La couleur pourpre, pour moi, c'était jusqu'ici un film que je n'ai jamais osé regarder, persuadée que c'était horriblement triste et dur.
Alice Walker est surtout connue comme l'auteur de ce roman, mais elle a écrit d'autres titres, de la poésie et des essais. Elle est également une grande figure du militantisme pour les droits des femmes, en faveur des droits civiques, contre le racisme et toute forme de violence. Elle milite également en faveur de l'environnement et des droits des animaux. Elle se proclame ouvertement bisexuelle et on ne peut s'étonner dès lors que certains de ses personnages féminins dans
La couleur pourpre s'épanouissent davantage dans les bras d'autres femmes.
Celie et Nettie ne vivent pas une enfance dorée auprès d'une mère malade et d'un père incestueux qui fera deux enfants à Celie avant de les lui enlever. Une fois leur mère décédée, Celie est mariée à un homme violent qui a plus besoin d'une bonne à tout faire que d'une épouse alors que Nettie s'enfuit, pour échapper à ce destin funeste. Elle se réfugie chez une famille de missionnaires et part avec eux en Afrique. Nettie ne cessera d'écrire à Celie des lettres qui seront interceptées par son mari tandis que Celie s'adressera au bon Dieu.
J'ignorais qu'il s'agissait d'un roman épistolaire avant de relire la quatrième de couverture. Et contrairement à mes appréhensions, il n'est pas du tout triste ou plombant. Bien sûr, les thèmes abordés sont graves. Au travers des destins croisés de Celie et Nettie, l'auteur évoque le racisme des blancs envers les noirs dans le Sud des Etats-Unis, le patriarcat et la violence imposés aux femmes au sein de la communauté noire, les mutilations génitales, la domination des Blancs et la manière dont ils ont exploité les populations locales en Afrique, l'inceste, la maladie, … et j'en passe. Mais la force de la romancière est de raconter ces réalités sans apitoyer le lecteur, sans pathos, même avec un grand humour parfois. Car certains passages relèvent d'une grande cocasserie. Il faut dire que les protagonistes imaginés par
Alice Walker sont de la trempe des grands personnages, ceux qu'on n'oublie pas, qu'on continue à porter en soi une fois la dernière page tournée. Que ce soit Celie, qui supporte tout en silence ou Nettie qui a pris son destin en mains. Ou encore Shug et Sofia, ces femmes aux caractères forts, qui ne s'en laissent pas conter par les hommes et leur mènent la vie dure. Ces derniers n'ont pas souvent le beau rôle dans ce récit, tout comme les Blancs, souvent perçus comme oppresseurs.
Un grand roman, magnifique ! Un coup de coeur.
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