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Challenge plumes féminines 2021 – n°16

Livre reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique. La couverture m'a beaucoup intrigué, toute de bleue vêtue. le résumé a fini de me convaincre de l'ajouter à ma longue liste de choix. C'est le premier roman de cette auteure et j'espère découvrir un univers vraiment à part.

Le début est très intrigant avec ce peuple perdu sur une île et entouré de règles très strictes liées à la survie. J'aime beaucoup comment l'auteure a construit son histoire et son alternance de personnages. La magie qui opère sur cette île est très originale mais également très complexe et très réglementée. Tout le monde n'a pas forcément le droit de vivre comme les autres. Certains ont également plus de pouvoirs que d'autres, ils peuvent s'octroyer des bénéfices que d'autres n'auront jamais. Malgré l'univers très original et à cause de la fatigue, je n'avançais que de quelques pages par jour dans l'histoire, je l'ai donc abandonné temporairement pour pouvoir le finir pendant le week-end et au calme. Il m'a fallu un peu de temps pour me remettre dans l'histoire et de me rattacher aux personnages. J'ai quand même une préférence pour la Main. J'ai eu un coup de coeur pour l'univers qui est unique mais, je ne sais si c'est dû à la fatigue, j'ai fini par perdre le fil de l'histoire et à avoir du mal à lire certains passages. L'auteure reprend les tares de l'humanité pour faire son histoire, j'ai trouvé ça un peu dommage car le reste était rempli d'imagination même si les personnages restaient assez manichéens. J'aurais aimé avoir une histoire originale de bout en bout, j'ai donc été un peu déçue par les évènements qui se produisent à certains passages. L'alternance des personnages et de certains écrits permet malgré tout d'avoir une vue d'ensemble de ce monde en miniature.

Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une excellente découverte, la fin rehausse un peu le milieu de cette histoire. Elle reste malgré tout une nouvelle auteure à suivre si elle continue à écrire. Je remercie donc Babelio et Folio SF pour l'envoi de ce roman. Je conseille aux amateurs de SF de découvrir cette auteure et son univers original.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Pour ses 20 ans, Folio-SF a eu une idée pour le moins originale et enthousiasmante : organiser un concours d'écriture pour publier un premier roman français d'imaginaire.
Un an plus tard, après moult débats, voici donc la lauréate et son oeuvre : Chris Vuklisevic pour Derniers jours d'un monde oublié !
Au programme : de la fantasy où noirceur et anachronisme(s) cohabitent, des personnages fascinants bourrés de surprises et un univers original prêt à s'ouvrir au monde…et aux lecteurs curieux !

Un île perdue
Terre en vue ! Terre en vue !
Tout commence par la découverte par Erika et ses compagnons pirates d'une île inconnue en plein milieu du Désert Mouillé.
Inconnue, vraiment ? En réalité, Sheltel a disparu plus de trois cents ans auparavant, durant la Grande Nuit.
Sous l'implacable autorité de Kreed, la capitaine du vaisseau pirate La Couronne, Erika fait route vers ce mystérieux îlot.
Sur Sheltel règle le Natif, sorte de roi affligé d'une bénédiction (ou une malédiction, qui sait ?) et dont le corps se couvre d'écailles reptiliennes à moins de s'enduire d'une substance appelé Prystine.
Seul le roi a le droit d'arborer ces écailles, les malheureux qui s'en retrouvent affublés sont impitoyablement punis.
La population de Sheltel se divise en deux ethnies : les Dusties (peuplant Dust, la principale ville de l'île) et les Ashims (rescapés de la Grande Nuit échoués sur Sheltel et qui y ont trouvé refuge dans des conditions pour le moins précaires).
La toute-puissance des Natifs est remise en cause depuis quelques années par l'influence de la Bénie, sorte de prêtresse d'un culte pour miséreux sous la coupe d'un vieux marchand du nom d'Arthur Pozar.
Pour réguler sa population, Sheltel abrite également une figure particulièrement terrifiante : la Main. Considérée par beaucoup comme une sorcière, la Main et ses Phalanges (au nombre de cinq : Petit, Anneau, Majeur, Index et Pouce) tiennent l'arbre généalogique de l'île d'une poigne de fer, depuis ses racines jusqu'à ses branches naissantes…et parfois pourries.
Car dans un espace clos comme celui de Sheltel, la consanguinité guette et les naissances monstrueuses se doivent d'être promptement éliminées…
Dans cette société à l'équilibre précaire, l'arrivée des pirates risque de tout remettre en question car derrière Erika, Kreed et les siens, le monde attend.
Chris Vuklisevic construit son roman par petites touches, alternant trois points de vues : celui d'Erika, celui d'Arthur Pozar et celui de la Main.
Entre ces chapitres, la française intercale des documents divers, de la proclamation officielle à l'extrait de journal en passant par la missive privé et la publicité. D'aspect anodin, ces ajouts prennent pourtant toutes leurs importances mis en rapport avec le reste, ajoutant des éléments historiques et sociaux, annonçant certains développements de l'histoire sans passer par des pages et des pages d'explications et, surtout, jonglant entre anachronisme, humour et noirceur. le lecteur sera ainsi surpris de trouver parfois des publicités ou des pages de journaux étrangement proches des nôtres dans le ton comme dans la forme. Un décalage qui permet le sourire dans un monde pourtant au demeurant infiniment cruel.

