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Denver, 1895. Sam, âgé de 14 ans, est orphelin. Avec d'autres comme lui, des laissés-pour-compte soumis aux lois de la ville, il se débrouille comme il peut pour trouver de quoi manger. C'est dans l'Usine métallurgique désaffectée que tous ont élu domicile, dans les Bottoms, sous la protection de Cora. Mais, un soir, ils se font attaquer par des Crânes de Noeud. Cora et Sam tentent de protéger, comme ils le peuvent, les plus petits qui sont obligés de se cacher dans le tunnel. Ils ne devront leur salut qu'à un géant qui a réussi à faire fuir tous les vagabonds. Ce dernier blessé, Sam et Cora décident de le soigner. Ce n'est que plus tard qu'ils se rendent compte qu'il est muet et ne communique que par des phrases écrites sur un carnet. Un carnet que seul Sam est autorisé à lire. Par le biais de ce géant, l'adolescent va être mis en relation avec Cole, un mafieux...

Le monde des Crânes de Noeud, autrement dit les adultes, n'est pas pour eux. Entre laissés-pour-compte, ils survivent tant bien que mal à l'Usine. Un lieu qui leur est propre et au coeur duquel ils se sentent en sécurité. Mais l'irruption de ce géant, John Henry Goodnight, va bouleverser leur équilibre pourtant précaire en entraînant loin des siens le jeune Sam vers un monde fait de violence, de meurtres, de corruption, d'explosions, de règlements de compte. Ce roman initiatique nous entraîne dans les entrailles de Denver, ville ravagée par la violence et la crise économique. le jeune Sam, témoin et narrateur, assiste, tout aussi impuissant que volontaire, à tous ces déchaînements de violence, lui qui, maintenant, se trouve sous la coupe de Cole. L'auteur aborde avec intensité et noirceur la perte de l'innocence mais également une histoire d'amour déchirante.

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Le lecture de ce roman très noir de Benjamin Whitmer, écrivain capable d'installer ses lecteurs au coeur des sentiments et actes de ses personnages, m'a amené à reprendre quelque peu celle d'un autre de ses romans, Evasion, au point d'en réécrire la critique afin d'essayer de mettre ces deux ouvrages sur un même plan situationnel.

Il y a pourtant des différences très marquées entre les deux livres, ne serait-ce que par les époques, les modes de vies qui leur correspondent et la nature même des deux intrigues.

Pourtant, j'ai retrouvé avec Les Dynamiteurs la même richesse des dialogues d'Evasion, dialogues qui me semblent la première force de ces romans. Les dynamiteurs sont presque aussi paumés que les évadés, ils se croient parfois surpuissants, se dissimulent derrière un orgueil et une indifférence feinte, alors qu'ils souffrent, chacun de manière différente, qu'ils espèrent, surtout le jeune Sam, entrevoyant la vanité de leurs espérances et le caractère inexorable de leurs destinées.

Sam est partagé tout au long du roman entre l'amour qu'il ressent pour Cora, une adolescente protectrice de quelques malheureux enfants dans le sombre Denver de 1895, et son implication de plus en plus avancée, sans retour paraissant possible, dans les actes des dynamiteurs.

La dynamite, ce n'est pas ici un outil pour chercher l'or, c'est un outil de combat humain qui, lorsqu'il détruit, ne tient aucun compte des dommages collatéraux. L'un des protagonistes, Goodnight, le sait bien, déjà défiguré et abîmé par une explosion malheureuse, il ira au bout jusqu'à l'explosion finale.

Dans cette fange où évoluent voyous de différents niveaux, flics corrompus, détectives opiniâtres, prostituées bien fragiles, Benjamin Whitner place quelques méditations sur l'humain, la vie, la mort, l'amour avec une très belle dernière page, laissant ses lecteurs se débattre en évitant de marcher dans le sang répandu et en assumant comme ils le peuvent une violence très souvent subite, brève mais irrémédiable.

Encore un très beau roman noir de Benjamin Whitmer.
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Whitmer, l'amer, est de retour.

Parfait opposé du romancier feel-good, l'auteur n'aime rien moins que vous plomber un moral déjà bien entamé en cette année si particulière.

Et quoi de plus déstabilisant que de confronter une enfance peu enviable à un monde rugueux où la loi du plus fort prévaudrait.

