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Critique de Bookycooky


En 2016, Sergio Cabrera a soixante-six ans, marié trois fois (très bel homme , voir photo sur internet😊), quatre enfants, né à Medellin, a vécu en Chine, combattu dans la guérilla en Colombie et travaillé en Espagne et ne croit pas en Dieu. Cinéaste, fils d'une famille de militaires qui n'avaient pas appuyé le coup d'Etat de Franco, en exil en Colombie, il revient dans son pays d'origine à l'occasion d'une rétrospective de ses films à Barcelone, lorsque meurt son père Fausto, figure célèbre du monde du théâtre , du cinéma et de la télévision colombienne. « Rétrospective » est un retour vers le passé de la famille Cabrera, du père, de la soeur et du fils. de la guerre civile en Espagne à l'exil en Colombie, de la Révolution culturelle en Chine aux mouvements de guérilla dans les années 60 en Colombie, une expérience extraordinaire basée sur des faits et personnages réels. Sergio fut un disciple de son père, et tout ce qu'il accomplit dans la vie il l'a pu grâce au fait qu'il grandit dans son monde, mais chose étonnante ses souvenirs même édulcorés , dans l'ensemble résultent négatifs….pourtant en découvrant l'enfance et l'adolescence de Sergio on comprend vite d'où vient cette amertume envers un père et je dirais même une mère qui ont fait payer leurs propres conflits morals et émotionnels à leurs enfants.

Dans son dernier roman l'auteur colombien Juan Gabriel Vasquez revient sur son obsession de l'expérience personnelle mêlée étroitement aux oscillations de l'Histoire. Il connut Sergio Cabrera en 2002, alors qu'il était déjà un fervent admirateur de ses films et ils devinrent amis. C'est ainsi qu'il apprit la vraie histoire rocambolesque de la famille Cabrera qu'il eut envie de réécrire l'enrichissant par le biais de la fiction. Car pour Vasquez la littérature est un moyen pour éclairer le côté invisible de la réalité, « le côté émotionnel ou psychologique, parfois moral, des éléments historiques et sociaux qu'on ne peut pas atteindre autrement. ». Un moyen qui permet de découvrir les mécanismes cachés «  trouver les questions les plus justes », même si elle n'y apporte ni réponses ni solutions. A travers l'histoire intime de Sergio et sa famille prise dans les griffes des forces de la grande Histoire dont les grandes idéologies ont sillonné le XXè siècle : le Socialisme, le Communisme et le Marxisme, on suit l'évolution de ces derniers confrontés à l'illusion suivie de l'espoir pour en finir avec la déception, magnifiquement contés dans les deux épisodes majeures du livre, celles de la Chine maoïste , pays des moutons de Panurge et celle de la guérilla maoïste colombienne. On y retrouve la confusion et la paranoïa de l'organisation du régime maoïste déjà entrevue dans des romans chinois comme «  Nous qui n'étions rien » de Madeleine Thien, idem pour l'organisation de la guérilla maoïste colombienne. Sont aussi présentes certaines pages de l'histoire de la Colombie déjà sujets des livres précédents de l'auteur comme l'assassinat du leader libéral Jorge Elicer Gaitan de son sublime roman « Le Corps des ruines », mais aussi des personnages célèbres de la littérature, de la peinture, du cinéma, dont le médecin Hector Abad Gomez , le père de l'écrivain Hector Abad Faciolince le superbe personnage de son magnifique livre « L'oubli que nous serons », Fernando Botero,….amis de Fausto, Louis Malle
L'homme dans son essence ne change pas, son ego, sa jalousie, sa cruauté, sa cupidité, ses instincts bestiaux refont très vite surface quelque soit l'idéologie choisie, capitaliste, maoïste, communiste, fasciste….et quelque soit la pureté des idéaux du départ. Même si on part d'un bon pied avec de bonnes intentions les circonstances font éclore très vite son côté maléfique.
Je viens de lire le cinquième livre de ce grand auteur, Vasquez est unique et comme toujours passionnant !


« Quand la lumière faiblit et que tout s'assombrit, disait-il souvent, la seule façon de ne pas se perdre consiste à regarder derrière soi. La lumière qu'on laisse nous indique qu'une autre nous attend. »

« Le chemin se fait en marchant

Le chemin se fait en marchant

Et quand tu regardes en arrière

Tu vois le sentier que jamais

Tu ne dois à nouveau fouler… »
(Antonio Machado)




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