Vivre en reclus
En effet, bien loin du conte de fée ou du récit feel-good, Derniers jours d'un monde oublié vous parle des méfaits du repli sur soi et des conséquences de la mainmise des puissants sur un peuple pris au piège. Sur Sheltel, la probabilité de marier son cousin ou son demi-frère n'a rien d'exceptionnelle. Pour maintenir l'équilibre (et un pool génétique acceptable), la Main tue les malformés et interdits les unions contre-nature. Cette sorcière régulatrice et sans pitié possède une autorité quasiment sans limite et ses acolytes, les Phalanges, s'assurent du reste. Car la menace génétique n'est pas la seule à peser sur Sheltel et Chris Vuklisevic nous parle également d'un autre danger que nous connaissons bien, celui de la surpopulation. Vivant sur un territoire congru avec des ressources (notamment en eau) très limitées, Sheltel ne peut se permettre la fantaisie d'une population pléthorique. Ainsi la Main, en sus de son penchant eugéniste, a également la charge de réguler la population en éliminant les inutiles ou en troquant la vie d'un parent contre celle d'un enfant. Évocation à peine voilée d'une problématique très actuelle (avec l'épuisement des ressources et la pression du réchauffement climatique), l'emploi de la Main fascine autant qu'il horrifie. Peut-on moralement accepter cette solution à un problème pourtant évident et incontestable ?
La tendance à vivre replié sur soi est l'un des traits fondamentaux de la société établie sur Sheltel. L'arrivée des pirates va donc permettre la découverte d'un autre monde pour ceux qui avait oublié l'existence d'un ailleurs et entraîner des conséquences forcément très importantes pour les puissants qui, jusqu'ici, régnaient sans partage sur l'île.
Le coeur du roman se retrouve donc dans cette ouvertures au monde et aux autres et sur ce que le changement peut avoir de terrifiant.

Une part de lumière au coeur des ombres
Ce qui permet pourtant à Derniers jours d'un monde oublié de se distinguer définitivement du tout-venant, outre sa langue affûtée comme une lame de rasoir, c'est la facilité avec laquelle Chris Vuklisevic construit des personnages cruels et apparemment inhumains pour finir par les humaniser même après les pires révélations.
Chacun des trois personnages que nous suivons exercent une forme de terreur sur le quidam moyen. Arthur, sous ses apparences de vieillard décati, contrôle le marché du Feu Origine (un feu éternel qui ne brûle pas), élimine la concurrence en enfermant les personnes avec des dons surnaturels pouvant lui faire de l'ombre au fond des sinistres cellules rouges, n'hésitant jamais à manipuler tout ceux qu'il peut pour asseoir son autorité. Erika, elle, vit dans la violence et tue sans même réfléchir depuis son enfance, comme une seconde nature. Enfin, la Main…fait ce que la Main doit faire, prenant la vie et l'espoir d'une famille, éprouvant les limites du tolérable et gardant son faciès monstrueux à l'écart du monde.
Pourtant, avec malice et subtilité, Chris Vuklisevic infiltre de la bonté et de la nuance à ces personnages en apparence monstrueuse. L'enfance d'Erika et sa volonté de liberté, les sévices endurés par la Main et sa soudaine humanité retrouvée face à une difformité qui lui rappelle la sienne, l'attachement d'Arthur à son petit fils aveugle et ses origines miséreuses, ici, rien n'est aussi simple qu'il n'en a l'air et la capacité à nuancer les personnages permet de sortir avec brio des stéréotypes du genre.
Mieux, l'autorité incarnée par chacun permet un message plus politique encore puisque la toute-puissance des uns et des autres repose sur la violence, la terreur et la cruauté. Mais que se passe-t-il quand tout cela ne suffit plus et que la révolte gronde ? Que se passe-t-il une fois que l'on se confronte à ses propres insuffisances ?
En filigrane, les marginalisés retrouvent une voix, eux qui, pourtant, possèdent des dons bien plus impressionnants et puissants que la plupart et qui semblent s'être convaincus eux-mêmes de leur impuissance et de leur nature indésirable. Et si l'oppression ne tenait qu'à l'illusion d'une infériorité entretenue par des puissants impitoyables et inhumains prêts à tout pour conserver leurs pouvoirs ?

