Ils disent que rien ne dure toujours mais ils ont seulement peur que ça dure plus longtemps qu'ils n'en sont capables de l'aimer.
Dans notre monde aux innombrables facettes, la contemplation est un acte singulier : regarde quelque chose, c'est en remplir sa vie tout entière, ne serait-ce que brièvement.
C'est dans ces moments là, près de toi, que j'envie les mots de faire ce que nous ne pourrons jamais faire - leur capacité à tout dire d'eux en restant simplement immobiles, en se contentant d'être. Imagine que je puisse m'allonger à tes côtés et que tout mon corps, la moindre cellule, irradie un sens limpide et singulier : pas tant un écrivain qu'un mot, imprimé à tes côtés.
Parfois la tendresse qu'on vous offre semble la preuve même qu'on vous a abîmé.
Oui, je voulais tout. J'ai enfoui mon visage en lui comme dans un climat, l'autobiographie d'une saison. Jusqu'à l'engourdissement.
Je ne sais pas ce que je dis. Je suppose que ce que je veux dire, c'est que parfois je ne sais pas ce que ou qui nous sommes. Certaines jours je me sens comme un être humain, d'autres davantage comme un son. Je touche le monde mais ce n'est pas moi, c'est un écho de celui que j'étais. Est-ce que tu m'entends maintenant ? Est-ce que tu me lis ?
Pour aller de l'avant, nous nous dérobons à nous-mêmes.
La pièce est silencieuse comme une photographie.
Je sais. Ce n'est pas juste que le mot mourir renferme un rire.
"Hé, a-t-il dit, à moitié endormi, t'étais quoi avant de me rencontrer ?
- Je crois que j'étais en train de me noyer."
Une pause.
"Et t'es quoi maintenant ?" a-t-il murmuré en sombrant.
J'ai réfléchi une seconde. "De l'eau.
- Va chier" Il m'a donné un coup de poing dans le bras. "Allez dors, Little Dog." Et puis il est devenu silencieux.
Et puis ses cils. On les entendait réfléchir.