Chaque année, même chose, même phénomène. Une humeur maussade, envahissante, en identique répétition. Le commissaire Jens Holtan avait toutes les peines du monde à
s’extirper de l’hiver. Ce qu’il aurait souhaité, en fait, c’est que le temps se fige une bonne fois pour toutes sur les printemps glacés et les brouillards sans fin.
Une heure, immobile, calé dans son fauteuil,
à observer le bleu du ciel à travers la fenêtre
coulissante.
Une heure à guetter l’arrivée improbable
d’un nuage, à attendre, sans un bruit, sans un
mouvement, une once de perturbation dans
ce satané ciel d’été. Une vague promesse
d’assombrissement.
– Sauf que Sherlock, lui, à la question de savoir comment quatre individus peuvent se suicider à l'insu
de leur plein gré, il aurait une réponse.
Trois types, qui plus est trois fortes personnalités, qui se laissent gentiment convaincre de se donner la mort.
Décidément, cette jeune femme sortie tout droit de l'école de police ne manquait pas d'opportunisme.
Encore moins d'un sens aigu de l'initiative et de l'écoute.
A peine l'enveloppe ouverte, Holtan sut que le jour avait changé de couleur. Sur sa nuque, un frisson, un tremblement de chairs, ténu. Et si l'hiver n'avait pas dit son dernier mot...
- Carcassonne...D'origine espagnole...Grands-parents républicains j'imagine ? Débarqués en France à la fin de la guerre civile, c'est ça ?
- Disons plutôt en pleine guerre civile. Mais si ça vous intéresse, il faudra que je vous raconte toute l'histoire d'un peuple, vous savez. Mais il y en a pour des heures...