Benjamin Whitmer, faisant fi de ce désir prégnant de douceur et de sérénité retrouvée, vous balance ses dynamiteurs comme le ferait un Ventura à un Blier en guise de cadeau d'anniversaire sur-priiiiiise.

Ils s'appellent Cora, Sam, Watson ou bien encore Lottie.
Tous issus de la même fange, celle des laissé-pour compte et des impécunieux.
Une usine désaffectée en guise de refuge qu'ils défendent bec et ongle face aux clochards alentours.
Un quotidien rôdé, soudainement dynamité par la présence de Goodnight. Sorte de Lennie mutique au visage remarquable susceptible de faire passer Michel Simon pour un premier prix de beauté.
Cole est dans la place.
Pote de Goodnight et propriétaire de moult tripots, il enjoint le jeune Sam de venir bosser pour lui.
Ce dernier venait, à l'insu de son plein gré, de signer un pacte avec le Diable.

Whitmer fait toujours dans la sombritude, dixit Ségo, exacerbée.
Une ambiance sépulcrale portée par une plume âpre, ombreuse et spontanée.

Une guerre de territoire en toile de fond.
L'implosion d'une enfance miséreuse au profit d'une violence chronique comme mur porteur.
De ceux qui vous métamorphosent à tout jamais, vous éloignent doucettement de tout ce qui vous est cher sans espoir de retour, ni de rédemption.

Whitmer est au burlesque ce que de Funès était au polar noir.
Funambule averti virevoltant sur la corde d'un tragique destin pressenti, l'auteur déroule une dramatique au cordeau sans jamais verser dans le grand-guignolesque ostentatoire.

Chacun y est à sa juste place, jouant sa partition avec les armes qui lui sont propres.
Il flotte comme une désespérance flamboyante avec ces dynamiteurs.
Y aller en sachant la cause vaine mais le faire avec panache.

J'ai aimé côtoyer ces losers magnifiques.
J'ai été de tous leurs combats.
J'ai finalement déposé les armes, vaincu par cette spirale mortifère éternellement promise aux loqueteux et aux sans-grades.

Grand moment.