Magistrale entrée en matière dans le monde de la fantasy, Derniers jours d'un monde oublié convoque une galerie de personnages tout en niveaux de gris pour peupler un univers fascinant au possible où la peur de l'autre et l'ouverture au monde s'affrontent dans une ultime confrontation lourde de sens. Chris Vuklisevic fait ainsi une entrée fracassante dans le monde de l'imaginaire.
Lien : https://justaword.fr/dernier..
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Lauréate du concours organisé par Folio SF pour les 20 ans de la maison d'éditions, Chris Vuklisevic livre son premier roman, une fantasy noire où les intrigues foisonnent.

L'Ile de Sheltel se dresse comme un phare au milieu des océans. Sur ce petit territoire, les habitants pensent être les derniers survivants de l'humanité, décimée par la Grande Nuit, 300 ans auparavant.
La population se divise en 2 clans : les Dusties qui habitaient l'île avant l'apocalypse et les Ashims, descendants des naufragés rescapés de la Grande Nuit.
Sur ce peuple qui cohabitent précairement, règne le Natif, un être réputé magique dont le corps est partiellement recouvert d'écailles.
L'isolement et le rationnement ont commencé à faire des ravages auprès des populations. Consanguinité, malformation des nouveaux-nés et le manque d'eau marquent le quotidien.
Aussi, le jour où un navire pointe les voiles à l'horizon, la révolution s'empare des habitants et divise les esprits. Certains y voient l'occasion de mettre un terme à leur isolement et à s'enrichir, comme autrefois grâce au commerce, quand d'autres déplorent déjà la fin de leurs traditions.

Un récit assez dur marqué par la cruauté des conditions de vie et des traditions qui ont permis à ce peuple de survivre sans s'entre-tuer.
J'ai aimé découvrir les différentes histoires de chacun des personnages. le gros point fort de ce récit est la dimension réaliste donnée aux protagonistes.
Ainsi, La Main, une sorcière aux pouvoirs mortels et les Phalanges, ses apprentis, ont endossé le rôle de régulateur pour les habitants. Chaque naissance doit donner lieu à un décès et les personnes les plus fragiles et les plus inutiles sont désignées au sein de chaque famille pour laisser la place à ceux qui naissent. Meurtrière, généalogiste, les qualificatifs ne manquent pas pour ce personnage sombre qui voit d'un mauvais oeil l'arrivée du navire et l'ouverture au monde qui se profile.
Arthur Pozar est commerçant et représente ceux qui voient l'espoir avec cette arrivée inespérée. J'ai aimé suivre ses intrigues et sa relation particulière avec la Bénie, une femme qui dirige un sanctuaire dédié aux enfants handicapés dont les parents ont les moyens de payer le placement.
Enfin Erika, la jeune pirate, est d'abord surprise de découvrir une île au milieu de nul part. Elle voit enfin l'occasion d'échapper à son enrôlement forcé et surtout, au capitaine Kreed, la capitaine du navire, aussi cruelle que rusée.
Trois regards différents sont ainsi portés sur les événements et le dynamisme du récit s'en ressent. L'écriture est fluide, le style plaisant et l'histoire est assez intéressante pour que l'on ne se lasse pas pendant la lecture.
Un bon moment.
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J'avais dit: je fais une pause dans l'imaginaire.

