Je suis tombée sous le charme de cette balade dans les grands espaces majestueux, cette nature, témoin de la folie des hommes, qui sans cesse s'adapte mais s'impose toujours, dans ses couleurs profondes, ses senteurs d'eucalyptus, sa sérénité et sa liberté…

Je vous invite donc pour un superbe voyage en Océanie, aux côtés de Daphne, Abby et des kangourous!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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