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Citations sur Glory (45)

Elle note le tout pour lui et lorsqu'elle aperçoit un scorpion sortant de l'endroit où il met sa poubelle, Jesse se précipite et l'écrase avec sa botte. D.A. baisse les yeux vers ses fines sandales en plastique, le vernis à ongles rose pâle que Casey lui a mis, et elle imagine le scorpion grimpant sur le bord de sa sandale, la queue dressée, prête à administrer sa piqûre mortelle. C'est bon d'avoir quelqu'un qui vous sauve de quelque chose, songe-t-elle, même si on n'a pas besoin d'être sauvée.
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Est-ce que Karla aime son bébé ? Oui, plus que tout. Diane a un prénom fort et un sourire qui ferait fondre le coeur du diable en personne. Lorsqu'elles sont toutes les deux dans la journée, Karla ne peut pour ainsi dire pas la lâcher. Mais elle a appris beaucoup de choses en devenant mère. Qu'elle peut vivre en dormant très peu contrairement à ce qu'elle s'était toujours imaginé. Qu'elle n'a pas besoin de beaucoup de temps pour s'écouter penser après neuf heures de travail d'affilée, un petit détour dans le désert pour contempler brièvement les étoiles avant de rentrer, ça suffit . Qu'on peut aimer un être de tout son coeur et souhaiter cependant qu'elle n'existe pas.
C'est bête qu'on ne te connaissait pas à l'époque, lui glissent plus tard deux d'entre nous. On aurait pu te prêter un peu d'argent au besoin. On aurait pu t'emmener au Nouveau-Mexique. Et on se serait gardé d'en parler aux bigotes enragées.
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C'est toujours pareil avec les bonhommes, n'importe où sur la planète. Même parachutée au beau milieu de ­l'Antarctique en pleine nuit, elle tomberait sur trois ou quatre types assis autour d'un feu de camp, s'abreuvant mutuellement de conneries et se bagarrant pour savoir qui était le mieux à même de tenir le tisonnier.
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En retombant par terre, le pétrole recouvre tout - la sauge du désert et le boutelou gracieux que Viola aime tant, le barbon de Gérard et toutes les herbes hautes qui arrivent presque à la poitrine de Corrine. A une trentaine de mètres de l'énorme cratère, des chiens de prairie se dressent et crient, inquiets. Une petite femelle se précipite au bord d'un terrier et regarde à l'intérieur. Corrine s'imagine chaque planque et chaque tanière à dix kilomètres à la ronde, peuplée de créatures confuses qui ne sauront jamais ce qui vient de leur tomber sur la tête. Mais la cinquantaine d'hommes de tous âges debout autour de l'installation de forage ne regardent ni les herbes, ni les animaux, ni la terre elle-même. Ils fixent le ciel, l'air subjugué. Ca va tuer toute la vie, déclare Viola.
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En vérité, elle ne faisait aucune différence entre l'océan Pacifique et une mare aux bisons, et le problème venait en partie de là, non ? Elle n'était jamais allée nulle part, n'avait jamais rien vu d'autre que cette ville, ces gens. Il serait peut-être le début de quelque chose de bien.
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Les hommes parlaient football et pétrole – 1976 semblait être une sacrée bonne année pour les deux –, et y allaient de leur grain de sel sur Carter et Ford – qu'ils détestaient, l'un étant jugé connard, l'autre lavette. Nixon avait été leur héros mais désormais, suite au Watergate, ils commençaient à comprendre qu'ils avaient non seulement perdu leur chef de file mais aussi la guerre contre le chaos et la dégénérescence. Tous ces Black Panthers et ces Mexicains, ces communistes et ces gourous qui niquaient en pleine rue à Los Angeles, nom de Dieu. 
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Victor aurait des dizaines d’histoires à raconter à sa nièce sur le Texas. Tellement ! Mais ce soir il ne songe qu’aux choses tristes. Des ancêtres pendus à des poteaux dans Brownsville, leurs femmes et leurs enfants obligés de se réfugier à Matamoros et de regarder pour le restant de leurs jours les terres de l’autre côté du fleuve, ces terres qui appartenaient à leur famille depuis six générations. Des Texas Rangers tirant sur des fermiers mexicains comme sur des lapins pendant la récolte de canne à sucre, ou ligotant des hommes à des acacias avant d’incendier les arbres, ou leur enfonçant dans la gorge des tessons de bouteille de bière.
Ils le faisaient pour le plaisir, lui dirait Victor. Ou parce qu’ils avaient parié. Parce qu’ils étaient saouls, ou parce qu’ils détestaient les Mexicains, ou parce qu’ils avaient entendu dire que les Mexicains étaient de mèche avec des esclaves affranchis ou ce qu’il restait de Comanches et qu’ils venaient tous pour piquer les terres, les femmes et les filles des colons blancs. Et ils le faisaient peut-être parfois parce qu’ils se savaient coupables, et après avoir déjà poussé si loin leur propre iniquité, ils pensaient n’avoir plus rien à perdre. Mais ils le faisaient principalement parce qu’ils le pouvaient. Río Bravo, comme l’appelait le papa de Victor – un fleuve déchaîné, un fleuve de scélérats et de desperados –, mais papa ne parlait pas de lui ni des siens. Il parlait des âmes perdues qui avaient lynché des centaines d’hommes et quelques femmes entre 1910 et 1920. Il parlait des Texas Rangers qui durant l’été 1956 avaient fait monter dans une bétaillère deux des oncles de Victor, et vingt autres hommes, pour les abandonner dans la Sierra Madre avec une unique bouteille d’eau et un conseil : débrouillez-vous entre vous, les gars. Regarde dans n’importe quelle ravine autour de la frontière, pourrait préciser Victor à sa nièce, dans n’importe quel cours d’eau à sec, n’importe quelle cuvette, regarde sous les acacias rabougris qui font quand même un peu d’ombre pour se protéger du soleil, et tu nous y trouveras ; tu nous trouveras partout. Tu pourrais bâtir une maison avec les squelettes de nos ancêtres, une cathédrale avec leurs os et leurs crânes.
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Elle se lève et essuie le sang de la tique sur son short, s'étire et récite certaines des phrases les plus magnifiques qu'elle ait jamais lues. "Les grillons se devaient d'avertir tout le monde que l'été ne durerait pas toujours. Même pendant la plus belle période de l'année - ces journées durant lesquelles l'été glisse vers l'automne -, les grillons répondaient une rumeur triste, laissant présager le changement".Bon, tu vois, s'exclame-t-elle, je n'arrive même pas à imaginer un endroit où l'automne existe, mais je comprends, je crois, la tristesse et l'idée de changement aussi bien que n'importe qui. Moi aussi, souffle-t-il.
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La fillette détachent les lambeaux de peau qui pèlent sur ses épaules trop exposées au soleil pour ensuite les manger en douce tout en poursuivant sa lecture.
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C'était un des avantages quand on était une vieille aux cheveux clairsemés et aux seins flasques : elle pouvait enfin s'asseoir dans un bar et se prendre une cuite sans qu'aucun abruti ne vienne l'enquiquiner.
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