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EAN : 9782491517175
128 pages
Aethalides (19/05/2022)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Composé en quatre parties, ce recueil, d’une voix singulière et sensible, tisse les liens entre une quête absolue de rêverie et l’angoisse du monde. Ces poèmes évoquent parfois le vide, l’absence et l’époque tourmentée dans laquelle nous vivons – tout en la questionnant –, mais aussi la nécessité de dire le sensible, remonter le temps avec les mots. Avec ce recueil, Watson Charles poursuit sa quête poétique et intimiste, traversée de doute et de solitude essentiel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Je suis noire, mais belle, fille de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme le pavillon de Salomon. Ne prenez pas garde à mon teint noir ; c'est le soleil qui m'a brulée. »
Le Cantique des cantiques.
L'Alcazar poétique !
Ce kaléidoscope d'une beauté inouïe, scindé en cinq fragments est un recueil perpétuel qui restera gravé dans le marbre.
Vibrant, transcendant, maîtrisé à l'extrême, « Seins noirs » résistera à jamais aux tempêtes de sable en plein désert, l'oubli ne sera pas.
Écrire ainsi relève du génie. Watson Charles est doué, très.
Seins noirs, Étreinte, Corps, Abîmes, Étincelle, macrocosme devenu.
« J'aimerais être cette pluie qu'apporte l'oiseau
Avec son grand sourire de géranium...
Les enfants sont repris le chemin de halage
Et le ciel comme un grand puits est attelé à leurs cheveux. »
Lucide, sensible, souveraine , l'écriture est un miroir d'opale. Watson Charles délivre ses traversées en pleine mer paraboliques, les exils ressacs. le langage d'un corps féminin qui se retourne à contre-sens. Les dérives, le radeau de la Méduse de Géricault. L'infini miracle de l'espoir, perle d'écume sur le sein noir enivré d'attente et de fièvre.
Litanies, chants, rais de lumière, livre d'heures. Ode certifiée, mélancolique car trop belle. L'émerveillement retient son souffle. La pudeur du sage assigne à écouter encore et encore cette voix chapelet qui égrène les poèmes au rythme de ses pas. Tant ils sont cercles et béatitudes.
« Je dirai aux enfants
Que l'aube est une feuille
Que l'on jette au plus près des rivières…
Les murs des églises battaient en moi
Comme ce pain dur dans la bouche du paysan…
Et tu m'as toujours dit : la nuit est une ville en triangle
Mais aussi l'ombre qui se défait. »
L'endurance loyale, l'absence ébène, poésie salvatrice, théologale, terre broyée, promesses tressées et vertueuses. Ne jamais oublier le passage de l'écluse symbolique.
« Dis aux pélerins
Que mon souffle
Est fait de chant
Et de sang d'Afrique. »
Les souffrances, les épreuves annoncées au tableau noir des jours. Craie blanche, le regard puise à la source.
« Seins noirs » l'apothéose, marée-basse, le tragique-empreinte, la solitude-mère. Poète céleste, ces hommes qui manient bellement les légendes avec leurs poches trouées d'étoiles. J'entends encore leurs voix sur les rives du fleuve s'adressant aux vivants. »
Watson Charles est le poète de la quête. Il rassemble l'épars égaré au sommet des interrogations, des considérations, des turbulences. L'exil aux abois, ce recueil est un flambeau qui vaut mille vies.
« Je contemple les rives jusqu'au ciel dominé. »
Une merveille de complétude. Incontournable, un edelweiss à flanc de rocher, une marelle entre ciel et terre. Un homme debout et la certitude de lire en grand. Ce recueil est beau à pleurer et c'est bien. Rédempteur et majestueux. Publié par les majeures éditions Æthalidès. À noter : Watson Charles a reçu la mention spéciale du jury du prix Senghor du premier roman francophone et francophile en 2021 pour le ciel sans boussole.
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Vertige de la muse matérielle espérée dans l'exil, triomphe secret de l'océan et du vent : un souffle épique étonnant traverse la poésie intime de Watson Charles.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/27/note-de-lecture-seins-noirs-watson-charles/

Publié dans l'intrigante collection Freaks des éditions Æthalidès (où l'on trouve aussi par exemple Christophe Esnault et Jean-François Seignol, dont on vous parlera très prochainement sur ce même blog) en mai 2022, « Seins noirs « est le quatrième recueil du poète haïtien Watson Charles, à qui l'on doit également un roman, « le ciel sans boussole », et un recueil de nouvelles, « le goût des ombres ».

Dédié en apparence à la femme noire, par son titre et par l'exergue venu de chez Senghor, le recueil tourne subtilement autour de ce pôle d'attraction magnétique en diable, qui tente de contrebalancer le souffle de l'exil (ancien, par l'arrachage à la terre africaine pour rejoindre en cas de survie l'économie du capitalisme de plantation, ou beaucoup plus récent, par l'extrême difficulté de demeurer aujourd'hui encore en sécurité en Haïti).

Pourtant, ce qui triomphe lentement au fil des pages, entre espoir intime magnifié et regret à plusieurs piliers, est plus élémentaire, et davantage propice au souffle brut : la mer et le vent semblent bien in fine les meilleurs alliés dans cette impossible connaissance de soi, par les gouffres, que le poète avoue subrepticement tenir pour un objectif légitime. Errance sublime, errance parfois dangereuse, mais errance riche de mémoires à partager, encore et toujours, du mieux possible, en espérant la saisie par la grâce, même au coeur du labeur poétique inlassable et secret. Rêverie, solitude, angoisse, certes, mais beauté inquiète avant tout. Watson Charles excelle ici à nous plonger doucement dans le vertige de sa quête.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le ciel avait dans ta main
La couleur du bois mort
Et le goût du soleil humide

Chaque instant
Je ressens le rire des clochers
Comme cette pierre dont je suis fait

Cette main tendue
Tel un morceau de givre
Ne fallait-il pas l’arracher dans la bouche du mendiant

Je parle de ce vent qui nous fait vivre
Et du ciel chargé de pluie
Des enfants aux visages de suie luisant
Comme un feu ardent
Dormant aux pieds des montagnes

Je te parle de moi sans me connaître
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Sur la route
Un homme marchait
Tenant dans sa poche ce morceau de soleil crucifié
Comme s’il sortait d’un voyage
Avec sa gorge pleine de cailloux
Qu’il aimerait jeter sur un corps nu
Il parcourait le monde et les chemins qui inondent le pays
Le ciel lui paraît vide tel un chien muet
Pourtant il reconnaît cet arbre qui l’a enfanté
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