Mon coquet studio d’un immeuble des années soixante-dix ne ressemble plus à rien. Seule la bibliothèque n’a pas souffert. Mes livres sont sacrés. Le tapis est retourné, la couette et le matelas appuyés contre le mur, le contenu des tiroirs du bureau vidés, mes fringues posées en vrac sur le canapé. N’importe qui songerait à un cambriolage en découvrant le carnage, ou bien qu’une tornade a ravagé les lieux. En vérité, j’ai aperçu une énorme araignée et je compte bien lui faire la peau.
Un jour comme un autre, deux ans après l’Apocalypse.
Rien que ça !
Tout de suite les hyperboles !
Et non, je n’exagère pas. Figurez-vous qu’elle a quand même ravagé une bonne partie de l’humanité, remodelé le paysage, nous a contraints à reconsidérer notre mode de vie, notre alimentation, notre consommation effrénée…
Homo Sapiens a joué au petit chimiste et il s’est planté en beauté.
Et moi dans tout ça ?
Je me fais discrète. Et j’ai faim, constamment faim.