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Critique de JacquesBonhomme


Une belle première page. Un livre toujours aussi bien mené du point de vue du style, quoiqu'un brin agaçant par le côté " je fais des allusions pointues à l'histoire ou a la Bible mais je ne précise rien parce qu'on est entre happy few et nous nous comprenons". Un brin agaçant donc, néanmoins je comprends l'intérêt de ce choix dans l'économie du récit. Mais ce côté clin d'oeil me laisse un peu sur le bord (même si je connais assez bien ce thème). Au moins il y a du fond dans ces 68 pages, à condition d'être déjà bien réveillé sur le sujet ou de compulser quelques ouvrages.

Le fond historique et religieux est solide - on est pas chez Dan Brown - mais il est au service d'un propos - c'est bien de la littérature et pas un livre d'histoire. Un historien de formation sera probablement un peu chatouillé par certains biais, rapprochements, élagages. Tout d'abord le propos est social, par conséquent les explications sont sociales et les clefs de compréhension religieuses semblent plutôt reléguées dans le décor et les accessoires du film en costume sombre. Ensuite, peut-être est-il plus chic de citer des hérétiques anglais du Moyen-Âge peu connus de notre côté de la Manche que de balancer la tarte à la crème cathare, les Vaudois ou même faire une allusion au Franciscains. Évidemment le bonbon aurait été moins joli et le propos moins bien servi, c'est de la littérature.

Sur l'impression générale, décevante et je n'en suis pas fier, j'ai plutôt eu l'impression d'un "14 juillet le retour". Je crois y voir plus ou moins le même esprit de déclaration d'amour à la révolte populaire par l'exhumation de l'histoire perdue. Cependant il ne me semble pas que soit présent le même souffle que dans 14 juillet, avec ses listes de noms, ce travail plus évident sur le document et un propos qui m'était apparu moins forcé. Il y avait me semble-t-il dans 14 juillet une déclaration d'amour qui ne voulait pas s'embarrasser de détails négatifs. Là le traitement de la guerre des pauvres est je crois plus franchement irénique.

Ce qui m'a amusé enfin c'est que ce martyrologe passe sous silence les événements, postérieurs d'une dizaine d'années de la révolte de Münster.
L'auteur saisit toutes les occasions de jouer sur les variantes du nom de Thomas Müntzer (étymologie, homophonie), mais pour cette autre révolte anabaptiste (un tantinet difficile à présenter d'un point de vue irénique) silence radio. Encore une fois je comprends (économie du récit, clarté du message, ombre immense de Marguerite Yourcenar et de son Oeuvre au noir) mais cela m'agace.
Évidemment la comparaison peut paraître injuste ou spacieuse du point de vue du sujet et le combat est totalement inégal avec Yourcenar, mais je n'ai pas pu ne pas y penser.
J'attends le prochain Vuillard qui nous avait a priori habitués à mieux.
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