A ma décharge, je n’ai jamais, au grand jamais, adhéré au mouvement hippie. Déjà, ces gens étaient sales. C’était à se demander quand ils se lavaient exactement, car leurs cheveux étaient toujours gras et ils sentaient en permanence la transpiration. Et c’était sans compter l’odeur de la drogue qui les enveloppait entièrement. Vraiment pas pour moi… Et puis ils étaient envahissants. Ils n’avaient vraisemblablement jamais entendu parler de l’espace vital. Et leurs vêtements… Est-il vraiment nécessaire de décrire ces loques informes faites mains aux couleurs plus qu’approximatives ? Vous vous douter bien que je ne me suis pas abaissée à boire à sa veine. Un sang aussi chargé de cochonneries en tout genre ne peut qu’être nocif pour un vampire aussi épris de contrôle que moi. Imaginez un enfant de la nuit soumis à diverses drogues et alcools…
Le progrès n’a pas que des inconvénients. Et la révolution internet est un progrès considérable. C’est fou le nombre d’informations personnelles que l’on peut y trouver. Avec tous ces sites servant de réseaux entre amis comme Facebook, Instagram ou Snapchat, c’est un jeu d’enfant ! James semblait être un gentil garçon. Gentil et célibataire, ce qui allait me simplifier grandement la tâche. Une petite amie aurait constitué un obstacle de taille. Loin de sa famille actuellement, il menait une vie calme et prévisible. Il avait peu d’amis, et ceux-ci demeuraient tous à plus d’une heure de route de son domicile. Les proies isolées sont plus faciles et plus amusantes à chasser. Personne à qui se confier, personne chez qui se cacher. J’adore ça !
Je ne comprendrais jamais comment on peut vivre sans avoir au moins quatre moyens de locomotion et cinq pied-à-terre ! J’avoue que pouvoir lire dans les esprits me donne un net avantage sur le quidam moyen. Cela m’avait bien des fois permis de trouver où les humains les plus aisés dissimulaient bijoux et œuvres d’art, de connaître les combinaisons de tous les coffres des plus grandes banques du pays, sans parler de détourner à mon profit les virements ayant pour finalité le financement d’activités terroristes. Merci le dark web !
La liberté d’expression m’a toujours fascinée, sans doute parce qu’à l’époque de ma naissance, cette notion était encore complètement abstraite. Lorsque le King Edward avait été ouvert à la fin du XIXème siècle, ce fut tout naturellement que je décidais de faire un petit détour dans ma promenade habituelle, histoire de visiter un peu. J’avais entendu dire que les officiers blessés de la guerre des Boers y étaient soignés. Et le sang de combattants était si délicieusement sauvage que je ne pouvais y résister !
Les humains sont certes idiots dans l’ensemble, mais je ne voudrais pour rien au monde d’une troupe furieuse à mes trousses. Non, je lui ai simplement brisé les cervicales. Net, propre, rapide. Enfin propre, j’ai quand même dû le toucher… Brrr ! Rien que de repenser à cette époque, j’en ai des frissons de dégout dans le dos.