Quand il se réveilla, il y avait de l'encre violette autour des feuilles des arbres, le ciel se teintait doucement. Des fusains d'hommes et de femmes passaient sans s'arrêter.
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Il se contenta d'examiner la lune. Elle ressemblait à une faucille désenmanchée posée sur un immense établi nocturne.
Il aimait bien les cons à condition qu'ils soient conscients de leur connerie.
“Dvanov pouvait ressentir la grande transparence des sentiments sans pouvoir en saisir la naissance. Ils modelaient le visage de cette femme, la livraient à une fureur douce et intérieure, l’éloignaient des êtres et des choses et, peut-être, de ce qu’il était. On ne peut pas caresser un parfum. Voilà ce dont il était sûr. On ne peut pas caresser un parfum.”
- Tu as beaucoup de chemins quand tu parles, avait dit Dvanov.
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Dvanov s'éveilla pleinement avec des craquements d'os et un soupir qui le vida de tout son mauvais songe. Il salua la compagnie et renifla l'air du dehors. Il choisit une rue en écailles de tortue. Elle se tortillait entre de vieilles maisons à colombages, s'élargissait ou se réduisait, selon les règles que s'impose un ruisseau quand il doit franchir divers obstacles. Lorsque les ruisseaux sont pavés de bonnes intentions, ils forment une place.
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Une colère d'étourneaux claqua et s'éleva pour s'abattre comme une pluie noire un peu plus loin.
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Ils se dirigèrent vers la gare. Une imposante bâtisse blanche avec des toits en cuivre avalait et recrachait une impatience triste et humaine.
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Tous les deux lorgnèrent par la fenêtre. Du bleu et du vert dansaient derrière la vitre sale, sans doute un arbre avec des carreaux de ciel, et l'idée du matin se répandit à l'intérieur de la cuisine. Dvanov ouvrit la porte. Il s'attendait au chant de la lumière, à cette rage qu'elle a d'égaliser les objets disparates et de soumettre ce grand troupeau que sont les formes d'un paysage à une connivence cuivrée et muette. Or, il n'en était rien. Au lieu du cuivre et du zinc, la violente pâleur du ciel gris s'étirait avec les muscles noirs et maigres des arbres lorsqu'ils ont pleuré sous la pluie.
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Les petits cons travaillaient pour les grands cons et la servitude humaine était sans limite.