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour cette conséquente tranche de désolation et d'infortune.
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Je viens à peine de refermer ce roman de Benjamin Whitmer, Les dynamiteurs, laissez-moi reprendre un peu mon souffle...
Ce livre, c'est de la nitroglycérine, une déflagration, une grenade dégoupillée et qui met en effroi nos mains, nos coeurs, les pages brûlent les doigts à chaque effleurement.
Nous sommes ici à la fois dans l'humanité et dans l'envers de cette humanité. Je dirai même l'enfer...
Nous sommes à la fin du XIXème siècle, précisément en 1895, à Denver, capitale du Colorado. La ville est réputée pour être à cette époque la ville la plus brutale de tout l'Ouest des États-Unis. On le comprendra bien réellement dans ce livre. Denver est déjà une cité rongée par la pauvreté, la violence et la corruption.
Sam et Cora, deux jeunes orphelins, tout juste quatorze ans chacun, s'occupent d'une bande d'enfants orphelins comme eux, plus jeunes qu'eux, pour la plupart ce sont des tout petits, abandonnés, ils défendent farouchement leur territoire, une usine désaffectée. Ils appellent ce territoire l'Usine.
Ici les aubes ressemblent à des convulsions et le monde n'est peut-être rien d'autre qu'un territoire disjoint, sans rêve, vide... L'avenir, n'en parlons pas... le rêve américain est ailleurs, pas pour eux, leur rêve à eux, c'est seulement de survivre.
Puis tout d'un coup, dans cette communauté d'enfants, un géant muet, abimé, démoli, surgit, il ne sait communiquer qu'avec un carnet et un crayon et seul Sam ici sait lire... Alors ce sera le début d'une intrigue sans repos, ni pour les personnages, ni pour le lecteur.
Ici, nous plongeons dans les bas-fonds de Denver, là où il n'est peut-être pas possible d'en revenir. Benjamin Whitmer a un talent époustouflant pour dire, à coup de hache, les émotions, les espérances meurtries, les rêves piétinés, l'enfance dont on ne revient peut-être pas indemne.
Mais nous, qu'allons-nous faire de cette histoire qui date déjà de cent-vingt-ans ? Peut-être est-elle universelle ? Peut-être est-elle tout simplement actuelle... Et si ce n'était pas Denver, et si ce n'était pas 1895, l'univers que nous décrit Benjamin Whitmer ?
J'ai vu ici une manière de nouer non seulement un lien à l'enfance, mais à d'autres choses aussi.
Dans cette enfance orpheline qui avance et se construit à chaque pas, j'ai entraperçu l'univers de Dickens...
La violence est présente dans les bas-fonds de ces pages, mais dit simplement ce qui est. Ici des enfants au quotidien sucent un os de poulet à longueur de journée en attendant que la faim s'en aille à n'importe quel prix...
Oui, ce livre fait mal, le texte est âpre, abrupt, certaines scènes sont totalement insupportables, comme la vie d'ailleurs, mais comme la vie aussi il y a des soubresauts de tendresse infinie et Benjamin Whitmer a un talent inouï pour nous livrer des phrases fulgurantes taillées comme des pépites dans le tréfonds des nuits sordides...
Les personnages de Sam et de Cora sont beaux, ils portent le roman. Cora se donne coeur et âme, sans concession, pour protéger les petits, elle est comme une soeur, comme une mère pour eux. Sam est à ses côtés, il devient un homme, transi d'amour pour Cora, posant parfois sa tête sur l'épaule de l'adolescente, regardant tous deux les éclairages de la ville en bas, ou bien peut-être les étoiles en haut. Qui pourra dire quelle lumière est l'écho de l'autre ?
Sam devient homme, mais devenant homme c'est comme si brutalement il s'éloignait aussi d'elle, entrant dans l'univers des hommes de Denver, la jungle, l'envers, l'enfer... Car il faut vivre, rapporter de l'argent pour nourrir les petits, il faut passer de l'autre côté du versant, là où c'est sordide, les bas-fonds, les tripots, les prostituées, les riches, les lynchages, les flics aussi voyous que les gangsters... Entre l'amour et la brutalité d'une ville, Sam oscille dans cette ambivalence et c'est sans doute ici la puissance du récit, dans cette fascinante oscillation entre deux mondes incompréhensibles et qui se côtoient sans cesse, couturés l'un avec l'autre.
Ce livre est une hymne à l'enfance, aux laissés-pour-compte, aux déchirements qui pèsent dans nos vies...
On lit et puis brusquement Benjamin Whitmer déchire les pages, surgit entre les lignes, nous saisit à la gorge, nous prend au col, ne nous lâche plus, nous entraîne dans la fracture qu'il vient d'ouvrir entre les mots... On est juste essoré et on se dit même, une fois la lecture finie, que cette histoire va nous hanter dans le sang jusqu'au bout de la nuit...
Il y a ici comme un récit initiatique, cruel comme le passage de l'enfance à l'âge adulte. Déjà en temps ordinaire, cette transition n'est pas toujours sans douleur, mais imaginez un peu ce cheminement dans les bas-fonds de Denver, en 1895, et sous la plume de Benjamin Whitmer. Décoiffant !
Merci infiniment à Babelio et à la maison d'éditions Gallmeister pour m'avoir fait rencontrer ce magnifique livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Denver Colorado, 1895, ils sont une bande d'orphelins qui ont investi une usine désaffectée. C'est leur refuge. Ils survivent de menus larcins et de débrouillardise. Cora et Sam sont les meneurs de cette troupe à la dérive. Un soir, un groupe de clochards les attaquent afin de prendre possession de leur abri. L'intervention d'un géant au faciès pour moitié défiguré les sauvera d'une déroute certaine, il s'appelle Goodnight, est muet et traine lui aussi une histoire tragique. Il entrainera involontairement Sam dans une suite d'aventures toutes plus féroces les unes que les autres et vers son destin.
Ils sont les raclures d'une société dévoyée. Leur ensauvagement n'est que le fruit de leur marginalisation par la communauté parce qu'ils ne sont pas les enfants d'un modèle social conventionnel, parce qu'ils ne remplissent pas les critères de l'Amérique blanche, parce qu'ils ne sont pas nés au bon endroit. Analphabètes, récalcitrant aux lois de la collectivité, ils vivent animés par la haine des autres mais aussi avec un farouche instinct de survie. Ils ont atteint le point de non-retour à tel point que la notion d'intégration provoque en eux un rejet violent. Ils foncent vers un avenir qu'ils ignorent, mais ce dont ils sont sûr c'est qu'il ne leur fera pas de cadeau. Ces laissés pour compte sont les héros du roman de Benjamin Whitmer, ce sont les « white-trash », ceux pour qui le rêve américain n'existera jamais. Ce sont les « racailles » de nos banlieues, ceux dont notre société occidentale a craché sur leurs parents et grands-parents, pour leurs origines, ou tout simplement par la peur ancestrale de l'étranger, de l'inconnu. Alors, pour toutes ces raisons, la bestialité de leur comportement s'explique, confrontés qu'ils sont à une société de consommation embourgeoisée, corrompue et ignorante, qui leur crache dessus quand elle ne les ignore pas, confrontés au monde adulte des « Crânes de Noeud » ainsi qu'ils les nomment.
Ils se sont réfugiés dans une micro société au sein de laquelle ils trouvent la sécurité, l'entraide et le pain nourricier, et où personne ne les juge.
Lorsque l'on a plus rien à perdre, la moindre parcelle d'humanité, un regard, une main tendue est un bien inestimable, mais il y a aussi ce vide abyssal qui attire vers des intentions malfaisantes et les actes les plus vils.
« Les dynamiteurs » est un roman d'une violence exquise, où la tendresse des sentiments est ensevelie sous une épaisse couche de haine et d'instinct de survie.
Traduction de Jacques Mailhos.
Editions Gallmeister, 388 pages.
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Auteur de romans noirs comme l'ébène, à l'image du très réussi « Pike », Benjamin Whitmer situe l'intrigue de son dernier opus, « Les Dynamiteurs » à Denver en 1895. Une ville gangrenée par le vice, rongée par la violence et la pauvreté, dominée par les puissants et les gangsters. Un enfer à ciel ouvert. Un tableau de Jérôme Bosch.

