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Critique de PhilippeCastellain


Alfred de Vigny, de nos jours, c'est un nom sur une liste de lecture au bac. Un romantique quelque part dans le tas entre Nerval, Chateaubriand et ainsi de suite. Y compris pour moi. Mais j'ai voulu combler ce manque, et j'ai bien fait.

Chatterton' est une petite pièce complexe et fort surprenante. Un jeune poète a trouvé refuge dans une misérable chambre garnie. Bien qu'issu d'une famille riche, son père vient de mourir en le laissant ruiné. Ses vers magnifiques l'ont rendu célèbre, mais ne lui ont presque rien rapporté. Ses amis d'Oxford aux vêtements cousus d'or lui sont devenus insupportable, et il a fui pour essayer d'échapper à la misère. Mais la famille où il a trouvé refuge est pour le moins originale. le maître des lieux, John Bell, fait partie de la jeune classe montante des industriels. Dur, brutal, impitoyable, il règne sans pitié sur ses ouvriers, et terrifie ses enfants et sa jeune épouse.

Celle-ci, mistress Bell, est un personnage extrêmement intéressant. Très pieuse, généreuse, aimante avec ses enfants, elle se débat avec désespoir dans un mariage qui l'écrase, et dans une société à l'image de son époux. On est témoin de ses peurs, de ses plaintes et de ses révoltes amères auprès de son unique confident : le quaker.

On ignore son nom, il n'est désigné que par ce sobriquet impersonnel pour souligner que, à l'instar de Giminy Criquet, il n'est pas vraiment un personnage, mais plutôt l'âme et la conscience de la maison. Celle de John Bell surtout à qui, dans un dialogue magnifique, il n'hésite pas à dire ses quatre vérités – que ce dernier accepte avec cynisme. Pourquoi un quaker ? A l'époque, ce courant du protestantisme représente une sorte d'idéal de pureté, réputé pour ses valeurs de bienveillance, de compassion et de désintéressement.

Bien que romancée, la pièce s'inspire d'une histoire vraie : celle du poète Thomas Chatterton, qui s'empoisonna à dix-sept ans plutôt que de mourir de faim. Tout comme ce dernier, elle mérite d'être tirée de l'oubli ; car elle est bien plus qu'un hommage.
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