Et puis tout récemment j'ai lu de chouettes avis du thé pour les fantômes, fuck ai-je pensé, celui là aussi je l'aurais bien gagné lors de la dernière masse critique (forcément c'était mon thème préféré)(j'avais une belle liste d'envies) (mais there can be only one toussa) et j'ai lu également de bons avis de ce livre, que par chance je peux emprunter, alors zou, c'est parti on y va.

Le titre présage du funeste. Pourtant on l'oublie vite, plongés dans cet univers riche, généreux en types et caractères de personnages et leurs but distincts.

Il y a eu une presque fin du monde, depuis les habitants d'une île qui se croient seuls rescapés ont rebâti une hiérarchie, qui se partage l'amour de son peuple, qui s'octroie les richesses, qui les terres les plus fertiles. Sauf qu'un navire-pirates survient un jour, à la grande joie ou crainte des différents iliens.

J'ai trouvé que c'était très fort, les intérêts et croyances de chacun, l'équilibre précaire qui s'écroule de rien. Les deux mondes qui se confrontent et contemplent une situation qui leur semble impossible. J'ai particulièrement aimé suivre la sorcière, sorte de Moires à elle seule, qui doit justement affronter la perte de son pouvoir. J'ai aimé aussi Erika, jeune pirate, qui connaît le monde de son "Désert mouillé". Arthur, que j'ai appris à aimer sur la fin. Et puis surtout l'écriture. Belle, poétique parfois mais jamais élitiste. Une heureuse surprise. Un régal. Avec des petites pages de vies, decrets, messages qui donnent à l'ensemble quelque chose de très concret pour nous. Ça faisait longtemps que je n'avais veillé bien trop tard pour être raisonnable pour terminer un livre. Et ça fait du bien.

Il m'a manqué une chose. Qui n'aurait servi à rien. Une carte de Sheltel, l'île de ce roman.
Je vais la dessiner, demain, si je peux.
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En 2020, la collection Folio SF de Gallimard fêtait ses vingt ans et organisait un concours d'écriture au terme duquel elle proposait de publier le roman du lauréat. Cette lauréate, c'est Chris Vuklisevic dont « Derniers jours d'un monde oublié » est donc le premier ouvrage. le roman met en scène une île esseulée, Sheltel, persuadée d'être le seul endroit épargné après la Grande Nuit, une catastrophe à propos de laquelle on ne sait presque rien mais qui a des allures d'apocalypse. Trois siècles plus tard, la petite vie tranquille des habitants de l'île se voit bouleverser par une nouvelle incroyable : un navire mouille au large des côtes, preuve irréfutable qu'un monde existerait bien encore au-delà de ce territoire étriqué. Un monde dangereux pour certains, car il risquerait de remettre en cause les traditions séculaires de l'île, mais un monde plein de possibilités, notamment commerciales, pour d'autres. Trois personnages occupent le coeur du récit. La première est une femme qui occupe l'une des fonctions les plus prestigieuses et que l'on associe à une sorcière. Appelée la « Main » et appuyée par cinq assistants qui constituent ses doigts, elle est chargée de contrôler les naissances et les morts sur l'île grâce à son terrifiant pouvoir, la balance devant être parfaitement équilibré afin d'assurer la pérennité de Sheltel. L'autre est un vieux marchand, à la fois ravi à la perspective de l'ouverture de nouveaux marchés mais aussi profondément inquiet que les innovations techniques de ces étrangers ne soient d'une qualité supérieure à celles qu'il a conçu et ne viennent ainsi menacer son monopole. Enfin, on va suivre le parcours d'une jeune femme appartenant à l'équipage du navire mouillant au large et qui fait le choix de déserter pour échapper à l'emprise de la capitaine, responsable de la disparition de ses parents et qui n'hésite pas à l'utiliser pour distraire l'équipage en lui faisant affronter les matelots lors de combats sanglants. La sorcière. le vieux marchand. La pirate. le roman alterne entre les points de vue de ces trois personnages qui permettent chacun de mieux comprendre le fonctionnement de l'île et qui vont tous jouer un rôle dans son effondrement.

