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Transportant avec eux, par monts et par vaux, leur table de jeu, Jackson et Rodrigue vont de ville en ville, parcourant en long et en large Haïti, pour gagner un peu d'argent, et subsister au jour le jour. Mais justement, un jour, Rodrigue tombe malade, et Jackson est désormais seul pour poursuivre les déplacements quotidiens. Lui qui n'avait comme boussole que son amitié va devoir s'en trouver une nouvelle, non seulement pour survivre, mais aussi, et plus encore, pour redonner du sens à son existence.

En un bref roman, ponctué de courts chapitres généralement percutants, soit parce qu'ils décrivent toute l'ébullition des marchés, des fêtes, des manifestations..., soit parce qu'ils décrivent au contraire tout l'immobilisme que peut imposer la misère par le manque de perspectives qui s'offrent alors, Watson Charles nous conte la vie haïtienne, sans fioritures, dans une langue souvent crue, malgré tout, parfois, plus évanescente, en ce qu'elle dessine, par le destin d'un seul homme, toutes les espérances d'un peuple : pouvoir vivre, et non plus, simplement, survivre.

Une belle découverte. Je lirai bien volontiers d'autres oeuvres de l'auteur.
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Watson Charles pour son premier roman décrit la vie de Jackson à Haïti, Port- au- Prince, puis chez sa soeur non loin.
Très intenses descriptions de rues, de gens, toujours dans une ambiance de chaleur, sueur, une lourdeur suffocante qui envahit le personnage Jackson et ses pensées.
Ce ne sont pas les riches qui sont décrits mais tous ces hommes et femmes pliés par le travail, la précarité et les injustices.
C'est aussi l'histoire d'un deuil, la perte d'un ami proche qui transforme un ciel, devenu sans boussole, Jackson doit retrouver un chemin.
Des bravos !
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S'égarer loin de soi-même, les dentelles d'une île meurtrie, ses enfants perdus, sable mouvant. L'endurance perd sa boussole, le ciel efface la craie des chemins, ils sont ici :
« Leurs silhouettes, tels des fantômes, marchent sur la route poussiéreuse et caillouteuse. »
Île qui n'enfante que douleurs et plaies, le vent foudroie l'appel des survivances. « le ciel sans boussole » est un cri dans la nuit noire. Un livre majestueux, manichéen. Dualité écartelée au fronton des volontés. Jackson et Rodrigue, table de jeu accrochée aux espérances. Gagner de l'argent, déambulation perdue d'avance.
«Le temps sur le ruban noir de l'asphalte et sur les chaises en formica. » « Au fond de la salle un homme gesticule, crie, raconte des histoires anciennes, le temps des bordels, le temps où l'on faisait la guerre aux Camoquins. »
Rodrigue est malade. Trop pauvre pour être soigné. Attendre l'ultime, porte d'entrée à l'hôpital, l'agonie lui jette des cailloux à la figure. Rodrigue l'ami,
« Ses yeux se ferment graduellement comme un soleil qui s'éteint. »
Jackson est perdu dans la nuit noire. Haïti ravagée, les habitants baissent les yeux, armes contre fleurs, pain contre quête de l'or. Watson Charles écrit avec force et courage, loyauté, la poésie sensible, le plein d'un livre dont Haïti, son peuple est mémoire vive. On ressent l'épars assemblé, rien ne doit rester invisible, Haïti est une couverture de laine déchiquetée. Jackson qu'on aime de toutes nos forces, plus de maison, plus de port. L'hospitalité a perdu sa pierre angulaire. Les injustices pour sac à dos, loterie gagnée, espoir, la banque le rejette comme un chien : corruption.
« -Écoute-moi bien vermine, je ne vais pas te garder dans ce trou à rats. Je préfère que tu crèves dehors. »
Échec et mat, case prison, liberté, perdition, la boussole s'affole. Il quitte la ville. Revoir sa soeur Léane. Imaginer les accolades, la fraternité qui pardonne tout. On ressent la quintessence des vraies valeurs. Oublier l'avant, recueillir Jackson, sans attente de retour. La magnanimité borde ses enfants. Jackson voit le ciel, le cerf-volant qui l'attire comme un aimant : Rosamène.
« Il n'arrive pas à dormir, c'est parce que son image angélique vient hanter ses nuits. »
Et là les amis, le céleste passionnel ravive la boussole et la toile de fond, plein-sud et phare en bord d'île.Le travail de Jackson est pénible, titanesque. Rocher de Sisyphe, mains écorchées vives, et air vicié. Retenir ses frères des batailles qui brisent les carreaux.
« Il lui explique que ses camarades ont l'intention de faire la grève et qu'il prépare tout cela avec eux. »
Jackson va affronter les diktats, pot de fer contre pot de terre, abattre les cartes envers et contre tout. Rosemène se doute, prend peur. Jackson est l'emblème des opprimés. le Gavroche d'une île en proie aux viols, aux vols, aux pillages. Lui, le battant, broyé par ses années de labeur à l'usine, corps qui flanche comme un roseau. le ciel sans boussole tremble, prend froid malgré la chaleur intense. Bouleversant, les larmes sont l'hymne de la beauté de ce grand livre. L'idiosyncrasie d'un peuple qui a tout perdu. Un homme pourtant, ici, dans le profond d'une histoire de haute contemporanéité, ne met jamais le genou à terre : Jackson, notre frère universel. Magistral, piédestal d'une littérature signifiante. Les chapelles d'une trame qui retourne la terre, messagère et mémorielle, un flambeau dans le sombre des doutes, un soldat qui déserte les mouvances. Une boussole pour demain. Collection Lachésis, publié par les Éditions Moires.