« Mon Denver regorgeait de bars, de putes et d'arènes de combat de coqs. Les trapézistes du Bowling de Blake Street, les phénomènes du musée des Monstres, à Eureka Hall, les avaleurs de sable du Diana. Un Denver de cow-boys et de catins et de gangsters du demi-monde. »

Une poignée d'enfants abandonnés se sont réfugiés dans une usine désaffectée. Cora, quinze ans, les protège avec l'aide de Sam, quatorze ans à peine, qui brûle d'un amour fou pour celle qui recueille inlassablement les orphelins promis à une destinée tragique. Lorsque Goodnight, un géant muet au visage défiguré par la dynamite, échoue dans l'antre de Cora, celle-ci entreprend de le soigner et de le remettre sur pied.

Cette générosité changera à jamais la destinée de Sam, le narrateur de ce récit qui nous est conté à hauteur d'adolescent, dans lequel les adultes sont nommés « les Crânes de Noeud ». Si la présence de Goodnight dissuade un temps les clochards de venir s'en prendre aux enfants réfugiés dans l'usine, elle va conduire Sam, qui est le seul à savoir lire, à devenir son interprète.

Lorsque le géant est remis sur pied et reprend son activité d'homme de main de Cole, un gangster local qui boit du whisky comme certains boivent de l'eau, ce dernier propose à Sam de les accompagner en échange d'un salaire de 10 $ hebdomadaire. Pensant aider sa bien-aimée et les innocents qu'elle tente de protéger d'un monde à la violence absurde, le jeune héros accepte la proposition.

Les activités illicites du gangster alcoolique sont menacées par les puissants de Denver qui entendent garder le monopole du vice. Pire encore, les célèbres Pinkerton ont un vieux compte à régler avec Cole et son acolyte monstrueux. En accompagnant les deux hommes, Sam va découvrir l'envers du décor, ces orgies mondaines où la haute société masquée commet les pires exactions. Il ne le sait pas encore, mais il vient de signer un pacte faustien qui le plongera au coeur des ténèbres.

Lynchages, expéditions punitives, violences gratuites et explosions à coup de dynamite vont marquer la fin définitive de l'adolescence de Sam et le précipiter dans un lieu très sombre, ce lieu sans foi ni loi où évoluent les adultes de l'acabit de Cole.

