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Critique de lebelier


1.BUCOLIQUES

Ecrit en hexamètres dactyles, les Bucoliques sont une série de chants assez courts, en dialogues et en monologues, lamentations et exaltations de jeunes bergers (Mélibée Tityre, Alexis…) perdant leur troupeau ou leur amant, à la gloire de la campagne de la Rome antique. Texte fondateur qui inspira la trilogie de Pan de Giono mais aussi Pagnol qui fut l'un des nombreux traducteurs de Virgile.
Ici, dans cette édition Folio c'est Paul Valéry qui s'y colle. Pour traduire un poète, il fallait bien un poète. La métrique de Valéry est précise, en alexandrins et en vers blancs, on imagine bien ce vert paradis rêvé par Virgile dans lequel il raconte une part de sa vie et remercie ses mécènes, Mécène justement. Il utilise la métrique de l'épopée et convoque quelques mythes grecs pour agrémenter le tout. le latin de Virgile, en regard de la traduction de Valéry me semble à la fois simple et bien agencé. C'est cela que j'ai admiré : cette versification parfaite qui peut presque rassurer sur son niveau de latin car, Valéry l'écrit lui-même à la fin du volume dans « Variations sur les Bucoliques », sa connaissance du latin n'allait pas au-delà du lycée et n'était qu'un souvenir lorsqu'on lui a proposé cette traduction.
Arbres odorants, cigales, lait des brebis, printemps éternel, flûtes des bergers qui préludent, labours, moissons, rivières enchantées c'est un concentré de nature méditerranéenne qui s'offre au lecteur. C'est un monde imaginé où les nymphes habitent encore les arbres, les dieux de la nature qui se donne participent aux activités des hommes qui s'ébattent sous un soleil bienfaisant. Virgile recrée à son goût les poèmes de Théocrite faisant de la Rome augustinienne, une héritière des mythes grecs auxquels le Latin ajoute quelques lettres de noblesse.

2. GEORGIQUES

Divisé en quatre parties, les Géorgiques sont considérées comme une sorte de traité d'agronomie en vers. La première partie traite des moissons et comment rendre son champ fertile, la deuxième s'intéresse aux arbres, aux vergers, aux greffes, la troisième est consacrée aux troupeaux, aux animaux de la ferme, moutons, vaches etc. et enfin dans la quatrième Géorgique, les abeilles sont à l'honneur et comprend une digression du côté de la mythologie avec l'histoire d'Aristé qui perdit ses ruches pour avoir poursuivi Eurydice et causé indirectement sa mort, car, dans sa fuite, elle marcha sur un serpent venimeux qui la tua. Suit toute la narration d'Orphée aux enfers qui va récupérer sa moitié mais cause aussi sa perte en se retournant.
Souvent mis à la suite des Bucoliques, les Géorgiques n'ont, dans cette édition, pas le même traducteur. Ici il s'agit de l'abbé Delille, latiniste distingué du XVIIIe siècle, donc celui des Lumières dans lequel le savoir encyclopédique avait son importance et dans lequel aussi les physiocrates représentaient un mouvement non négligeable. le texte de Virgile est traduit en alexandrins rimés, à mon sens un jeu dangereux pour qui n'est pas vraiment poète. Autant Valéry a relevé le défi avec les Bucoliques, autant cette traduction des Géorgiques me paraît pompeuse et emphatique. de plus je soupçonne le brave abbé d'apporter de l'eau à son moulin en décrivant une nature toute empreinte de divinité et de valeurs chrétiennes. le texte est donc assez vite ennuyeux et endormant.
On remarque que le texte latin de Virgile est d'une grande concision et la mise en miroir des deux langues montre combien le traducteur en rajoute jusqu'à déplacer certains passages.
Intéressant mais à lire dans une traduction moins éloignée du texte latin.

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