Évidemment c'est un récit insolite, celui de Paul ou plutôt de Suzanne dont la photo orne la couverture du livre, de la BD de Chloé Cruchaud ou du film d'
André Téchiné.
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La garçonne et l'assassin” est l'étude sociologique d'un fait divers.
Quoi de plus sérieux que le CNRS dans lequel travaillent les auteurs,
Fabrice Virgili et
Danièle Voldman, pour attester du sérieux de cette recherche historique minutieuse menée dans les archives et journaux de l'époque.
Le livre a le défaut de ses qualités : sérieux, documenté, analytique, crédible, émaillé de moultes interrogations, mais il n'a pas le lyrisme de “Mauvais genre” et de “Nos années folles”qui s'en sont inspirés.
Les auteurs décortiquent les traces et documents d'un fait divers sulfureux, celui de Louise et de Paul. Blessé au doigt durant la première guerre mondiale, ce militaire fut soupçonné de s'être mutilé volontairement par les autorités militaires qui voulurent le renvoyer au combat.
Paul se travestit alors en Suzanne pour couvrir sa désertion et devient façonneuse de bretelles à domicile. “Ils s'affichaient comme un couple de garçonnes, deux femmes qui s'aimaient et vivaient ensemble”.
Leur revenu était réduit mais “sur les 32 francs qu'elles gagnaient à elles deux par semaine, Louise laissait à Suzanne huit francs pour ses poudres de riz et ses crèmes.”
Mais l'histoire ne s'arrêta pas là. Amnistié en 1925, Paul supporta mal son retour à la masculinité, il avait franchi la ligne de démarcation !
Je vous laisse découvrir cette suite, évitant le risque de spoiler trois oeuvres!
C'est un peu la société française au sortir de la guerre qui est analysée à travers le prisme de cette affaire, une “ page saisissante des vices modernes de l'après-guerre" que plaidera l'avocat Maître Garçon, qui ne défendait pourtant pas la garçonne mais l'assassin.