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Critique de pasiondelalectura


Le titre du livre fait partie d'une belle phrase de Raymond Queneau… »cette brume insensée où s'agitent des ombres, comment pourrais-je l'éclaircir? » Déjà Georges Perec s'en était servi dans l'épigraphe de W ou le souvenir d'enfance.

Voici un autre ouvrage dans le style facilement repérable de Vila-Matas devenu le Pape de la méta-littérature avec citations et auteurs à tire-larigot.
La teneur du livre ne comporte pas beaucoup d'action, à part la longue promenade réflexive de Simon Schneider Reus à Cadaquès qui va durer 130 pages sur les 309 qui comporte le livre (digressions fort intéressantes sur la littérature et autres sujets mineurs).
L'espace temporel est donné par les manifestations catalanes de fin octobre 2017 au sujet de l'indépendance. C'est pendant ces 3 journées (27 au 29 octobre) que l'action de ce roman se déroule, mais la partie politique n'est pas abordée ici, c'est juste une toile de fond temporelle.

Nous avons deux frères, Rainer Schneider Reus connu comme Grand Bros (comme la Warner Bros?), un ancien écrivain catalan médiocre jusqu'à son exil, il y a 20 ans, à New York où il deviendra un best seller après 5 romans et un auto-marketing comme écrivain fantôme à la façon d'un Pynchon.
Grand Bros a un frère, Simon, aussi médiocre écrivain qui a arrêté l'écriture pour devenir son nègre, son ghost writer. Non seulement c'est le fournisseur en citations en tout genre, mais aussi il lui refile de la méthodologie en style et des suggestions structurales pour ses livres.
Pour un travail que dure (et qui marche !) depuis 20 ans, Grand Bros le paye des clopinettes et en plus, le maltraite, le snobe et lui colle tous les épithètes existants pour le traiter de médiocre.

Au bout de 20 ans Grand Bros va solliciter une rencontre à Simon, à Barcelone, afin de « parler affaires ».
Ces retrouvailles n'auront rien de chaleureux. Simon ne reconnait pas son frère, (et s'il s'agissait de Pynchon?). En tout cas, la première chose que Grand Bros abordera, ce sera de savoir si le père, décédé depuis peu, ne lui a pas laissé quelque chose en héritage…Ils ne parleront pas de grand chose et Rainer poussera le culot jusqu'à demander à son souffre douleur de frère d'écrire un livre sur cette rencontre.

J'ai eu l'impression que ces deux frères étaient le pile et face d'une même monnaie. Comme si l'auteur se projetait tantôt dans l'un, tantôt dans l'autre. Parce que à tous les deux, ils incarnent si bien tout l'univers « vilamatiano » et ses antagonismes : anonymat et célébrité, se montrer et disparaitre.
Le fil conducteur du livre se situe autour de la question: continuer d'écrire ou arrêter? Avec cette oscillation entre deux consciences, celle qui a la foi de l'écriture et celle qui s'incline vers un certain mépris et un arrêt radical.

Les personnages féminins dans le livre sont inexistants, non approfondis. Aucune personnalité féminine n'émerge du brouillard, même celle de la tante Victoria, annoncée comme un summum d'intelligence.

Encore un livre consistant de cet auteur catalan qui a maintenant un style propre et reconnaissable, une fine ironie moqueuse envers le lecteur qui, disons-le, sort KO de la lecture.

Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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