« Il était rare de croiser quelqu'un de plus de vingt ans qui n'ait pas perdu quelque chose. le monde tordait les corps aussi salement qu'il tordait les esprits. »

« Les Dynamiteurs » pousse les curseurs du roman « noir » à un niveau rarement atteint. En situant son intrigue à une époque qui évoque davantage la fin du Far West que le début de l'ère civilisée, l'auteur confronte son héros à une violence inouïe. L'horreur qu'il a connue enfant en défendant les innocents recueillis par Cora, n'est qu'un écho lointain du déferlement de haine, de fureur et de sévices que découvre, effaré, le jeune adolescent.

Les coups portés par Goodnight brisent les os et les crânes, tandis que Cole n'hésite pas à tirer sur quiconque représente une menace. le vortex de violence alcoolisée dans lequel évoluent les deux hommes emporte Sam dans un endroit dont on ne revient jamais, enfin jamais vraiment.

Benjamin Whitmer dynamite les codes du western en nous proposant un récit à la noirceur insondable. Une noirceur à laquelle nul n'échappe, pas même les enfants innocents que Cora, Sam et le père Tom tentent de sauver d'un monde dont la cruauté ne semble pas connaître de limites.

L'auteur pousse le lecteur dans ses retranchements en explorant la laideur infinie de l'âme humaine. Une laideur en comparaison de laquelle la laideur monstrueuse du malheureux Goodnight n'est qu'une plaisanterie. Une laideur qui ne serait pas supportable si la lueur de l'amour que porte le héros à Cora ne cessait de briller au coeur de la nuit.

« Voilà ce que je pense. Je ne pense pas que la plupart des gens tombent jamais vraiment amoureux, pas vraiment. Pour ceux à qui ça arrive, c'est comme de la dynamite dans un café. Ça souffle tout le reste de votre vie. Ça ne laisse qu'elle, assise à une table dans un coin, qui vous regarde, splendide, avec ses beaux yeux noirs. »

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Un énorme coup de coeur et probablement LE coup de coeur de cette année 2021.

Whitehead nous emmène à Denver, Colorado, à la fin du XIXème siècle. Denver, ville industrielle en plein essor où champignonnent abattoirs, industries textiles et fonderies, est aussi riche en tripots, bordels et tables de jeux. Toute la pègre y gravite, dealers, malfrats, maquereaux, flics complétement pourris et politiciens véreux. En bordure de ce monde, végètent les laisser-pour-compte, clodos, estropiés et orphelins, sans oublier bien sûr, on est en Amérique, les communautés de prêcheurs qui arpentent les trottoirs et autres pasteurs avides de renforcer le rang de leurs ouailles avec ces brebis égarées.

Roman entre policier, western et critique sociale, avec certains dialogues dignes d'Audiard (je ne serai d'ailleurs pas étonnée qu'un jour ce roman soit adapté à l'écran, il est vraiment très cinématographique), notamment entre le chef des malfrats et les policiers locaux. Les personnages ont de la gueule et nous régalent à chaque instant, jusqu'à en devenir très touchants (encore un atout pour en faire un grand film. J'ai déjà des idées pour le casting tiens): Goodnight, avec sa gueule cassée dont on ne peut voir les deux côtés en même temps car le regard glisse naturellement d'un côté ou de l'autre comme une grenouille qui dérape d'un rocher ; Cole, le chef de la bande, minable entre tous ; Eat ‘Em Up Jake, un ancien boxeur professionnel dont les traits se mouvent avec une viscosité sirupeuse et Magpie Ned. Ces deux derniers, hommes de main du gang, tuent des hommes comme les petits garçons tuent des fourmis. Voilà pour la photo de groupe.

Vous y trouverez tous les ingrédients des grands romans noirs : misère, exploitation humaine, alcool, sexe et violence. Mais, et c'est là à nouveau un coup de maitre de cet auteur que décidement j'apprécie beaucoup, derrière toute cette noirceur pointe la lumière …
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Il y a quelque chose de 'L'oiseau du bon dieu', mais en moins bon, avec ce garçon qui, pour vivre, va devenir le 'commis' de deux dynamiteurs. Un western qui démarre dans un squat d'orphelins à Denver. Une gamine attachante qui se bat pour les nourrir. Nous sommes en 1895 avec une panoplie des rejetés de la société. J'ai aimé le début, puis me suis lassée des meurtres et des bagarres répétitives. Peut-être que si je l'avais lu avant celui cité, je l'aurais mieux apprécié...
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—-La fureur et le bruit —— matière hautement explosive que ce roman au coeur de Denver , au XX° siècle, le vice y règne ,une ville minée par la violence et la pauvreté .

