Nous étions trop jeunes pour savoir conserver nos amitiés.
S’était-il absenté si longtemps, avec cette croyance puérile que les beaux moments arrêtaient le temps ?
George avait dit explicitement qu’il ne voulait dans Star Wars aucun acteur de ses films précédents, et ce n’était pas la seule raison pour laquelle Harrison Ford était hors jeu. Car à l’époque sa carrière était considérée comme ratée et il avait repris son métier d’artisan pour nourrir sa famille. Et c’est en tant que menuisier que Fred Roos l’a fait venir – un des plus célèbres hasards de l’histoire du cinéma – pour réparer une porte, justement dans le bâtiment où se déroulait le casting pour Star Wars . Or il s’est trouvé que, par hasard encore, ils ont eu besoin de quelqu’un qui puisse s’asseoir en face des candidats aux rôles de Luke et de Leia pour leur donner la réplique. Harrison l’a fait à contrecœur et du coup il a donné à son personnage, un certain Han Solo, un ton agacé et grincheux.
Un menteur et un escroc, qui avait fini par voler à son client son idée de film spatial.
Vers neuf heures j’étais sur la véranda un verre à la main à observer les gens qui discutaient avec passion. Un beau tableau qui m’a aussitôt apaisé. Si ce qu’on appelait l’“usine à rêves” avait une réalité, c’était bien ces nuits-là. J’avais alors, je l’ai dit, acquis une certaine réputation, je venais de financer Vol au-dessus d’un nid de coucous.
J’ai senti un frisson brûlant puis glacé me parcourir l’échine. Comme si je venais d’être pris en train de mentir. Mais il fallait rester cool, car dans ce monde je ne pouvais pas être un menteur – ou du moins, il était impossible de me confondre.
Star Wars n’était et n’est rien d’autre qu’un best of, une compilation de films et de romans préexistants, une pincée de Kurosawa, de Flash Gordon, du Seigneur des anneaux et de livres sur la mythologie. Dans l’une de ses ébauches de scénario, il avait même mis dans la bouche d’Obi-Wan une formule empruntée mot pour mot à Bilbo le Hobbit, d’ailleurs il avait dû la retirer après la mort de Tolkien parce que le livre était trop connu.
Il aime avoir chaud, et ça se comprend quand on pense qu’on l’a trouvé dans une forêt glaciale. Richard est devenu au fil des ans un matou vraiment beau, majestueux, rien à voir avec le chaton maigrelet qu’il était autrefois. Il est…
Elle voyait l’amour comme une pièce nue et mal éclairée où étaient assis quelques hommes à qui elle préférait ne plus penser.
Sa position a toujours été la même : rien de tout cela n’avait encore jamais été porté à l’écran, pas dans un seul et même film. Le premier qui s’y essaierait deviendrait un héros. Le second serait un crétin. Il fallait donc impérativement que je le devance, afin que dans cette conquête du pôle Sud il ne soit plus Amundsen, mais Scott. Et de toute façon il lui restait toujours son Indiana Jones, me disais-je pour me rassurer.