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J'ai beaucoup aimé ce premier roman dont l'histoire se déroule en Haïti. On ressent toute la beauté de cette île : ses odeurs, ses bruits... l'écrivain nous entraîne avec art dans l'imaginaire de ce pays. c'est aussi une histoire du narrateur, Jackson, qui incarne la résilience, la beauté et l'amitié. En vérité, ce roman est un chef-d'oeuvre !

Je viens de lire un article dans le magazine LIRE, mai 2021.

Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, les faits étant simplement énoncés tels quels sans émotions. Certes cela décrit bien la pauvreté et la dure réalité quotidienne des habitants mais la façon d'exprimer cette précarité m'a dérangé car ce n'était qu'une énumération sans réel lien avec le récit en cours. Il a fallut attendre la moitié du roman pour que le personnage devienne intéressant et attachant, qu'il y ait un sens et une moralité. Les ressentis des personnages sont sous-entendu et l'on ne se rend compte qu'à la fin du livre que finalement nous aussi avons eu des émotions au travers de la vie de ce personnage.
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Ce roman est presque un récit, une chronique de la pauvreté haïtienne. Jackson et Rodrigue, deux amis pauvres d'Haïti, vont gagner leur vie dans les fêtes, les foires avec leur table de jeu.
L'auteur nous promène avec les deux compères dans les rues de Port-au-Prince, et nous fait découvrir ce pays, sa pauvreté, ses rues défoncées, sales, puantes et la faim permanente, la corruption des élites haïtiennes. Loin de juger les personnages, Watson Charles leur donne au contraire de la fierté et de la dignité. Dans leur cheminement de douleur mais aussi d'espoir, il peint le décor d'une tragédie ordinaire. C'est la mort, toujours à l'affût, et sa rencontre avec la belle Rosemène qui fera de Jackson un autre homme, combattant pour son avenir, et celui de ses frères de misère...
Dans ce pays, un des plus pauvres de notre monde, l'auteur s'attarde peu sur les catastrophes climatiques ou tremblements de terre qui détruisent et martyrisent la population. Par touche, il met l'accent le fléau principal : les méfaits du capitalisme, et l'exploitation humaine qui use, affame les travailleurs haïtiens dans les usines de chaussure. Jackson, comme les autres, fera son chemin dans ce marasme, courageusement, difficilement avec son "vive le peuple" !
C'est un très beau roman, poétique et social, court mais qui en dit beaucoup sur l'état d'Haïti et la révolte qui y gronde. C'est une belle porte d'entrée littéraire sur ce petit pays passionnant. Je recommande ce roman, très en phase avec la situation actuelle des migrants haïtiens, fuyant la misère, aux portes des USA. Je remercie "masse critique" et les Editions Moires de m'avoir fait découvrir de très beau roman de Watson Charles.
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Que faire quand on a rien et qu'on perd le peu de chose qu'il nous reste ? Est-ce que ça vaut la peine de vivre quand le seul avenir possible c'est la misère et la mort ?
En plus de la plongée en plein coeur d'Haïti, dans les rues de Port-au-Prince et sa pauvreté ambiante, c'est une plongée dans la dépression, le deuil et la résilience que l'on vit au travers du personnage de Jackson.
Merci à Babelio qui m'a permis cette découverte avec l'opération Masse Critique de septembre !
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