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Critique de Ileauxtresors


« Lorsque la Mort Noire arrive en Angleterre, elle apporte avec elle terreur, jalousie et vengeance. » C'est avec ces mots que l'éditeur Robert Laffont présente ce roman, en ajoutant, en quatrième de couverture : « Quand la grande dame du roman noir anglo-saxon s'attaque à la saga historique, elle nous offre le plus captivant et haletant des page-turners ». Il n'en fallait pas moins pour m'inciter à accepter sans hésiter de lire ce roman dans le cadre d'une Masse critique privilégiée. Je ne connaissais certes pas Minette Walters, mais l'automne me donne toujours envie de lire des romans noirs et le contexte historique m'intéressait.

Me voici donc propulsée au milieu du XIVème siècle, dans le Dorset, comté du sud-ouest de l'Angleterre. le décor est donc féodal avec ce qu'il faut de seigneurs arbitraires, de serfs trimant du matin au soir, d'obscurantisme et de mariages arrangés, même si la femme du seigneur a des idées particulièrement avancées sur son temps. Tout ce petit monde est bousculé par une épidémie effroyable : la peste s'abat sur la région et emporte les habitants à des kilomètres à la ronde. Volonté divine ou efficacité des mesures d'hygiène de Lady Anne, Develish reste relativement épargnée et le domaine se met dans une quarantaine qui promet de durer. Ses habitants parviendront-ils à survivre à l'amenuisement de leurs vivres et à résister aux querelles et intrigues qui menacent la cohésion du domaine ?

Je suis sincèrement désolée vis-à-vis de l'autrice et de l'éditeur, mais cette lecture a été une grande déception. Je m'efforce ici d'argumenter le plus clairement et sincèrement possible pourquoi je suis restée sur ma faim.

L'intrigue n'est pas celle d'un roman noir, comme la présentation de l'autrice me l'avait fait penser à tort : pas d'enquête, donc, mais un fil rouge qui m'a semblé flottant – tournant successivement autour de la situation générale du comté, des conflits de Lady Anne et de sa fille, des intrigues au sein des serviteurs, ou de la recherche de nourriture. le tout m'a semblé manquer de tension (en particulier dans le second tiers du livre) et c'est sans enthousiasme que j'ai tourné les 525 pages.

Le registre est donc plutôt celui de la saga historique, mais comme d'autres l'ont noté ici avant moi, le contexte historique manque singulièrement d'épaisseur. Certains aspects sont intéressants, en particulier la manière dont les obscurantismes pèsent sur la compréhension de la maladie et la définition de réponses appropriées. L'ensemble m'a néanmoins semblé superficiel et j'ai eu l'impression d'en avoir plus appris en lisant le roman jeunesse L'Estrange Malaventure de Mirella de Flore Vesco qui évoque également une épidémie de peste (antérieure d'un siècle à celle-ci)… J'ai même perçu de fortes incohérences historiques : je veux bien que Lady Anne soit particulièrement en avance sur son temps, mais là, on dirait franchement quelqu'un qui aurait voyagé dans le temps du XXIème au XIVème siècle. Elle défend la cause des femmes, s'efforce de développer une approche plus scientifique de la médecine, soutient et instruit les serfs, et les encourage même à racheter leur liberté… de même, beaucoup de serfs parviennent à transcender les déterminismes féodaux et à envisager des destinées qui me semblent largement au-delà de leur horizon social.

Mais c'est probablement le côté monolithique des personnages qui m'a le plus laissée sur ma faim. Les uns étant dotés de toutes les vertus, les autres de tous les vices, ils restent dépourvus de toute faille susceptible de les rendre crédibles, de toucher le lecteur ou de contribuer à le captiver. La messe est dite dès les premiers chapitres et l'on comprends vite le peu de marges disponibles pour l'évolution des personnages.

Je remercie l'éditeur et l'opération Masse critique pour ce roman et je souhaite à d'autres lecteurs de mieux savoir l'apprécier que moi.
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