Car c'est à la disparition d'un monde que nous convie Chris Vuklisevic, près de trois siècles après la fameuse catastrophe ayant coupé l'île du reste du monde. L'action se déroule dans un temps très court, une dizaine de jours, et met en scène l'effondrement rapide des principales institutions de Sheltel et de sa classe dirigeante. Il faut dire que le monde que nous dépeint l'autrice est enserré dans un carcan religieux/magique et politique très étroit qui en font à la fois un enfer mais aussi une véritable poudrière. L'ambiance est sombre, certaines scènes se révélant même d'une cruauté qui met le lecteur mal à l'aise et ne lui donne guère envie de s'attarder dans un univers aussi barbare. La population est maintenue dans un état de quasi servitude, soumises aux règles drastiques du pouvoir en matière de restriction de l'eau, de circulation, ou encore de mise à l'écart des personnes possédant la capacité de générer du feu (emprisonnés car risquant là encore d'inquiéter le monopole commercial des feutiers, corporation spécialisée dans la pyrotechnie). La régulation des naissances y est également terrible puisque les enfants possédant la moindre malformation sont supprimés tandis que chaque famille doit choisir à la naissance d'un enfant s'il le laissera mourir ou si un membre plus âgé se sacrifiera pour lui. On a dans un premier temps bien du mal à comprendre le fonctionnement de l'île, l'autrice disséminant ses informations de façon très parcellaires. Les petits apartés qui précèdent chaque chapitre (articles de presse, annonces, publicités, documents officiels…) aident souvent à mieux cerner l'environnement dans lequel évoluent les personnages mais, dans la mesure où ils sont déconnectés du récit, cela ne facilite pas vraiment l'immersion du lecteur. Les personnages sont quant à eux distants et par conséquent difficiles à cerner dans la mesure où ils semblent peu impactés par la violence qui les entoure. Cette indifférence se révèle manifestement communicative et on suit sans ennui mais sans passion non plus l'agonie de cette île étrange dont on a déjà du mal à comprendre comment elle a pu se maintenir à flot aussi longtemps. La plume de l'autrice, elle, est agréable et fluide mais là encore trop froide.

« Derniers jours d'un monde oublié » est un roman original qui dépeint le déclin d'une île qui découvre avec stupeur qu'elle n'est pas seule au monde lors de l'arrivée d'un navire à proximité de ses côtes. L'histoire ne manque pas d'attraits mais est plombée par une froideur émanant de la narration autant que des personnages, ce qui ne permet pas une immersion ou une implication émotionnelle très profonde. On décèle toutefois chez Chris Vuklisevic un beau potentiel qui s'épanouira sans doute davantage dans son prochain roman qui paraîtra au Bélial en mai prochain (« Du thé pour les fantômes »).
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Folio SF a organisé un concours pour célébrer ses 20 ans, visant à publier un premier roman français d'imaginaire. Après plus de 300 manuscrits reçus, l'heureuse élue est Chris Vuklisevic qui publie ainsi son premier roman Derniers jours d'un monde oublié. Il s'agit d'un roman de fantasy assez sombre mettant en scène la fin d'un monde.

La grande nuit a frappé ce monde, elle a laissé ses marques et conduit à l'oubli de certaines choses. Comme l'île de Sheltel, qui se trouve en plein milieu du Désert Mouillé. Erika et ses compagnons pirates sont bien heureux de trouver cette île, synonyme d'eau, de vivres et de possibles butins et surtout havre de terre après des jours et des jours passés en mer. L'arrivée des pirates dirigés par la capitaine Kreed va avoir des répercutions inattendues sur l'île de Sheltel. Les habitants de Sheltel vivaient depuis des années en reclus. Ils sont gouvernés par le Natif, un roi béni. le fonctionnement de l'île est strict et des règles régissent la population, notamment sur le nombre de naissances et de mort. Il ne peut y avoir trop de monde sur un territoire qui ne peut s'étendre, et la consanguinité doit être éliminée à tout prix. Sur Sheltel, plusieurs personnages ont un rôle d'importance hormis le Natif : la Bénie,une prêtresse qui a de forts liens avec un vieux marchand du nom d'Arthur Pozar, et la Main, une sorcière chargée de tenir l'arbre généalogique de l'île et d'agir en cas de problème. Pour l'aider, la Main dispose de 5 Phalanges qui obéissent scrupuleusement à ses ordres.

