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Critique de jmercier006


Devenir écrivain, c'est un rêve vieux comme le monde, et bien souvent la réalité est loin d'être idéale, et tiendrait même plutôt de l'illusion, du mirage, voire du cauchemar. Dans La Tournée, Andi Watson raconte l'histoire d'un romancier pour qui l'absence de succès n'est pas une fin, mais le début d'un long calvaire qui va prendre des proportions insensées.


G.H. Fretwell, écrivain anglais mineur, part en tournée de rencontres en librairies pour présenter son nouveau roman, Sans K. Rien ne se déroule comme prévu : sa tournée devient chaque jour un peu plus un fiasco et les ennuis s'accumulent. Mais ce périple fastidieux va prendre une toute autre tournure lorsque Fretwell va être interrogé par la police au sujet d'une disparition étrange.

L'auteur de ce formidable roman graphique, Andi Watson, est né en 1969 à Wakefield en Angleterre. Après des débuts dans le jeu vidéo et un passage par le dessin animé, il se tourne dès 1993 vers la bande dessinée avec Samouraï Jam, puis Skeleton Key ou encore Geisha qui lui vaudra une nomination en 2000 aux Eisner Awards. S'en suivront des collaborations avec Marvel, DC, et Dark Horse Comics, ainsi que des bandes dessinées pour enfants. Mais Andi Watson est aussi et surtout connu pour des romans graphiques intimistes comme Breakfast after noon ou Little Star qui traitent les relations humaines avec finesse d'un trait faussement naïf. Il est également très actif sur internet, où il partage via son site et sa page Patreon de nombreux dessins et bandes dessinées originaux.

Dans La Tournée, il fait vivre un personnage aux traits simples, au flegme presque inexpressif, dans des décors au niveau de détail beaucoup plus élaboré. Un minimalisme qui donne à voir, d'un formidable trait de crayon, un monde qui prend des accents de surréalisme. Ce personnage justement, dont le flegme frise la passivité, semble subir les événements qui vont se succéder. C'est aussi l'occasion pour Andi Watson d'évoquer les angoisses de l'écrivain lors de la sortie de son nouveau livre, la difficulté des séances de dédicaces où parfois il n'y a personne au rendez-vous, mais aussi les relations compliquées avec son éditeur (surtout lorsqu'on ne rencontre aucun succès).

Lorsqu'il commente ses planches, Andi Watson évoque tour à tour le locataire de Roman Polanski, le Troisième Homme de Carol Reed, mais aussi En attendant Godot de Beckett, les ouvrages d'Evelyn Waugh ou encore les photographies d'Eugène Atget. On pense aussi forcément à de grands noms du roman noir quand l'intrigue se centre sur l'enquête policière qui vise Fretwell et que celui-ci se retrouve poursuivi et doit se cacher, comme un criminel en cavale.

C'est donc un roman graphique bien particulier, qui embarque le lecteur et n'aura de cesser de le troubler, de l'amuser, de l'intriguer. C'est aussi et surtout un vrai plaisir de lecture, une réussite graphique et scénaristique. Un subtil mélange d'absurde entre humour anglais et situations kafkaïennes, une histoire où l'enquête policière se mêle au périple de l'échec d'un écrivain victime de tout sauf de son succès. 
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