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Citations sur Mendelssohn est sur le toit (17)

Ils auraient voulu voir encore le soleil et le bleu du ciel, mais le temps était couvert, brumeux, maussade. Ils auraient voulu toucher de leurs mains garrottées la terre sur laquelle ils étaient nés, mais le sol était de pierre, durci par le gel.
Ils auraient voulu entendre encore une voix humaine, mais le silence régnait, aucun son ne résonnait dans l'enceinte de la ville fortifiée. Le monde qu'ils étaient sur le point de quitter était un monde mort et sourd.
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Quelques locataires allemands étaient venus s'y installer au lendemain de l'occupation. C'étaient des gens effacés, qui ne se faisaient pas remarquer. Ils allaient tuer de neuf à cinq, mais à la maison ils jouaient les employés tranquilles, s'essuyaient les pieds sur le paillasson et se rangeaient courtoisement dans l'ascenseur pour faire place aux femmes.
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Deux hommes du commando "Anthropoïde", parachuté par Londres, le guettaient là depuis neuf heures. Ils étaient bien renseignés. Ils savaient exactement quand il quittait Břežany, ils avaient calculé l'heure à laquelle ils s'engagerait dans le virage qui avait été choisi à la suite d'une reconnaissance approfondie du terrain. C'étaient des hommes entraînés. Envoyés d'Angleterre pour supprimer Heydrich.
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Heydrich poursuivit son examen de la balustrade. Soudain ses traits se tordirent dans une expression de haine et de rage féroce. Comment était-ce possible? Qu'est ce que c'était que cette saloperie? Comment avait-il pu prononcer un discours dans un bâtiment dont le toit s'ornait d'une statue immonde? Quelle honte ! Quelle humiliation! Pourquoi personne n'avait-il eu l'idée d'inspecter l'édifice avant de le consacrer à l'art allemand?
"Giesse, hurla-t-il en levant le bras vers la balustrade, faites enlever cette statue, sur le champ!
Téléphonez à la mairie, tout de suite, quelqu'un doit bien y être de service. C'est une négligence inadmissible, inouïe, pire que la trahison. Mendelssohn est sur le toit!"
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Pour l'instant, il lui avait confié la tâche de trouver en Bohême un endroit propre à l'aménagement d'un ghetto provisoire. le ghetto aussi avait été décidé à la conférence; il devait servir de piège, de réservoir et aussi de façade, pour mieux leurrer les puissances neutres.
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La villa abritait les locaux du Bureau central, le siège régional du Sicherheitsdienst, chargé par Berlin d'apporter une solution à la question juive sur le territoire du Protectorat de Bohême-Moravie. Une solution finale.
La mort y guettait dans des centaines de dossiers, dans des fiches, des inventaires, des photos d'immeubles, de pavillons et d'usines. La mort avait élu domicile dans les paraphes et les signatures, les sigles et les abréviations, les tampons et les graphiques, une mort ordonnée et bien tenue, dactylographiée sans faute sur du papier ministre et des fiches de couleur.
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Jan comprit que Winter avait raison. Tout était puni de mort. Chacun pouvait se mettre la corde au cou de la manière qui lui plaisait. Il n'avait pas le droit de condamner ce que faisait Winter. L'ange entré dans l'immeuble sur une charrette à ridelles avait apporté du bonheur aux gens. Un bonheur éphémère mais qui n'en etait pas moins réel. Le cadavre du bourreau*, emmené sur un affût de canon, avait été incinéré depuis beau temps. Il avait délégué la mort pour exécuter au pays conquis ses dernières volontés. Mais la mort ne pouvait empêcher les gens de sourire de bonheur après un bon repas et de respirer plus librement précisément parce que, dans les limites de cet instant, ils en avaient triomphé.

* Heydrich, bourreau de Prague.
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Il était couché dans un lit, dans une grande salle au plafond élevé, dans une vieille bâtisse pleine à ras bord de souffrance et de douleur.
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Le baron lui avait parlé d'une gouvernante possible − une femme qu'il avait employée comme cuisinière lorsqu'il était à l'ambassade d'Autriche. Il l'avait chaleureusement recommandée. Elle était vieille et laide, il n'y aurait donc pas de risque de bavardages sur l'oreiller.
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Soudain le commandant de la place avança jusqu'à l'extrême bord du fossé, toisa les condamnés avec dégoût, comme s'ils avaient été des insectes, et lut le verdict d'un ton coupant : « Pour outrage au Reich allemand, par décret du chef du Sicherheitsdienst pour la Bohême-Moravie, ces Juifs ont été condamnés à la peine de mort par pendaison. »
Le Reich qui tuait et pillait d'un bout à l'autre de l'Europe, le Reich qui perdait des dizaines de milliers d'hommes dans le feu et la glace du front de l'Est, était encore puissant en cette année-là, persuadé de triompher un jour du monde entier. Le Reich accusait ces petites gens ordinaires de s'être mises en travers de son chemin et de lui avoir fait outrage. On ne disait pas comment, la simple accusation suffisait. Le vol de quelques pommes de terre pourries ou d'une planche cassée était qualifié d'attentat. Le salut que l'un avait oublié de faire à un SS, la lettre que l'autre avait tenté de faire passer en fraude, devenaient des crimes capitaux.
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