Le roman suit trois personnages, Arthur Pozar, Erika et La Main. Trois personnages très différents, dont les destins vont se rejoindre sur cette île pendant 12 jours, des jours qui vont changer Sheltel à jamais. Ces trois personnages sont très bien construits, tour à tour touchants, violents voire cruels, pris au piège des traditions et désirant échapper à quelque chose. Les deux personnages féminins sont particulièrement réussis et passionnants à suivre. Elles sont bien crédibles, élaborées avec nuances, justesse, sans manichéisme. Pourtant dans un monde aussi âpre que l'île, il aurait été facile de basculer facilement d'un côté ou de l'autre.

L'univers décrit par l'autrice est rude, la vie y est très difficile. La Main règne en maitre sur la vie de chacun dès la naissance. En peu de pages, Chris Vuklisevic dépeint un monde à l'équilibre précaire que tout peut faire basculer rapidement. L'atmosphère est pesante, les manques, notamment en eau, se font cruellement sentir. L'arrivée des pirates ravive les tensions, la peur de l'autre qui devient forcément un ennemi, développe les inégalités. C'est l'occasion pour l'autrice d'aborder différents thèmes comme l'écologie avec la rareté des ressources primordiales à la vie, la peur des autres et l'ouverture sur l'extérieur, les méfaits du pouvoir et de la toute puissance. Des thèmes qui font facilement écho aux lecteurs tant on peut les projeter dans notre monde.

Entre chaque chapitre se trouvent des encarts qui servent à développer l'univers. On y trouve des articles de journaux, des proclamations officielles sur la situation de l'île ou encore des publicités. Ces encarts sont d'importances relatives, certains plus intéressants que d'autres, mais apportent rapidement différents éléments sur le monde. Par contre, ils sont imprimés très petits et leur lecture n'est pas très aisée.

Certains points de l'univers auraient mérités d'être un peu plus approfondis, et on serait bien restés un peu plus longtemps en compagnie des personnages de ce monde oublié. Néanmoins, Chris Vuklisevic nous offre un très bon premier roman plein de noirceurs et loin de tout manichéisme, un roman que l'on découvre avec plaisir et qui offre de belles promesses pour de prochains écrits de l'autrice.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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J'attendais pas mal de la rencontre de tous ces gens qui n'ont plus rien en commun et qui pensaient les autres disparus depuis trois siècles.

Le roman se lit bien, c'est assez agréable à parcourir, ça commençait bien et j'aimais bien l'idée derrière. L'ennui, c'est que ce roman n'en finit jamais de commencer. Il ne décolle jamais vraiment. Il ne manque pas grand-chose, juste… un peu de saveur. C'est comme un poulet rôti sans herbes de Provence, sans vin et qui n'aurait pas assez doré au four.

J'avoue d'abord ne pas avoir vraiment saisi comment les habitants de Sheltel se satisfont aussi bien des conditions de vie sur ce caillou, tant cette société est quasi dictatoriale. On va dire que sans connaissance de rien d'autre, on peut difficilement comparer et espérer mieux. Mais il est demandé au lecteur, malgré tout, d'accepter tout ce qui s'y déroule sans réserve, alors que certaines scènes sont d'une sauvagerie à mon sens difficilement compréhensible (si la sauvagerie peut l'être). Non, je dois dire que je n'ai pas avalé tout cela sans me poser de questions. Un voile de perplexité est alors venu se jeter entre ces pages et moi. Les quelques extraits de registres, etc. en début de chapitres étoffent certes un peu cette construction d'univers, mais pas assez pour que j'y adhère pleinement.

