Vers 19 heures, Sylvia et Louna descendent la rue des Gardes, puis celle de la Goutte d’Or. Une partie de foot est improvisée par les gosses du quartier dans l’artère frileuse. Un mur orange est maculé d’un tag qui crie ON VOUS TUERA TOUS. Elles entrent dans un bar modeste. Louna n’a pas réajusté son foulard. Ses cheveux libres lui donnent l’allure d’une adolescente.
Hugo remise son scooter dans une rue à quelques pas du musée d’Art contemporain qui propose, à la feignasse, un focus sur Antoni Tapiès puis il rejoint dans une brasserie aux murs carrelés ses amis Alcaraz, Montoya et Bello.
Les musiciens discutent job et musique à voix basse au bar.Ils prennent enfin une table pour quatre et se font porter deux bouteilles de barbera. Sur la piste quelques touristes éperdus, des ploucs de province et trois couples endimanchés, se bougent le cul avec componction.
Elle voit passer une humanité dont elle ignorait tout. Une fille au nez cassé flanquée d'un vieux mec responsable d'un doberman en laisse, un quarteron de concierges s'échangeant des poubelles vertes, des enfants très polis portant l'uniforme d'une école privée, et un homme trop mince, sanglé dans un pantalon rose, occupé à imiter Céline Dion.