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Critique de Macabea


Ordesa est un roman désarmant, plein d'humour et d'une tonifiante ironie, dont on n'en sort pas indemne. Manuel Vilas convoque ses souvenirs. ‘Le souvenir allume une lampe', écrivait Borges, le souvenir est exigeant. Il raconte son histoire. Son récit dense, serré, loin d'être un lamento inlassable, un mea culpa plombant et improductif, est un appel d'air bienfaisant. Il y a des passages à mourir de rire, d'autres, d'une irrémissible désolation; des envolées inattendues à vous couper le souffle avec des situations cocasses et insolites. Un mélange bien assemblé de registres et de genres, dans une langue souple et coulante, très agréable à lire.
Il refuse le dualisme et discourt sur tout sans complexes ou fausses hontes. Il nous parle de la mort, du sentiment de déracinement dans un monde mondialisé, de la perte de repères de la personne vieillissante. C'est en quelque sorte un exutoire qui lui permet de suppurer la douleur d'un impossible deuil.
Pour Vilas, ce récit est une lettre d'amour et de reconnaissance à ses parents disparus. En vérité c'est beaucoup plus que ça.
Une voix unique et tonitruante. Un récit d'une sincérité implacable. Intrépide et transgresseur. J'ai souvent pensé en lisant ce livre, à ce que disait Genet à propos de la lecture :"si je n'écris pas Les Frères Karamazov en même temps que je lis, je ne fais rien."Je lisais quelques pages, puis je m'arrêtais pour méditer, soupeser, en attendant que ça fasse son effet. C'est une lecture qui m'a apportée, qui m'a pris du temps, le temps qu'il faut, son histoire c'est aussi la nôtre, qu'il raconte d'une manière bouleversante, libératoire et vigoureuse.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un ouvrage de cette carrure, qui nous brise le coeur et nous soulage à la fois.
Si la vérité, dont nous parle ce livre nous tient en haleine du début jusqu'à la fin, c'est parce que, comme dirait Joan Manuel Serrat « nunca es triste la verdad, lo que no tiene es remedio. »




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