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Critique de dvall


Poussées à l'autre bout de l'Atlantique et à la même florissante époque que « Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire, ces « Feuilles d'herbe » de Walt Whitman figurent en mon panthéon de la poésie, non seulement américaine mais universelle. Car il y a dans la poésie de ce « solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages », entre Brooklyn et Manhattan, une universalité incarnée par les thèmes qui y sont célébrés, ceux de la nature et de la place que tient l'Homme en son sein nourricier. Admirablement traduite en français et introduite par Jacques Darras, la poésie de Whitman nous invite à une épopée transcendantaliste, dont le courant de pensée vise à encenser la bonté et la beauté inhérentes des humains et de la nature.

La sensualité étonnante de ses vers conduira Walt Whitman jusqu'à un procès pour atteinte aux bonnes moeurs, et son optimisme jubilatoire lui vaudra d'être taxé d'idéalisme naïf. Mais là où « Les Fleurs du Mal » distillent les ténèbres, « Feuilles d'Herbe » fait jaillir la lumière. Whitman n'a pas son pareil lorsqu'il s'agit de célébrer la création, le corps de la femme comme celui de l'homme. Il prend à témoin, se met en scène, interpelle sa propre chair, contemple avec autant d'application les rêveries, les ambitions ou les gaucheries humaines. Il clame l'amour, vante la vie. Avec lui, l'insignifiant devient glorieux, le simple merveilleusement complexe, le vil garni d'espoir. Il parle de la conquête des terres, du labeur des Hommes, de l'esclavage, de cette expectative que l'on place dans sa descendance. Mais il « ne scande pas seulement la joie du Vivre », il « chante aussi la Mort, la joie de la Mort ! La caresse merveilleuse de la Mort, son apaisant engourdissement, sa brève persuasion. (…) A quoi sert désormais mon enveloppe vide sinon à être purifiée pour des tâches futures, à être réemployée dans les usages éternels de la terre. » Un étonnant parallèle avec la création de Baudelaire qui changea la boue en or.
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