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Critique de Bookinette


Denver 1895, la vie est particulièrement difficile pour le jeune Sam. Orphelin, il tente de survivre dans une usine désaffectée avec Cora et d'autres enfants plus jeunes. Il faut se battre jour après jour pour garder son territoire, pour manger.... et se méfier de tous les Crânes de Noeud (les adultes) quels qu'ils soient, même le charismatique pasteur Tom qui oeuvre pour leur venir en aide.

Lorsque Goodnight, un géant muet à la gueule cassée parvient jusqu'à eux, blessé, Cora s'occupe de lui mais il n'apportera pas la sécurité escomptée, au contraire c'est le loup qui est entré dans la bergerie...
Sam se retrouve lié à lui, embauché par Cole son ami pour lire et transmettre les petits mots que Goodnight griffonne sur un carnet, sa seule façon de communiquer et il va les suivre partout, dans les bas-fonds, bars, bordels, tripots... Il devient le témoin direct d'une guerre de gangs qui dégénère, violente, sanglante, spectateur de nombreuses rixes, règlements de compte et exécutions.. Il abandonne jour après jour un peu plus de sa candeur et de son innocence, pris au piège des événements qui se succèdent irrémédiablement, alternant entre rejet et fascination de ce monde brutal. C'est un véritable engrenage et il n'y a pas de retour en arrière possible.

Benjamin Whitmer sait construire à merveille ses personnages. Sa galerie de portraits d'enfants est saisissante : Hope, Jimmy, Watson, Hiram, Lottie, Commodore, Ulysses, Fawn, Offie, Jefferson, Rena, tous ont une histoire, une particularité. Leur destin semble tout tracé malgré le dévouement de Cora pour les rassembler, les défendre.....Quel joli personnage que cette dernière ! Lumineuse, perspicace, dotée d'une faculté illimitée à accueillir, soigner, protéger. elle est le point d'ancrage vers lequel Sam revient toujours. Entre eux, le lien affectif/amoureux est très fort, les mots ne sont même pas nécessaires, il y a des silences étourdissants, des regards pénétrants, une connivence évidente... Mais peu à peu le fossé se creuse, Sam bascule dans un monde qu'elle ne peut pas intégrer.

Comment ne pas s'arrêter sue la plume de l'auteur, c'est pour moi l'atout majeur du roman. le contraste entre la noirceur du monde environnant et la narration à la première personne pleine de poésie d'un enfant qui reçoit la violence crue est remarquable. Il raconte son histoire, son amour pour Cora, les morts des hommes, des femmes et des plus petits sans pathos aucun, mais les images employées, la simplicité toute nue donnent une force d'évocation parfois particulièrement émouvante.

Toute cette histoire s'ancre dans une réalité historique et géographique : description d'un Denver gangréné par le vice, celui des laissés-pour-compte du rêve américain, de la misère crasse, évocation de la lutte des ouvriers, dialogues réalistes.
Le regard est pessimiste et même résigné mais la relation complexe entre Sam et Goodnight, la solidarité entre les rejetés de la société et surtout l'amour entre Sam et Cora illuminent le roman, lui rendent sa part d'humanité ! Magnifique !

Un grand merci au Picabo River Book Club. et à Léa sans oublier Myriam
ainsi qu'aux Editions Gallmeister pour cette très belle lecture !

Lien : https://chezbookinette.blogs..
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