Sam , un ado courageux de quatorze ans , se meurt d'amour pour l'héroïne : Cora. Ils vivent dans une usine désaffectée et défendent farouchement «  leur FOYER » face aux clochards des alentours .

À eux deux ils s'occupent d'orphelins, bande d'enfants abandonnés , ils y mettent toute leur volonté , leur coeur , leur énergie —— entièrement au service de ces petits en tentant de leur donner un semblant de vie équilibrée .

Ils mendient , parviennent tant bien que mal comme les miséreux qu'ils sont .Qui les as amenés en ces lieux où il n'est question que de survie pour ces orphelins et les autres , confrontés quotidiennement à la violence inouïe des adultes ?
Parents déficitaires , concours de circonstances , mains non tendues au bon moment? Autres raisons ? .

Les conditions de vie apparaissent des plus précaires .

Les clochards attaquent très souvent , Sam et Cora mettent au point des stratégies de défense : lors d'une de ces attaques il reçoivent l'aide incongrue d'un COLOSSE défiguré , il ne peut plus parler , il souffre , une sorte de monstre au gros visage ravagé qui les aidera au prix de très graves blessures que Cora soignera de son mieux .

L'homme monstre ne communique que par des mots griffonnés à la hâte sur un carnet .
Sam, le seul qui sache lire , se rapproche de lui et par là même se retrouve ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas -fonds …: politiciens véreux , corrompus jusqu'à la moelle, tenanciers de bordels, clubs louches comme celui de Jack Maynard, éphèbes maquillés, arnaques , guerre des gangs , prostitution, alcool, rapine, fumeries d'opium , mendicité……..
Que se passe t- il lorsque l'on tombe dans les excès ? .

Un monde abandonné , enfance brisée , détails des plus sordides , tragédies …

Denver est alors l'épicentre d'une misère insondable , fureur et animosité l'animent , laideur du monde des adultes , violence à chaque page , visages ressemblant à de vieilles lames usées , veules et tristes , cadavres ….détritus , coups de pied et de poing , mauvais choix .
Denver est le coeur d'une misère noire qui profite à une poignée de riches bourgeois qui se gobergent .
Mais sous la cendre de vies consumées jusqu'au trognon , au milieu des escroqueries et des fausses bourses de commerce bat parfois le coeur de l'amour….
L'auteur nous conte ces vies dans les bas- fonds au plus noir de l'âme humaine , son écriture au scalpel ,intense , brillante ,réaliste où chaque mot , chaque phrase nous renvoie à nos propres peurs , nos propres effrois .

Le style puissant, m'a fait penser à MC COY .
Il nous fait rougir ou rugir de colère , trembler , frissonner d'une peur contrôlée ou non, sans aucun répit .
Une plume accrocheuse au coeur d'un univers sanglant , pétri d'émotions intenses , de situations et d'aventures vibrantes , une plume rageuse , d'une causticité absolue , efficace et redoutable , jonchée de cadavres , de puanteur et de fureur qui dit les réalités saisissantes d'une société en construction , une Amérique peuplée de protagonistes qui hanteront très longtemps le lecteur car l'auteur n'évite absolument rien de ces noirceurs .

Un extraordinaire roman initiatique , dynamique , pétri d'aventures , caustique et noir , aux chapitres courts et addictifs .

À ne pas mettre entre toutes les mains , il fait froid dans le dos et nous laisse sonné !




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Le Denver de 1895, c'est les quartiers riches et puis les Bottoms, jeu, sexe et violence, dont le gouverneur Waite aidé des Pinkertons s'est promis d'extirper le vice. Au milieu des Bottoms, l'usine désaffectée, genre d'orphelinat que défendent deux gosses, Sam et Cora contre les autres clochards, les 'Crânes de Noeud'.

Omniprésente, la violence, l'hémoglobine, racontées avec un certain humour, deviennent normalité et contrastent avec l'attachement touchant de Sam pour Cora.
Ca me rappelait l'excellent 'Moi Marthe et les autres' du belge Antoine Wauters.

J'ai adoré les titres désuets des 44 chapitres, genre 'Martine à la mer', par exemple Sam prend un train, Sam se fait sermoner, Sam joue avec une mouche, Sam participe à un lynchage...
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