Comme je le disais plus haut, j'attendais beaucoup de la rencontre de ces peuples que tout sépare désormais. Sauf qu'il ne se passe jamais vraiment grand-chose dans ce roman. Si vous attendez un roman d'action, passez votre chemin. C'est davantage un roman psychologique, qui suit quelques personnages dont la vie, les pensées et les modes d'action vont être impactés par le débarquement des pirates. Mais là encore, rien à faire, la mayonnaise ne prend pas, selon moi.
Le roman ne parvient jamais vraiment à sortir de la logique propre à chaque personnage, empêtré dans ses petites histoires et avec ses casseroles aux fesses (que là encore, j'ai eu du mal à comprendre, tant cela me paraissait absurde). L'angle choisi était intéressant mais le roman ne prend pas la hauteur suffisante pour remettre tout ça en perspective et apporter un message percutant.
Je n'ai pas été convaincue non plus par les chapitres assez courts et pas très approfondis, ni par l'alternance de focus sur ces personnages.

Bon, bref, rencontre manquée avec ce roman qui ne m'a pas captivée ni convaincue, et dont je ne suis pas sûre d'en retenir grand-chose sur la durée, malheureusement.
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Avant propos de ma critique :
Comment garder toute son objectivité quand on connaît l'auteure depuis sa plus tendre enfance? Je vais essayer d'être la plus neutre possible dans mes propos rassurez-vous !

Ma critique:
Derniers jours d'un monde oublié est le premier roman de Chris Vuklisevic.
Dans ce livre, on découvre les vies entremêlées de trois personnages. (Un chapitre par personnage, ce qui laisse le suspens s'installer pour chaque rebondissement)
Leurs petites histoires qui influenceront la grande Histoire de l'île.
Au fil des pages, nous découvrons des règles de vie strict pour préserver la communauté, les horreurs d'une dictature forcée, une île mystérieuse et pleine de magie, les dangers de vivre reclus et surtout l'appréhension de l'inconnu. (Personne, intention ou lieu)
Il est impossible de lâcher le livre quand on le commence. L'écriture du roman est fluide et précise. Il n'y a pas de superflu.

Les amateurs du Trône de fer, de Magyk et des livres de Stephen King, apprécieront cette histoire.

J'ai adoré cet univers et tout particulièrement le personnage de Nawomi, qui arrive à se reconstruire comme elle s'imagine et non comme on lui impose.

Hâte de lire d'autres univers de l'auteure !
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𝕋𝕒𝕟𝕥 𝕢𝕦𝕖 𝕟𝕠𝕦𝕤 𝕧𝕚𝕧𝕣𝕠𝕟𝕤, 𝕟𝕠𝕦𝕤 𝕣𝕖𝕤𝕥𝕖𝕣𝕠𝕟𝕤 𝕝𝕖 𝕔𝕠𝕖𝕦𝕣 𝕓𝕒𝕥𝕥𝕒𝕟𝕥 𝕕𝕦 𝕞𝕠𝕟𝕕𝕖.

Les habitants de l'île de Sheltel vivent entièrement isolés depuis que le monde a disparu à la suite d'une catastrophe naturelle. Mais un jour, après 300 ans, un navire accoste au large de l'île. Et si le monde extérieur n'avait finalement pas disparu ? Quoi qu'il en soit, les nouveaux venus vont, par leur simple présence, bouleverser la vie des insulaires, et peut-être même changer tout l'avenir de l'île.

J'ai vraiment passé un excellent moment de lecture avec ce très bon premier roman, et c'est en très grande partie grâce aux personnages. L'autrice nous propose des protagonistes en trois dimensions, plein de défauts, de failles, de nuances. Je pense notamment au personnage d'Arthur qui fait plutôt mauvaise impression dans les premiers chapitres mais auquel on parvient finalement presque à s'attacher tant il ne se résume pas à ce qu'il peut laisser paraître de prime abord.

Mais en toute honnêteté, ce sont les personnages féminins que j'ai trouvé les plus intéressants. Que ce soit Erika, La Main ou même la capitaine dans une moindre mesure, les femmes du roman nous font passer par toutes les émotions. J'ai particulièrement aimé découvrir le passé tragique de la Main et voir ce qu'elle a réussi à faire de sa vie.

En termes de thématiques, le roman est très riche puisqu'on y parle de différence, d'émancipation, d'introspection, de rédemption ou encore de pardon. Attention cependant aux thématiques secondaires : le roman contient à peu près tous les triggers warnings imaginables. Tout n'est pas forcément explicitement décrit mais on parle de meurtre, de torture, de viol, d'inceste ou même de mutilation. Attention donc si ces sujets vous sont particulièrement difficiles.

