Ordesa est un livre mélancolique et profondément émouvant. L'auteur, la cinquantaine, a perdu ses deux parents et il observe les émotions qui le traversent et le questionnent, sans apitoiement. Il est le dernier gardien de l'histoire de sa famille, de celle de ses parents et de leurs parents. On sent le poids de ce fardeau, la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir continuer seul. Son amour parental est beau, immuable. Il est pure aussi, il aime malgré l'imperfection et les maladresses. La persistance de cet amour contraste avec les bouleversements liés à la perte. L'auteur replonge dans son enfance, sublimant ces instants au goût d'éternité. C'est peut-être cela le vrai bouleversement : réaliser que rien ne dure, que tout s'étiole.
C'est une lecture qui déterre des vérités qu'on préfère cacher. C'est une lecture sur la mort, la fugacité de la vie et de ceux qui nous sont chers.
J'aurais aimé que Manuel Vilas creuse un peu plus ces souvenirs d'enfance, qu'il nous donne plus à voir les racines de l'amour inconditionnel qu'il ressent pour ses parents. Mais cette absence ne fait que finalement renforcer l'inconditionnalité de son amour. Il est né en aimant ses parents et il vivra le reste de sa vie ainsi.
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