Concernant l'univers, j'ai beaucoup aimé ce que nous propose l'autrice, même si sur certains points, j'ai trouvé qu'on avait soit trop, soit trop peu d'informations. Par exemple, en ce qui concerne les différentes populations de l'île, ou même par rapport à La Bénie et son groupe, je me suis parfois senti un peu perdu, sans que ça n'entache non plus mon ressenti global sur le roman.

J'ai par contre bien accroché au système de magie que j'ai trouvé vraiment original, surtout en ce qui concerne La Main et ses Phalanges. Tout n'est pas forcément expliqué de manière très explicite, mais c'est de la magie donc ce n'est pas forcément un problème. Bon, j'avoue avoir été quand même un peu frustré par les « explications » concernant le mystère de la sirène (je n'en dis pas plus, ceux qui savent comprendront). Pour le coup, j'aurais aimé une réponse un peu plus explicite sur ce point, mais ça reste un élément assez trivial à l'échelle du livre donc tant pis !

Vous l'aurez compris, il ne s'agit pas forcément du roman le plus joyeux, assez loin de l'ambiance générale de du thé pour les fantômes, mais ça reste un roman très efficace et bien agréable à lire. L'autrice n'hésite pas à prendre des décisions radicales et à malmener ses personnages, et ça, on aime !

Pour ma part, c'est un sans faute de la part de l'autrice et j'ai hâte de découvrir ses prochaines pépites.
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Gros coup de coeur pour ma dernière lecture : « Derniers jours d'un monde oublié » de Chris Vuklisevic ! Je vous en dis un peu plus sur ce qui m'a plu dans ce roman sombre mais plein de poésie.

La magie est présente par petites touches, mais qui finissent par complètement nous emporter. En effet, on part souvent d'une situation banale, avec un détail qui est hors du commun… et en découle alors toute une anecdote ou une petite histoire pleine de fantasy. La magie n'est pas structurée autour d'un système complexe mais fleurit au détour des aventures des personnages. Une belle réflexion est menée par ces derniers sur la vie qui n'est finalement qu'une sorte de magie elle-même.

La violence dans le roman est très présente. Elle prend toutes les formes possibles et pourra gêner certains lecteurs sensibles à des thématiques comme le viol, l'inceste … Mais c'est là que la lecture est très particulière puisque malgré l'extrême violence qui rend certains passages horrifiques, une poésie sombre agrémente l'ensemble et rend donc la lecture plutôt mélancolique.

Les personnages sont complexes. Ils ont du mal à être attachants car ils possèdent tous une part d'ombre et de violence. Cependant ils sont très intéressants et évoluent tout au long du roman. Certains font presque figure d'allégorie comme la sorcière qui représente la filiation, la pirate qui est assimilée à la liberté … Néanmoins, ils sont tous rattrapés par leurs vices à un moment donné. de plus, ils appartiennent à un ensemble plus global qui empêche de s'identifier à eux : l'île.

En effet, c'est l'île qui est au centre de la mer et des intrigues. Elle semble distiller sa magie en chacun d'eux. Elle regorge d'anecdotes et de légendes qui lui donnent un passé et une réelle attraction. Cet effet est renforcé par les scènes décrites qui font très « récit de tranches de vie » et concernent tous les personnages à travers l'île.

La narration est entrecoupée de documents divers permettant au lecteur d'enrichir la compréhension qu'il se fait de cette société en huis-clos. Il peut s'agir d'articles de justice, de journaux, d'annonces immobilières… Chacun de ces petits interludes est utile à la compréhension du mode de vie sur l'île et ils viennent parfois interagir avec l'intrigue.

C'est un roman qui regorge de thématiques actuelles. La plus importante est pour moi celle de la différence qui revient à plusieurs reprises et au travers de différents exemples comme les maladies ou malformations physiques, la richesse matérielle, les « dons magiques » …

Ce n'est donc pas pour rien que ce roman a reçu le prix du premier roman pour les 20 ans de Folio SF ! Je lirai les prochaines publications de l'autrice car j'ai beaucoup aimé sa manière de construire son histoire. Direction son second roman donc : « du thé pour les fantômes ».
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